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A l’université d’été de la LCR, les partisans du non au référendum en désaccord sur une union des gauches

Publie le mardi 30 août 2005 par Open-Publishing
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Bové en réserve de candidature œcuménique

de Eric AESCHIMANN

Un candidat unique à la présidentielle pour continuer le combat ? Samedi après-midi, à l’université d’été de la LCR, les retrouvailles des animateurs de la campagne contre la Constitution européenne ont viré au débat de stratégie électorale. Autour d’une question : celle de 2007. Et d’un homme : José Bové. Dans les couloirs, le leader paysan a défendu son idée d’une candidature d’union et n’a pas vraiment démenti qu’il se verrait bien dans ce costume. « Le non a créé une dynamique. Pour éviter la déception, il faut mettre en place une alternative », assure-t-il. En quelques jours, à coups de déclarations ambiguës et de conciliabules mystérieux, l’ancien porte-parole de la Confédération paysanne est parvenu à placer la question en tête des préoccupations nonistes. Quitte à froisser certains « copains ».

Rapprochement. Comme lors d’une première rencontre à Arles fin juin, le gratin du non était au rendez-vous à Port-Leucate : la communiste Marie-George Buffet, le socialiste Jean-Luc Mélenchon, Annick Coupé, de SUD, Yves Salesse, de la Fondation Copernic, Claire Villiers, fondatrice d’AC !, et bien sûr Olivier Besancenot. « On avait dit qu’on ne se quitterait pas comme ça. Et bien, on est là », a lancé le porte-parole de la Ligue. « Le problème qui se pose, c’est comment ne pas se faire voler la victoire du 29 mai », résume Annick Coupé. Tous ont souligné que le référendum avait permis le rapprochement d’organisations habituées à se regarder en chiens de faïence. Une « dynamique unitaire » qu’il est question de mettre désormais au service des « luttes sociales » : défense des services publics, combat contre le contrat nouvelle embauche, etc. Besancenot parle d’« un front social et politique permanent », Marie-George Buffet d’une « union populaire » avec une grande manifestation en octobre. Le collectif national du non et les comités locaux se transformeraient en « comités du non au libéralisme ».

Le paradoxe est que, depuis le 29 mai, le gouvernement a décidé d’accélérer les réformes libérales. De quoi miner la crédibilité de ceux qui laissaient entendre qu’avec leur non, ils imposeraient un virage social. D’où la question d’un débouché politique et donc de 2007. « S’il y a quatre candidatures nonistes à la présidentielle, cela apparaîtra comme un échec », prévient Annick Coupé. Fort de cette conviction, un groupe informel s’est mis discrètement en place, avec des syndicalistes (Annick Coupé, Pierre Khalfa, Claire Villiers, Christophe Aguitton), quelques politiques (la verte Francine Bavay) et... José Bové. Un premier dîner a eu lieu lundi dernier à Paris. Objectif : réfléchir à une « candidature unitaire antilibérale ». « Ce serait irresponsable de ne pas préparer cette échéance », plaide Claire Villiers. Mais personne n’est dupe : l’éleveur du Larzac présente le profil idéal d’un tel scénario.

Pas d’alliance. Problème : ce projet unitaire se heurte à de fortes réticences à la tête des structures politiques installées. Attac a fait savoir qu’il était exclu, par principe, de soutenir qui que ce soit (Libération de samedi). La Ligue n’est pas plus chaude. La formation trotskiste voudrait que l’on parle d’abord du contenu politique et rappelle au passage qu’elle dispose, avec Besancenot, d’un candidat qui a déjà fait ses preuves. Surtout, la LCR ne veut pas de l’alliance avec Fabius, qu’elle voit se profiler derrière la candidature Bové. Les deux hommes se sont rencontrés pendant la campagne et le leader paysan se refuse à jeter des exclusives pour peu que certains « préalables » soient posés : « La question centrale, c’est celle de l’attitude de la France face à l’AGCS [Accord général sur le commerce et les services, ndlr] en discussion à l’OMC. A partir de là, on peut avancer. »

Samedi, à la cantine de l’université d’été, Besancenot a dit son désaccord à Bové. Et il a martelé publiquement l’après-midi sa théorie des deux gauches, l’une « sociale-libérale », l’autre « antilibérale », susceptibles de se retrouver contre la droite mais en aucun cas de gouverner ensemble : « Oui à une nouvelle orientation anticapitaliste, non à une nouvelle gauche plurielle, même si elle est proposée par Fabius ! » Mais la discussion pourrait durer, car, de façon inattendue, l’analyse de Bové rejoint celle du PCF. « Deux gauches, trois gauches, quatre gauches, ça m’est égal. Moi, je ne veux pas d’une opposition pour témoigner, mais pour gagner et changer la vie des gens », a déclaré samedi Marie-George Buffet. José Bové souhaite rencontrer rapidement la numéro un du PCF. Le 10 septembre, il sera à la fête de l’Humanité en même temps que ses camarades nonistes, dont Besancenot. Une occasion de continuer sinon le combat, du moins le débat.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=319782

Messages

  • Ce qui parait primordial, c’est de presenter en commun un programme de gouvernement.
    Un programme qui définisse avec précision ce qui doit être fait, en priorité, en urgence et sans faiblesses.
    Retraites, sécurité sociale, salaires et pouvoir d’achat, services publics, fiscalité et répartitions des richesse crées, Etc.
    Dans un deuxiemme temps faire comprendre et approuver ce programme qui sera porté par toutes les composantes de cette nouvelle gauche issue du NON. ( Non polluée par les ouiouistes du PS)
    Qu’il y ait des primaires dans cette nouvelle gauche pour selectionner le meilleur représentant, ne me parait pas anormal. Ce qui l’est c’est de désigner un candidat commun avant d’avoir un programme commun !
    Pouvons nous penser que Fabius serait porteur de ces nouvelles orientations politiques, de ce nouveau programme ? Moi je ne le crois pas et je ne pense pas qu’il entraine avec lui le "NON de GAUCHE" s’il se retournait.

  • Il est nécessaire de construire une nouvelle force politique anticapitaliste...

    Je suis militant à la LCR et à son organisation de jeunesse, les JCR, et je pense qu’il est désormais temps de passer à la construction d’une nouvelle alternative politique. Je pense qu’il est aujourd’hui nécessaire de travailler à la construction d’un parti anticapitaliste tendant à rassembler la plus grande partie de la gauche du non. L’existence d’un millier de collectifs du non marque l’expression d’un vide politique. Nous sommes dans une période de radicalisation des luttes etr des travailleurs. Il est donc nécessaire de donner une expression politique au mouvement social dans son ensemble. Dans un pays où le Front National fait 20% on ne peut pas se permettre de reproduire des divisions et querrelles de chapelles. Ensemble nous avons été capable de gagner contre la constitution européenne. Il faut désormais faire la mêmechose face au libéralisme et à fortiori faca au capitalisme. La rupture aujourd’hui n’est pas entre les révolutionnaires (dont je suis bien sur...) et les réformistes mais au sein des réformistes. Si la gauche est divisé c’est entre ceux qui veulent lutter contre le capitalisme et ceux qui l’acceptent. L’union de ceux qui veulent le combattre est nécessaire.

    Tout d’abord je pense qu’il est nécessaire de travailler à une alliance anticapitaliste. Donc cela passe nécessairement par une candidature unitaire de la gauche du non aux présidentielles mais aussi bien sur aux autres élections. Cela bien sur n’est pas possible à n’importe quel prix. Il faut élaborer un programme d’urgence sociale en commun et faire des propositions concrètes. La candidature unitaire du collectif du non aux élections partielles de Nancy est un très bon exemple et repose sur une très bonne orientation ( droit à l’emploi pour tous, extension des services publics, redistribution des richesses, combattre le tout sécuritaire...). Aujourd’hui tout le monde réclame l’unité. Celle-ci est voulu par de nombreuses personnes de la base des différentes organisations mais est plus difficile pour les directions de celles-ci... Il faut que l’unité se réalise sur le terrain des luttes sociales avant tout, mais il est aussi absolument nécessaire de donner une expression politque à cela. La question de la candidature unitaire aux présidentielles ne porte pas sur la personne mais sur le programme que l’on pourrait y défendre. Et c’est à ce programme qu’il faut réfléchir aujourd’hui. Un programme de lutte sociale et politique.

    En toute logique c’est d’une nouvelle structure politique dont nous avons besoin. Il faut un parti anticapitaliste large qui puisse être un véritable parti des travailleurs. Je pense bien sur qu’il ne s’agit pas de s’y dissoudre à l’intérieur et je suis favorable à un courant communiste révolutionnaire en son sein comme je respecte le fait que chacun doit avoir le droit d’y défendre ses convictions. Mais tous ces débats doivent avoir lieu ensemble dans la même structure. Et il est évident qu’il y aura des débats à l’intérieur, comme par exemple la manière d’en finir avec le capitalisme (réforme ou révolution...). Aujourd’hui la LCR à elle seule n’est pas assez forte pour incarner sans personne d’autre l’alternative. Le PCF n’est pas reconnu par la majorité des travailleurs. Il faut donc offrir la possibilité d’une force incarnant une majorité de travailleurs (ou du moins beaucoup plus qu’aucune force aujourd’hui).

    Enfin nous y verons plus clair à l’issue du congrès de la LCR...