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Quand le rêve américain prend l’eau

Publie le vendredi 9 septembre 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

Le rêve américain prend l’eau !

Quand la nature s’en mêle elle met à jour les fondements réels d’une société et démonte illusions et faux semblants . Nul ne conteste l’ampleur du sinistre subi par le sud des USA et l’étendue de la catastrophe humanitaire qui en résulte .Mais tous les médias - américains compris - ont noté les défaillances graves dans le traitement de la crise et le décalage entre l’hyper puissance américaine et les images de pauvreté tiers-mondiste vues à cette occasion .

Que nous ont montré ces évènements : une Amérique pauvre , noire pour l’essentiel , abandonnée à elle même puis tenue en respect par des patrouilles de militaires lourdement armées ; une ville ruinée faute de travaux de sécurité non faits , des maisons de retraite et des vieux non évacués ; un pouvoir fédéral absent ; des polémiques sur fond d’apartheid rampant .

Voilà qui peut surprendre nos grands médias « institutionnels » habitués à défendre et porter de long en large le modèle américain ,voire , plus récemment , son petit frère britannique . L’actualité n’a fait que lever le voile sur quelques uns des 70 millions de pauvres des USA dont plus de 40 millions sont exclus de toute protection sociale . Habituellement , cet aspect de la société américaine est ignoré voire censuré par les grands médias , on préfère parler du dynamisme de l’économie , de la vigueur de la croissance et nous montrer les beaux quartiers de New York ou Miami et la belle vie de la « classe moyenne » .

Cette immense fracture sociale est le fruit d’une logique implacable : la recherche de la rentabilité maximale du capital et la transformation d’une partie toujours plus grande de travailleurs en simple variable d’ajustement économique pudiquement dénommés « travailleurs pauvres » . Le mécanisme en œuvre est toujours le même , facilité ici par l’absence de système de protection sociale centralisé : liberté de circulation des capitaux , délocalisations , précarisation du travail moins qualifié , très faible protection du chômage , baisse des impôts et des charges , déficits publics , diminution des budgets sociaux et des services publics ; tout cela tournant en boucle , relayé par les médias , repris par tous les « experts » et avalé comme parole d’évangile par la « classe moyenne », avatar moderne de la bourgeoisie et notion totalement vide de sens statistique qui n’a surtout rien à voir avec la notion de revenu moyen et de ménage moyen .

La « viabilité » de cette fracture sociale passe par une culpabilisation de la misère (loosers , fainéants , drogués ...) doublée d’une répression croissante des troubles sociaux et d’un fantasme sécuritaire grandissant ; un taux d’endettement colossal vient parachever cet équilibre instable , véritable camisole psychologique et économique permettant d’assouvir la soif de consommation et asservissant le travailleur à ce système crédit-consommation , version moderne de l’usure .Lorsque cette fracture sociale vient épouser les clivages ethniques afro-américains et latino- américains les vieux réflexes racistes ne sont plus très loin .

Les films de michael moore , « bowling for colombine » en particulier , montrent bien cette misère sociale et cette peur qui ronge la société américaine et qui apparaît de façon si évidente et si choquante dans les images des patrouilles armées dans les rues dévastées de la Nouvelle Orléans .Ces mécanismes d’éviction et d’ostracisme d’une partie de la société expliquent également cette absence de solidarité spontanée face à un tel phénomène : d’autant plus que la société autoproclamée « active » s’autonomise de plus en plus de cette branche déclarée « passive et à charge » grâce aux délocalisations et à l’automatisation croissante des taches - seuls les services au bénéfice de la classe moyenne dépendent encore de ces travailleurs pauvres en attendant que les prochains accords de l’AGCS ne permettent encore d’en baisser les coûts .
L’économie s’étant ainsi affranchie de cette composante paupérisée ne fonctionne plus essentiellement que par et pour la classe moyenne , les travailleurs pauvres ne venant plus accomplir que quelques obscures taches au service des précédents .Les notions de solidarité ,de partage disparaissent alors derrière les politiques sécuritaires et le conformisme douillet de la pensée unique occidentale .

Car si nous n’y prenons garde cette situation sera celle de la France et de l’Europe dans quelques courtes années : la libéralisation des capitaux existe déjà depuis deux décennies , nous avons repoussé la constitution européenne qui instaurait un libéralisme forcené et constitutionnel , mais toute les élites et les médias de notre classe moyenne poussait à voter oui ; les réformes successives de la retraite, de la Sécu , du code du travail , du chômage n’en finissent pas de réduire la protection sociale ; et pendant ce temps là Sarkozy durcit les répressions et met en place le tout sécuritaire alors que l’on pense toujours baisser les impôts des classes moyennes tout en vilipendant les déficits qui se creusent ...Tout est en place et Sarkozy pouvait ainsi déclarer aux umpistes que la promotion sociale ça se gagnait à la sueur de son front ralliant en cela et le message évangélique et la certitude douillette des nantis que la pauvreté , elle aussi , se mérite !

Si nous ne voulons pas que notre société et toute la protection sociale durement acquise par nos anciens ne sombrent dans d’autres cyclones ultra-libéraux retrouvons la mobilisation massive du référendum , exigeons de nos partis antilibéraux de présenter un front uni pour changer de politique et sortir de cette mondialisation libérale ;de toute façon les enjeux climatiques et énergétiques obligeront à inventer de nouvelles formes économiques et sociales plus équilibrées , plus locales et plus solidaires ; soyons les précurseurs et les porteurs de cet ultime espoir !

Messages

  • LE REVE DES DIRIGEANTS ULTRA-LIBERAUX SE PORTE BIEN, LUI :

    Voir ici : http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=4852

    "samedi 10 septembre 2005, mis à jour à 20:33

     Katrina : des sociétés liées à Bush raflent les premiers contrats

    Les entreprises Shaw Group et Kellog Brown and Root, filiale d’Halliburton, ont déjà été choisies pour commencer les travaux de reconstruction dans la région du Golfe du Mexique.

    Or, ces deux entreprises sont des clientes du groupe de pression de Joe Allbaugh, ancien directeur de campagne de George Bush et ancien directeur de l’Agence fédérale de gestion des situations d’urgence (Fema). Par ailleurs, le vice-président, Dick Cheney, a dirigé Halliburton entre 1995 et 2000.

    Kellogg Brown and Root a conclu vendredi avec le Pentagone un contrat de 29,8 millions de dollars pour reconstruire des bases de la Navy en Lousiane et dans le Mississipi.

    Le groupe Shaw a annoncé pour sa part jeudi que la Fema lui avait confié un contrat d’un montant de 100 millions de dollars pour des projets de logement et de construction. Vendredi, l’entreprise a signalé avoir conclu un autre contrat du même montant avec le Corps du génie militaire.

    Selon des estimations, plus de 100 milliards de dollars pourraient être investis dans la reconstruction des zones affectées par l’ouragan. Le Congrès a déjà débloqué 60 milliards de dollars de fonds d’urgence.

    HALLIBURTON A GAGNÉ 9 MILLIARDS EN IRAK

    Les spécialistes soulignent que les responsables politiques des administrations démocrates comme républicaines ont régulièrement, par le passé, pris la direction de groupes de pression économiques à la fin de leurs mandats.

    Ainsi, la plupart des entreprises en lice pour les contrats de l’après-Katrina ont déjà gagné des milliards de dollars pour les travaux de reconstruction en Irak, comme Halliburton, qui y a remporté plus de 9 milliards de dollars.

    Mais le réseau économique qui entoure Bush fait l’objet d’une vigilance toute particulière de la part des associations de surveillance. "Le gouvernement doit cesser de noyauter les postes à responsabilité avec des personnes qui misent régulièrement sur le bien public pour servir des intérêts commerciaux privés", estime Danielle Brian, directrice du Project on Government Oversight.

    Joe Allbaugh est officiellement devenu le lobbyiste de la filiale d’Halliburton Kellog Brown and Root en février.

    Dans le document de présentation du nouveau groupe de pression au Sénat, il affiche pour objectif d’"éduquer les branches parlementaire et exécutive sur les problèmes de défense, de reconstruction et de sécurité intérieure concernant Kellog Brown and Root."

    Depuis son embauche, Allbaugh "n’a pas été consulté sur des contrats visés par l’entreprise et ne s’est vu confier aucune responsabilité de lobbying", assure Melissa Norcross, porte-parole d’Halliburton. Elle a ajouté que le contrat conclu par Kellogg Brown and Root avait été remporté grâce à un accord conclu avant l’arrivé d’Allbaugh.

    De son côté, le porte-parole de Shaw Group Inc., Chris Sammons, n’a pas souhaité préciser le rôle joué par Allbaugh dans les contrats post-Katrina. "Nous ne faisons pas de déclarations sur les activités spécifiques de nos consultants", a-t-il déclaré."

     En ultra-libéralie, plus les pauvres sont pauvres, malades, et même morts, plus les riches sont riches et bien portants...

  • à quand une belle analyse critique de la future superpuissance mondiale :LA CHINE ? est ce si difficile ?