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Katrina : triple réaction d’horreur, de honte et de colère

Publie le mercredi 7 septembre 2005 par Open-Publishing
10 commentaires

Catherine Durandin, Directrice de recherche à l’IRIS ( Institut de relations internationales et stratégiques ) et spécialiste des Etats-Unis, analyse les conséquences politiques du cyclone Katrina.

Quel est le sentiment qui règne aux USA après le passage du cyclone Katrina ?

Une triple réaction d’horreur, de honte et de colère.

Horreur, face à une ville de culture plurielle, traditionnelle, la Nouvelle Orléans, immergée à 80%. Avec des pertes humaines dont le chiffre ne peut être encore donné, les opérations de search and rescue se poursuivent. Horreur aussi, face à la panique qui a saisi une partie de la population pauvre n’ayant pas eu les moyens de fuir la Nouvelle Orléans ou les villes isolées des Etats de Louisiane, Mississipi et Alabama.

Honte, parce que l’alerte a été donnée 36 heures seulement avant le désastre par le maire de la Nouvelle Orléans, sans moyen d’évacuer l’ensemble de la population. Honte encore, parce que la vétusté des digues et leur incapacité à faire face à un ouragan de force 5 étaient connues. Or, le gouvernement fédéral n’a pas débloqué les budgets nécessaires.

Colère enfin, parce que le discours social de « compassion » qui est celui de la présidence Bush s’avère impuissant face à ce malheur.

Plus précisément, quelles sont les conséquences politiques de cette catastrophe ?

La première conséquence est la remise en cause de la compétence du président Bush, et de sa capacité de leadership. Les grands médias comme CNN et NBC ont posé la question : « Où est le leader ? ». Mais au-delà, c’est aussi un choix politique républicain de désengagement de l’Etat, et un système institutionnel qui sont responsables : il y a eu dysfonctionnement entre la mairie de la Nouvelle Orléans, le gouverneur de l’Etat et le gouvernement fédéral. C’est à cause de cela que le chaos s’est installé, avant le déploiement tardif de la Garde nationale. Et l’anarchie existante a engendré des heurts entre cette dernière et la population révoltée.

Au-delà de cette lecture immédiate, le lien est fait entre l’inutilité et le coût de la guerre en Irak d’un coté, et l’incapacité à gérer les situations de crises intérieures de l’autre. Le choc est extrêmement grave pour l’Administration Bush, et il sera difficile de retrouver une légitimité aux choix des Conservateurs.
Plus loin encore, ce sont les politiques dans leur ensemble, Démocrates et Républicains, qui sont interpellés, considérés comme incapables de se faire les porte-paroles de la société pauvre. L’Amérique semble découvrir que sa puissance a des limites, que son modèle de prospérité est loin d’être un vrai modèle crédible et enviable.

Katrina met en lumière un état des lieux de dissolution de l’identité civique, de rupture de tous les liens que traduisent depuis des années tant des films (American Beauty, Fahrenheit 9/11, etc.), que des grands reportages (Kaplan, An empire Wilderness, etc.). L’innocence des Etats-Unis, victimes du terrorisme le 11 septembre 2001 est perdue, son unanimité patriotique, brisée. Certains analystes nord-américains dressent un bilan très négatif, allant du mensonge sur les armes de destruction massive pour justifier la guerre en Irak, aux tortures d’Abou Ghraib, pour sombrer sur le désastre d’aujourd’hui.

Pensez vous que les médias ont trouvé ou retrouvé une place spécifique dans la vie politique à l’occasion de ce drame ?

Les chaînes CNN et NBC jouent un rôle majeur et osent des images et des commentaires très crus. Les journalistes de la NBC, en particulier, posent directement une question très simple : « Qu’en est-il de la gestion de la sécurité aux Etats Unis quatre ans après le 11 septembre ? ».
Il semble que la politique sécuritaire promue par le Homeland Security Act ait tout misé sur la réponse à une attaque terroriste, oubliant les catastrophes « naturelles ». Les Etats- Unis perdent avec Katrina toute confiance dans l’assurance d’une quelconque sécurité dont le gouvernement serait responsable. La notion de prévention est dévalorisée.

Messages

  • Les chaînes yankkkees vont bientôt nous arroser de reality show intitulés "Katrina technical display " .
    En comparaison les niaiseries de TF1 paraîtront un interlude nauséabon .
    Je dis bien les chaînes yanKKKees jusqu’a preuve du contraire , en particulier Foxnews.

  • Celui de New York :

    Tout celà me paraît exact. Même le Wall Street Journal, l’Officiel du Capitalisme, publie un article très spécifique sur les crimes du Gouvernement Bush.

    Là conclusion, mon cher Duc..., c’est que les USA ne sont pas comme des barbares restés dans la barbarie, mais plutôt une culture retombée dans la barbarie – les parallèles avec la montée du nazisme sont partout, d’ailleurs. Reste à voir si nous, les yankees, allons nous tirer de cette fange, où y retomber. Help !

    • Ah ! Salut Celui de N.Y.

      Je suppose que tu illustres la phrase Georges Orwell que j’ai vue dans un autre sujet sur ce site qui disait :Les USA sont passés du stade primitif à celui de la décadence sans cette période intermédiaire que l’on nomme, ailleurs, civilisation. Georges Orwell

      Cependant je te vois bien pessimiste et encore moins yankkkee , tu es un Nord-Américain civilisé .
      Je suis convaincu que si les USA aux prochaines élections ou avant balaient toute l’administration bush et la Cour suprème , bref , tous les Neocons . Les USA pourraient bien entrer dans l’aire de la Renaissance qui précède de peu une civilisation digne de ce nom .

      Par contre si le yanKKKee électeur dont l’horizon s’arrête a sa " Bud" dans une main et son "Double Mac" dans l’autre , en regardant le beisball a la tele , sans autre préoccupation que son taux de cholestérol , alors la Renaissance Américaine prendra beaucoup de retard .

      Espoir ! Celui de N.Y. et tes semblables , en vous y mettant tous activement et sans relâche , le bout du tunnel est peut être tout près .
      A+
      Ducon

  • Il n’y a plus qu’à espérer que l’électeur américain moyen sera plus sensible au malheur des réfugiés américains de Louisiane qu’à celui des réfugiés irakiens bombardés et qu’il ne votera plus pour la famille Bush ou leur clique la prochaine fois (mais malheureusement c’est dans longtemps).

  • A quel moment allez vous ouvrir les yeux ?
    Bush n’a été régulièrement élu ni en 2000, ni en 2004. Les fraudes sont parfaitement documentées à ce jour. Alors, le sursaut électoral, tant que diebold comptera électroniquement des votes qui ne laissent pas de traces...

    Et bush n’est que l’arbre derrière qui la forêt se cache, à savoir la bande de malades mentaux qui gère les USA depuis les années 80.

    A l’occasion, sortez la tête du sable et regardez votre réalité en face.

  • depuis Katrina il n’y a plus d’alertes sur les attaques terroristes en amerique, on enttend plus c’est au orange....c’est au jaune....c’est gris..... c’est au melange de tout les couleurs.....
    ils ont oublié ou quoi pour mettre le peuple dans une situation de terreure.