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GUERRE : A l’ouest d’Oriana

Publie le mercredi 27 juillet 2005 par Open-Publishing
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de GUIDO VIALE traduit de l’italien par karl&rosa

Je n’ai pas lu la succession toute entière des écrits d’Oriana Fallaci contre l’Islam et en défense de la civilisation occidentale désormais déchue (trop, c’est trop) et je suis d’accord avec Piero Ottone qui, avant même le dernier essai (Il nemico che trattiamo da amico (L’ennemi que nous traitons en ami, NdT), Il Corriere della Sera, 16.07.2005) avait soutenu que ces écrits ne peuvent pas être commentés - ils ne méritent pas de commentaires - parce qu’ils ne contiennent pas d’argumentations, mais seulement des invectives.

Mais ils suscitent au moins deux questions : la première concerne leur succès, aussi bien auprès du grand public qu’auprès d’un groupe nourri et sans cesse grandissant d’intellectuels, de politiques et de journalistes. La deuxième concerne le "non dit" de ces écrits.

C’est-à-dire : que propose Oriana Fallaci ? Les deux questions sont liées : le succès de ces écrits dépend beaucoup du fait qu’ils s’arrêtent avant de tirer les conséquences. Oriana Fallaci donne une voix et une forme - certainement pas une "dignité" - littéraire à des humeurs répandues dans une partie consistante du public italien, européen, "occidental" ; des humeurs que - en cela elle a raison - beaucoup auraient eu honte de manifester avant ses interventions. Lesquelles ? Avant tout la peur du différent et de "l’étranger", aiguisée par les dimensions planétaires des migrations que la globalisation du marché du travail, la misère et les guerres ont mis en mouvement.

Deuxièmement la nostalgie d’une identité perdue ; une identité dévastée par la multiplication de l’offre de biens de consommation et par la vacuité des messages véhiculés par les médias. Et puis, la "rage" - c’est la maladie des chiens hydrophobes - par laquelle Oriana Fallaci a voulu marquer la tonalité émotive de ses invectives et qui répond aux frustrations quotidiennes d’une vie de plus en plus dure, imposée aussi bien à ceux qui manquent de tout qu’à ceux qui gardent encore des privilèges. Enfin "l’orgueil". De quoi est orgueilleuse Oriana Fallaci, qui a honte de la mollesse de presque tous les gouvernants et les gouvernés de la civilisation à laquelle elle se sent appartenir ?

Ce n’est pas clair. Mais l’orgueil est le secret de son succès : moins on se sent considéré - et depuis longtemps la considération et le respect destinés aux citoyens communs sont de plus en plus voisins de zéro - et plus on poursuit une revanche, à la recherche de quelqu’un qui "vaille" moins que nous. C’est le mécanisme fondamental du racisme : celui qui, pendant des années, a poussé les "Blancs pauvres" des Etats-Unis à tenir lieu de fer de lance de la discrimination raciale. Oriana Fallaci a repéré ce "quelqu’un" dans un "monde islamique" construit pour son usage personnel ; et elle ne lui lésine ni son mépris ni des manifestations ouvertes de dégoût.

Ainsi, elle apprend à tout le monde à être racistes "avec fierté" : sans avoir honte. Quant à "que faire ?", ce n’est pas un hasard si Oriana Fallaci n’en parle jamais, malgré le flot de paroles dont elle nous inonde périodiquement. A ce que faire ? Eugenio Scalfari a consacré une rapide allusion polémique, presque comme s’il s’agissait d’un paradoxe : "arrêter tous les musulmans résidents en Italie et les jeter à la mer. Ou bien, en alternative, les enfermer dans des ghettos gigantesques d’où il ne pourraient sortir que sous escorte pour aller travailler. Probablement Oriana Fallaci et certains de ses associés applaudiraient à une politique de ce genre" (La Repubblica, 17.07.05). Mais c’est un argument qui mérite une plus grande attention.

Le dernier ouvrage d’Oriana Fallaci peut être résumé dans ces termes :

1) nous sommes (qui ?) en guerre ;

2) la guerre est contre l’Islam : dans toutes ses manifestations ;

3) il n’y a pas d’islamistes "modérés", c’est-à-dire pacifiques (tôt ou tard ils deviendront tous des terroristes) ;

4) cela dépend du Coran, qui prêche la haine (pas un traître mot sur les exterminations ordonnées par le dieu de la Bible contre les ennemis d’Israël ; il y a bien eu des croisades et des bûchers de sorcières et d’hérétiques, mais cela, c’est le passé. Et le pope qui bénissait les bouchers de Srebrenica ?) ;

5) l’Islam est en train d’envahir l’Europe (ses gouvernants sont consentants) ;

6) l’objectif de cette invasion est la domination du monde (ici on effleure, ou on dépasse, les Protocoles des sages de Sion) ;

7) il faut se battre. Mais comment ?

Contre l’Islam, il n’y a aucun problème dans les pays d’origine. Bush a donné l’exemple et il faut continuer à le soutenir : aujourd’hui en Afghanistan et en Irak, demain en Iran, en Syrie et ainsi de suite ; même si les résultats de ces guerres se sont avérés de vrais désastres pour tout le monde : l’Irak a été transformé en une concentration et en un point de rayonnement planétaire du terrorisme. Mais que faire contre l’Islam qui essaye de défoncer nos frontières par les permis de travail ou les boat-people ?

Ici, "les jeter à la mer" signifie : ramener les flux à zéro (ainsi l’économie et la société européennes coulent définitivement : qui voudra travailler à la place des immigrés ?) et tirer sur les embarcations des clandestins qui essayent de débarquer sur nos côtes. Et puis, multiplication des Centres de rétention, qu’Oriana Fallaci voudrait voir transformés en véritables prisons (mais que leur manque-t-il pour l’être ?) et déportations, individuelles, comme celles de la Cia vers les pays qui torturent et font disparaître leurs opposants ; et de masse, comme celles du ministre Pisanu vers les pays qui abandonnent dans le désert les immigrés refoulés : toutes solutions dont l’inefficacité n’a d’égal que leur cruauté.

Et enfin que faire des dix millions d’islamistes déjà présents sur le sol européen, nombre desquels sont des citoyens des Etats respectifs ? Eh oui : en faire quoi ? On ne peut pas les renvoyer dans les pays d’origine : ils ne les reprendraient pas. On ne peut pas les "assimiler" : rien ne va plus ; moins que jamais aujourd’hui, face à une société qui ne promet rien de bon même à ses membres de longue date. Et on ne peut pas les convertir non plus, au nom des "racines chrétiennes" de l’Europe ; ils ont eux aussi des racines, qui ne sont pas chrétiennes.

Le leur rappeler ne fait que fomenter les hostilités. Mais il faut les empêcher de nuire, en les gardant sous contrôle, parce que chacun d’eux est un terroriste potentiel. Une méthode - mais je n’en vois pas d’autres - pourrait être, comme l’envisage Eugenio Scalfari, celle de les enfermer dans leurs quartiers, en limitant leur possibilité de circuler librement parmi "nous". Ou alors les marquer, éventuellement en leur cousant dessus une demi-lune verte. On a déjà entendu quelque chose dans le genre,pas vrai, Oriana ? Mais, à la longue, pouvons-nous continuer à cohabiter avec une nation toute entière d’ennemis, nichés dans nos villes, nombre desquels tellement semblables à nous qu’il atteignent des positions importantes ?

Ne deviendra-t-il pas indispensable de trouver pour eux aussi une "solution finale" ? Ce n’est pas une hyperbole ni un paradoxe. Même s’ils évitent de la nommer, les écrits d’Oriana Fallaci et leur succès nous posent face à une issue possible des processus de globalisation. Certainement nous devons amener ceux qui suivent les idées d’Oriana Fallaci à se mesurer à ces questions. Mais nous devons faire les comptes avec des perspectives de ce genre et définir les alternatives possibles. Les réponses de facilité ne sont pas admises.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Les propos de cette personne sont terribles (Madame Oriana Fallaci).

    Un extrait parmi d’autres de cette dame :

    "...Il y a aussi une autre chose que je ne comprends pas.
    S’ils sont si pauvres, si besogneux, qui leur donne l’argent pour se payer le voyage en bateau ou en canot pneumatique jusqu’à l’Italie ?
    Qui est-ce qui leur donne les dix millions de lires par tête (le tarif minimal tourne autour de dix millions par tête) donc les cinquante millions pour une famille de cinq personnes, une somme qui suffit seulement si tu viens de la très proche Albanie ?
    Est-ce les Oussama Ben Laden dans le but d’exporter les terroristes d’Al Qaeda ?
    Est-ce les princes saoudiens dans le but d’étendre leur territoire comme leurs ancêtres le firent en Espagne et au Portugal ?
    Je ne crois pas à un phénomène naturel, spontané, innocent.
    Ils sont trop malins, trop organisés, ces travailleurs étrangers.
    Et en plus ils font trop d’enfants.
    Les Italiens ne font plus d’enfants, les imbéciles.
    Les autres Européens, à peu près pareil.
    Les fils d’Allah, au contraire, se multiplient comme les rats.
    Il y a du louche dans cette affaire.
    Et ceux qui le prennent à la légère ou avec optimisme se trompent.
    Ceux qui comparent cette vague migratoire avec la vague migratoire qui s’abattit sur les États-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle puis au début du XXe siècle se trompent également (ouvr. cit., pp. 145-146)..."

    Autre gentillesse :
    "...cette Union Européenne moelleuse.
    Cette Europe clownesque et stupide qui fornique avec les pays arabes et qui pour empocher leurs pétrodollars parle d’« Identité Culturelle » avec le Moyen-Orient... (Que veut dire Identité Culturelle avec le Moyen-Orient, race d’idiots, espèces de balourds ? Où est l’Identité Culturelle avec le Moyen-Orient, race de filous ?)..".

    Le pire :

    "Moi, je ne vais pas planter des tentes à La Mecque.
    Je ne vais pas chanter le Notre Père et l’Ave Maria devant la tombe de Mahomet.
    Je ne vais pas faire pipi sur les marbres de leurs mosquées.
    Encore moins caca.
    Moi, lorsque je me trouve dans leurs pays (expérience dont je ne tire jamais aucun plaisir) je n’oublie jamais que je suis une étrangère et que je suis leur hôte.
    Je prends soin de ne pas les offenser...
    Et tandis que l’image des gratte-ciel détruits se mêle à celle des Bouddhas exécutés je vois aussi celle (pas apocalyptique mais pour moi symbolique) de la grande tente avec laquelle il y a trois mois et demi des musulmans somaliens (pays très lié à Ben Laden, la Somalie, t’en souviens-tu ?) défigurèrent et souillèrent et outragèrent la piazza del Duomo de Florence.
    Ma ville.
    Une tente pour blâmer condamner insulter le gouvernement italien qui était alors de gauche mais hésitait à renouveler les passeports dont ces Somaliens avaient besoin pour s’ébattre en Europe et faire venir les hordes de leurs parents.
    Les mères, les pères, les frères, les soeurs, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, les belles-sœurs enceintes et si possible les parents de parents.
    Une tente installée devant le beau palais de l’Archevêché sur le parvis duquel ils alignaient les sandales ou les babouches que dans leurs pays ils alignent autour des mosquées. Et près des sandales ou babouches, les bouteilles d’eau minérale avec lesquelles ils se lavaient les pieds au moment de la prière.
    Une tente installée en face de Santa Maria El Fiore, la cathédrale réalisée par Brunelleschi, et à côté du Baptistère. Le millénaire Baptistère avec ses portes d’or sculptées par Ghiberti. Une tente, enfin, aménagée comme un appartement. Des chaises, des chaises longues, des petites tables, des matelas pour dormir et baiser, des fourneaux pour cuire la nourriture, empester la place avec la fumée puante.
    Et, grâce à un générateur électrique, alimentée en électricité.
    Grâce à une radio toujours allumée, enrichie par les braillements d’un muezzin qui ponctuellement exhortait les fidèles et blâmait les infidèles et étouffait avec sa voix le son des cloches.
    Pour accompagner tout ça, les dégoûtantes traces d’urine qui profanaient les marbres du Baptistère. (Parbleu ! Ils ont la giclée bien longue, ces fils d’Allah ! Mais comment faisaient-ils pour atteindre une cible située à presque deux mètres de la barrière de protection ?).
    En plus de cela, les miasmes nauséabonds des excréments déposés à l’entrée de San Salvatore al Vescovo : l’exquise église romane (IXe siècle) qui se trouve derrière la piazza El Duomo et que ces barbares avaient transformée en chiottes...
    Non contents de se comporter en maîtres, ils réclament toujours des mosquées : eux qui dans leurs propres pays ne nous laissent pas construire la moindre petite chapelle et à la première occasion égorgent les missionnaires, déflorent les bonnes sœurs, et gare à celui qui se permet de protester...
    On dirait Dacca, Nairobi, Damas, Beyrouth.
    Ça se passe à Venise.
    Cette Venise où les pigeons de la place Saint-Marc ont été remplacés par des types que même Othello (mais Othello était un grand seigneur) jetterait dans la mer. Ça se passe à Gênes.
    Cette Gênes où les extraordinaires palais qui déchaînaient l’admiration de Rubens ont été réquisitionnés par les fils d’Allah et, souillés décrépis réduits à des masures, meurent comme de belles femmes violées par une horde de sangliers.
    Ça se passe à Rome. Cette Rome où dans l’espoir d’en obtenir le vote futur la politique de tous les cynismes et toutes les saloperies leur fait de l’œil.
    Et où, en rêvant de faire un voyage à Kaboul ou à Islamabad, je suppose, Saint Père les protège. (Sainteté, pourquoi au nom du Dieu Unique ne les prenez-vous pas au Vatican ?
    Tous. Bandits, vendeurs, prostituées, trafiquants de drogue, terroristes.
    À condition qu’ils ne chient pas dans la Chapelle Sixtine et sur les statues de Michelangelo et sur les tableaux de Raffaello, bien sûr)."

    Voilà....

    Comme toute fasciste classique elle introduit des glissements progressifs dans ces propos pour aboutir à une explosion de haine...

    Vous avez trouvé terrible la destruction des Boudhas Afgans, épouvantable les executions sommaires pratiquées par les talibans ? leur règne de mort sur une société ?
    La Fallacci vous donne la solution : Vengez vous sur les musulmans que vous avez sous la main ! et tant pis si ceux-ci sont justement les victimes de ces types de sociétés dictatoriales .
    Car en fait ils en seraint au contraire les émissaires sournois d’après cette dame et les choses prennent un relief épouvantable et sinistre en Italie où des gens meurent noyés en fuyant la misère , en essayant de fuire un continent affamé en traversant la méditerranée là où elle est la moins large (à l’exeption du détroit de Gibraltar), entre Tunisie, Lybie et l’Italie.
    Les propos orduriers en regard à celà prennent tout leur sinistre relief et leurs injuste force.

    Si on condamne de jeunes petits imbeciles pour avoir eu des propos racistes à la petite semaine, que fait-on pour celle qui exprime son désir d’industrialisation de la haine ? qui l’expose de la façon la plus massive, appelle à la guerre et au djihad ?

    Le pire serait que répondent seuls les djihadistes de l’autre bord à ces injures. En déplaçant justement les choses vers ce que souhaite cette dame : les affrontements communautaires.

    Ses propos ne sont pas des propos que l’on peut qualifier de dérapages , de propos exessifs, c’est infiniment + grave que celà, car s’adressant aux peuples d’Europe.

    Je conseille tout(e) un(e) chacun(e) de remplacer "musulman" par "juif" , "Islam" par "Judaïsme", etc, dans les écrits de cette personne pour saisir l’importance, l’énormité des propos énoncés.

    Au delà des injures , du confusionisme entretenu, de la haine exprimée qui fait passer LePen à côté pour une danseuse en tutu du champ des cygnes, ce type d’ouvrage résonne en echo de courants de pensée d’extreme-droite plus ou moins masqués qui se cherchent en Europe et qui ont d’autres contours en puissance, dépassant les extremes droites souverainistes fatiguées des états nations...

    C’est là que git le danger,
    La Fallacci bat le tambour de la haine
    et d’autres se chargent des rimes et du décompte des alexandrins,
    et il existe en Europe une minorité qui compte à peu près le même nombre d’Européens qu’une autre minorité d’Européens des années 30, qui se trouve dans la même position "d’étrangeté",
    et le danger est manifeste et evident d’en faire une autre victime expiatoire donnée en pature à ceux qui veulent construire une certaine Europe , le sang des victimes désirées servant là de ciment aux briques d’un autre royaume qui voudrait aussi "défendre" la civilisation "occidentale". Ce sont les mêmes propos à l’oeuvre, avec les mêmes types de tentatives d’opprobe sur des populations.

    In fine, les propos de Falacci n’ont rien à voir avec tout ce qui est et a été positif chez les peuples d’Europe, mais ils constituent malgré tout une vieille tradition européenne de nature totalement differente de la charge de liberté, de fraternité et d’égalité qui prévaut dans les coeurs de beaucoup d’Européens maintenant...

    On ne peut laisser faire sans réaction les djiadistes de tous bords qui cherchent à créer les conditions pour que l’Europe bascule dans une nouvelle trajedie.
    Le pire serait de détourner la tête à ce genre de propos, faire semblant de ne pas entendre combien ils peuvent rentrer en résonnance avec les pires désirs genocidaires qui pourraient éclater à tout moment en Europe.