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C’est un monde inhumanitère

Publie le dimanche 31 juillet 2005 par Open-Publishing
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Le Journal du Jeudi (Ouagadougou)

OPINION
28 Juillet 2005
Publié sur le web le 29 Juillet 2005

F.k.a

Déni humanitaire ? Non-assistance à peuple affamé ? L’opinion internationale ne manque pas de qualificatif pour s’interroger sur l’indifférence quasi générale dans laquelle le Niger se meurt. La famine, ce n’est pas le Tsunami. Entre les naufragés de la mer en Asie du Sud-Est et les 3,5 millions de Nigériens piégés par une sécheresse chronique et l’invasion de criquets pèlerins, la solidarité internationale a ses raisons que l’humanitaire ignore. Fini l’ère du père Noël qui vole au secours sans compter. Bonjour l’inhumanit’ère.

Bien qu’ayant crié famine depuis l’automne, le gouvernement nigérien ne trouve toujours pas assez d’oreilles attentives. A en croire le jeu des chiffres, il n’aurait eu besoin que de 78 000 tonnes de céréales pour parer au spectre de la famine qui planait sur ses populations. Quatre mois après, le besoin s’est quadruplé. Mais la solidarité internationale n’a guère franchi la barre des 10%. Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui avait estimé son assistance à 3,5 millions d’euros, se retrouve aujourd’hui avec une demande de 13 millions pour seulement 37% d’offre. Ce malgré les appels au secours et les cris d’alarme de l’ONU et de l’ONG Médecins sans frontières (MSF).

N’eût été la sollicitude de l’association Réunir du french doctor Bernard Kouchner qui a réussi à dépêcher 18 tonnes de vivres jeudi dernier à Maradi, des milliers d’enfants chroniquement malnutris auraient péri. C’est également dans cette région sud du pays que Mohammed VI, le roi du Maroc, a fait envoyer 170 tonnes d’aide et installer un hôpital de campagne pour soulager un tant soit peu les nombreuses mères qui assistent impuissantes à la mort de leurs enfants. Face à l’ampleur de la catastrophe, cette aide n’est qu’une goutte d’eau dans la mer de misère. Les estimations officielles faisant état de 874 000 personnes, dont 150 000 enfants dans une situation extrêmement critique de malnutrition.

En attendant l’hypothétique bon samaritain, le gouvernement nigérien met les bouchées doubles pour parachever, pour décembre prochain, les 5e Jeux de la Francophonie dont l’organisation lui a été attribuée en 1999. Des jeux pour lesquels la communauté francophone mobilise la bagatelle de 16 millions d’euros, soit à peu près ce qu’il faut pour que la famine arrête de se jouer des Nigériens.

http://fr.allafrica.com/stories/200507290277.html

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