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Katrina : 300 soldats "avec ordre de tirer et tuer" à La Nouvelle-Orléans

Publie le vendredi 2 septembre 2005 par Open-Publishing

Trois cent soldats de retour d’Irak ont été déployés jeudi soir à La Nouvelle-Orléans (Louisiane, sud) avec ordre de »tirer et tuer » sur d’éventuels pillards dans une ville livrée au chaos depuis le passage du cyclone Katrina.

 »Nous avons 300 soldats de la Garde nationale de l’Arkansas qui sont arrivés dans La Nouvelle-Orléans, ils sont de retour d’Irak, bien entraînés, aguerris, et sous mes ordres pour reprendre le contrôle sécuritaire des rues » de la ville livrées au chaos, a indiqué jeudi soir la gouverneure de l’Etat de Louisiane Kathleen Blanco.

 »Ils ont des (fusils d’assaut) M-16, chargés. Ils savent comment tirer et tuer et sont plus que volontaires pour le faire si nécessaire et j’espère qu’ils le feront », a-t-elle ajouté, d’un ton extrêmement ferme.

Les opérations d’évacuation de La Nouvelle-Orléans ont été compliquées par les violences provoquées par des gangs armés. Les témoignages affluent sur les pillages dans les rues, les agressions d’automobilistes, ou les vols armés.

Pour rétablir l’ordre, quelque 22.000 Gardes nationaux sont »en route » pour les zones sinistrées en Louisiane, a annoncé par ailleurs le président américain George W. Bush.

Katrina a vraisemblablement fait »des milliers de morts » en Louisiane, a affirmé jeudi la gouverneure de cet Etat Kathleen Blanco, en estimant qu’il pouvait rester jusqu’à 300.000 personnes en attente d’évacuation dans l’ensemble de la Louisiane.

Les autorités américaines n’ont jusqu’à présent confirmé que 125 morts dans le Mississippi, autre Etat du sud touché par le cyclone.

Devant l’ampleur de la catastrophe qui a dévasté quelque 235.000 kilomètres carrés soit l’équivalent de la moitié de la France, la Maison Blanche a finalement annoncé qu’elle accepterait des offres d’aide venues de l’étranger. Quelques heures plus tôt, le président Bush avait affirmé : »Nous allons nous en sortir par nous-mêmes ».

Les offres affluent, de France, d’Italie, du Canada, du Mexique, de Russie. L’Union européenne et l’Onu ont aussi proposé leur soutien.

Le Sénat américain, convoquée en urgence, a accordé jeudi soir à l’administration une rallonge budgétaire de 10,5 milliards pour financer les mesures d’aide qui devrait être définitivement approuvée vendredi après-midi par la Chambre des représentants.

Le pasteur Jesse Jackson, l’une des figures de la communauté noire américaine, s’est rendu jeudi à la Nouvelle-Orléans avec un convoi d’autobus pour aller chercher des personnes bloquées par les inondations. Les images du désastre diffusées en continu par les télévisions montrent surtout des victimes noires.

Particulièrement inquiétante, la situation sanitaire et sécuritaire de milliers de sinistrés réfugiés dans le Superdome, le stade couvert de La Nouvelle-Orléans, et au centre des Conventions de la ville. Le maire de la ville, Ray Nagin, a lancé un »SOS désespéré » pour venir en aide aux 15 à 20.000 sinistrés regroupés dans le centre des Conventions, où la sécurité n’est plus assurée et où il n’y a plus de nourriture.

 »Cela ressemble à une scène de guerre », a estimé Melissa Murray, 32 ans, volontaire qui a du mal à croire à la lenteur de l’arrivée des secours. »Ici en Amérique, on ne devrait pas avoir autant de problèmes pour faire arriver les secours ». Thomas Jessie, artisan couvreur, résume sobrement le climat de dévastation et de violences : »On peut se faire tuer pour de l’eau ».

Le chef de l’Etat a confié à son père, l’ancien président républicain George Bush, et à son prédécesseur démocrate Bill Clinton, le soin de coordonner les opérations de dons aux victimes du cyclone Katrina comme ils l’avaient fait lors du tsunami de décembre en Asie, a annoncé la Maison Blanche.

Par téléphone, sur l’internet, dans les magasins ou les sous-sols d’église, les Américains participent à un grand élan de générosité envers les sinistrés, qui a déjà permis de récolter près de 150 millions de dollars, selon différentes sources.

Le cyclone Katrina a réduit d’un dixième les capacités de raffinage des Etats-Unis. Il devrait avoir un effet beaucoup plus durable sur ces infrastructures et sur les systèmes de distribution que d’autres catastrophes semblables, selon l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

Le président Bush a lancé un appel à économiser l’essence, en raison des »perturbations provisoires » infligées à la filière pétrolière par le cyclone Katrina et a prévenu que le processus de reconstruction serait long.

Sur la défensive, le président qui doit se rendre vendredi dans les zones sinistrées, a aussi rejeté les critiques sur sa gestion de la crise et la lenteur des opérations de secours. »J’espère que les gens ne vont pas faire de la politique politicienne », a-t-il dit.

Son père, l’ancien président George Bush, a pris sa défense.

 »Je ne veux pas rester là sans défendre le gouvernement qui, à mon sens, a pris toutes les mesures qu’il fallait », a déclaré sur CNN M. Bush père.

http://www.tageblatt.lu/edition/article.asp?ArticleId=39318