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Hewlett-Packard 1240 emplois à la corbeille

Publie le mercredi 14 septembre 2005 par Open-Publishing

Le géant de l’informatique a annoncé, hier, la suppression d’un quart de ses effectifs en France.

de Lénaïg Bredoux

"Les chiffres sont monstrueux. Pourquoi nous ?" Rafaël Logvinski a reçu comme "un coup de massue", hier, l’annonce des suppressions de postes dans la filiale française de Hewlett-Packard. "Abasourdis", les salariés d’HP ont en effet appris, hier, que 5 969 postes allaient disparaître en Europe, dont 1 240 dans l’Hexagone. Soit plus de 25 % des effectifs en France qui sera, proportionnellement, le pays le plus touché au monde par la restructuration du groupe.

Tentative d’apaisement

« On ne comprend pas pourquoi, explique Patrick Nowak, délégué CFE-CGC. C’est deux fois et demi la moyenne mondiale et presque une fois et demi la moyenne européenne qui est de 15 % ! » Hewlett-Packard avait annoncé, en juillet dernier, un vaste plan de restructuration. Le groupe veut se séparer de 14 500 salariés dans le monde, représentant 10 % des effectifs. Le but : économiser 1,9 milliard de dollars à partir de 2007. Pourtant, le géant de l’informatique gagne beaucoup d’argent. L’an passé, il a réalisé un chiffre d’affaires de près de 80 milliards de dollars, pour un bénéfice net de 3,5 milliards.

La direction française du groupe a précisé qu’aucun site ne devrait fermer et qu’elle « souhaitait éviter » les licenciements secs. Des déclarations en guise de tentative d’apaisement pour des salariés sous le choc. Au départ, ils craignaient surtout pour les activités liées à la production : basées notamment en Isère, elles concernent l’ensemble du groupe et peuvent être facilement délocalisées dans un pays d’Europe de l’Est. Sauf que la direction de Hewlett-Packard a affirmé, hier, que les activités commerciales seraient touchées dans la même proportion. « Elles ne concernent pourtant que la France et ne peuvent pas être transférées ailleurs », dénonce Michel Soumet. Le délégué CGT ajoute : « Donc notre patron s’attaque à nous parce que le modèle social français l’emmerde ! »

La direction du groupe parle, elle, de la « nécessité de s’adapter à un marché de l’informatique en évolution constante et accélérée ».

l’incompréhension domine

Le secteur n’est pas aussi stable que les autres industries de transformation : une innovation peut très vite et très fréquemment remettre en question l’organisation d’une activité. Mais l’argument ne convainc personne et l’incompréhension domine. La filiale française est en effet bénéficiaire, et ses salariés peuvent se prévaloir d’une forte productivité. « Le chiffre d’affaires rapporté par salarié est de 1,7 million d’euros en France, explique Patrick Nowak, contre une moyenne mondiale de 500 000 euros. » Mark Hurd, le nouveau PDG de Hewlett-Packard, aurait-il une dent contre les Français ? « Peut-être travaille-il pour Bush ! », ironise un cadre.

Rafaël Logvinski, le représentant de la CGC sur le site de L’Isle-d’Abeau, affirme, lui, que « sur fin août-début septembre, certains actionnaires ont touché entre 400 000 dollars et 1,6 million de dollars grâce à leurs stock-options ! » « Ils veulent seulement faire décoller la valeur du titre », dit Marc-Antoine Marcantoni, le coordinateur de la Fédération européenne de la métallurgie. Depuis le 1er janvier dernier, le cours de Bourse de l’action HP a grimpé de près de 33 %.

L’intersyndicale regroupant la CFDT, la CFTC, la CGC, la CGT et FO devrait rapidement alerter les pouvoirs publics

et annoncer de nouvelles échéances de mobilisation. Elle envisage également d’intenter une action en justice contre la direction du groupe. L’argument n’est pas neuf : comment justifier des licenciements économiques dans une entreprise qui gagne de l’argent ?

* PCF. Alain Bocquet a qualifié, hier, d’« inadmissible » le plan de restructuration du géant américain de l’informatique, et demandé son « abandon ». « Il faut que les pouvoirs publics mettent en échec cette nouvelle manifestation d’un libéralisme financier imperméable aux besoins collectifs », a-t-il notamment déclaré. Le président du groupe communiste à l’Assemblée a proposé une réforme du Code du travail pour « contrôler le motif économique des licenciements collectifs ».

http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-09-13/2005-09-13-813896