Accueil > Communiqué de presse des Collectifs Enfants Etrangers et de soutien aux (...)

Communiqué de presse des Collectifs Enfants Etrangers et de soutien aux Sans Papiers

Publie le samedi 3 septembre 2005 par Open-Publishing

COLLECTIF ENFANTS ETRANGERS CITOYENS SOLIDAIRES - NANTES

COLLECTIF DE SOUTIEN AUX SANS-PAPIERS - NANTES

A l’heure de la rentrée et au terme d’un été bien rempli à endiguer les excès de zèle préfectoraux auprès de nombreuses familles déboutées et sans logement, le Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires, en partenariat avec les adhérents du Collectif de Soutien aux Sans Papiers, a invité les journalistes à une conférence de presse de rentrée qui s’est tenue au siège du GASPROM, 24, rue Fouré à Nantes, ce vendredi 2 septembre 2005.

Au cours de cette conférence à laquelle ont participé plusieurs représentants des deux collectifs épaulés par des adhérents de la Ligue des Droits de l’Homme, du MRAP, d’Amnesty International et du Gasprom nous avons voulu, par l’intermédiaire des médias, attirer l’attention du grand public sur les faits suivants.

Au cours d’un été particulièrement mouvementé, nos collectifs ont dû assurer en urgence, devant l’immobilité affichée des pouvoirs publics, le relogement d’une dizaine de familles qui, pour la plupart, restent à ce jour dans des situations très précaires entre terrain de camping pour les unes et entassement à plusieurs familles dans des logements exigus pour d’autres, quand ce n’est pas tout simplement à la rue. Ainsi, sur l’Ile Beaulieu, depuis plusieurs jours une famille avec deux enfants en bas âge (2 ans et 4 ans) passe régulièrement ses nuits à la belle étoile à proximité du Conservatoire National de Région. Pour ces enfants là, comme pour plusieurs autres brinquebalés depuis des semaines d’un logement précaire à un autre, d’une solution de fortune sans lendemain à une halte nocturne dans le hall des Urgences, la rentrée n’est hélas pas une préoccupation d’actualité. Pour toutes ces familles, à l’heure où s’élaborent les grandes lignes du plan hivernal, et pour éviter que notre ville ne connaisse un jour les drames qui ont récemment frappé Paris, nous appelons les pouvoirs publics à procéder à la réquisition dans l’urgence de logements tels que les cliniques où tout autre grand bâtiment désespérément et effrontément vides comme il en existe beaucoup un peu partout dans la ville.

Dans une douzaine d’écoles de l’agglomération nantaise et de la périphérie, pour plusieurs familles dont les enfants sont scolarisés depuis des années et n’ont souvent connu que la France, la rentrée se fait cette année encore sous le signe de l’angoisse. L’angoisse d’être du jour au lendemain placés en centre de rétention puis expulsés vers un ailleurs inconnu et périlleux. Auprès de chacune de ces familles, des réseaux de solidarité se sont mis en place au fil du temps sous l’œil bienveillant de la FCPE (fédération de parents d’élèves), et des principaux syndicats enseignants avec, la plupart du temps, un soutien sans faille des directeurs et enseignants. Nous nous engageons à exercer une vigilance de tous les instants sur chaque situation de détresse repérée et à nous mobiliser (tracts, occupations...) dans toutes les écoles où des familles seront menacées.

Comme nous avons déjà eu l’occasion de le faire remarquer à l’occasion d’un communiqué de presse intitulé « Les Bonnes surprises de M. le Préfet », loin d’honorer l’annonce faite entre deux portes par M. Koury de la Préfecture au terme d’une audience accordée à nos deux collectifs en juin dernier, force est de constater que le Préfet a profité de la période estivale pour multiplier les expulsions. Au coeur des vacances, il s’en est pris à des personnes depuis longtemps soutenues par nos collectifs, au mépris des liens familiaux et des solidarités en acte dans les écoles et les quartiers. Les pompiers ont même dû intervenir auprès d’un fils ne supportant pas de voir son père menotté à la sortie du tribunal pour être emmené au centre de rétention, puis expulsé quelques jours plus tard. En outre, le 19 août dernier, les forces de police sont intervenues aux alentours de la Place du Commerce pour interpeller une douzaine de ressortissants majoritairement issus de la communauté kurde placés en garde à vue menottes aux poings comme des bandits de grand chemin, pendant vingt quatre heures, avant d’être relâchés sans que le droit à la présence d’un avocat à la première heure et à la vingtième heure n’ait été honoré. Huit de ces personnes sont convoquées à nouveau lundi au commissariat sans que personne ne connaisse le motif d’une telle convocation, et là encore l’angoisse de chacun est légitime.

A Paris, 26 morts rue de Provence, 2 morts rue de Pixéricourt, 17 morts boulevard Vincent Auriol, 7 morts rue du Roi Doré, 36 enfants décédés au total et des dizaines de blessés graves. La communauté africaine et immigrée est chaque fois durement frappée. Ces drames révèlent la situation catastrophique du logement qui perdure depuis des années et s’aggrave de jour en jour avec les mesures du gouvernement actuel dont le représentant le plus médiatique sera ces jours prochains en visite dans notre région. Qu’il entende enfin notre colère, qu’il partage notre honte d’être français en ces heures qui rappellent d’autres heures sombres de notre histoire et qu’il sache que nous sommes déterminés à opposer, partout où l’humanité de nos voisins sera bafouée et mise en péril, notre résistance acharnée.

Dans les semaines qui viennent, nous travaillerons à tisser sur Nantes et son agglomération un réseau de solidarité avec les sans logement et les mal logés de tout poil et de toute couleur en invitant les associations caritatives, les Eglises chrétiennes auprès desquelles nous avons noué des contacts, les acteurs du milieu associatif sensibilisés par la question du logement à nous rejoindre pour exiger que des solutions soient rapidement trouvées et que, demain, dans cette ville plus aucun être humain ne soit contraint de dormir dans la rue.

Nos collectifs rappellent que les personnes dont elles défendent les intérêts, à l’image de tous les expulsés, ne sont coupables que d’avoir cherché asile et accueil dans notre pays qui se targue d’être celui des Droits de l’Homme.

Nos collectifs condamnent cette situation et rappellent que la seule solution reste la régularisation de ces personnes.

Nous appelons les nantaises et les nantais à nous rejoindre lors de notre mobilisation de rentrée, le mercredi 14 septembre 2005 à partir de 17 h 30 devant la Préfecture pour exprimer le sursaut des consciences qui s’impose au vu d’une situation de plus en plus dramatique.