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La Nouvelle-Orléans : une terrible odeur de pourriture un mélange d’égouts et de fosses septiques...

Publie le mercredi 14 septembre 2005 par Open-Publishing
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Vision d’apocalypse pour un sinistré

de Yvon Laprade et Olivier Jean

Une terrible odeur de pourriture, un mélange d’égouts et de fosses septiques, flottait hier sur La Nouvelle-Orléans, où Le Journal de Montréal a accompagné un sinistré de l’ouragan Katrina.

"C’est l’apocalypse !" a lancé Damien Regnard en circulant dans son chic quartier de West Lakeshore, près du lac Pontchartrain, pour la première fois depuis deux semaines.

Partout, c’est la désolation. La ville qui vibrait au rythme du jazz et du blues est une ville fantôme.

Tous ont fui l’horreur, laissant derrière eux leur maison, leur véhicule, et pour des dizaines, des centaines de milliers d’entre eux, des souvenirs douloureux.

« Personne ne sera assez fou pour revenir à La Nouvelle-Orléans avant six mois, un an et peut-être même davantage.

« Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, et on se demande si nos terres ne seront pas contaminées à jamais », raconte Damien Regnard, qui constate que le gazon dans sa cour a tourné au gris, « comme si on avait épandu des produits chimiques au sol », tente-t-il d’expliquer.

Les termites
La maison qu’il habitait jusqu’au 28 août - la veille de l’ouragan - est très lourdement endommagée, au point où il craint de ne jamais plus l’habiter avec sa femme et ses trois enfants, âgés de 12, 10 et 7 ans.

« C’est terriblement humide avec cette eau pourrie qui est rentrée dans la maison. Les termites vont sans doute détruire la maison », dit-il en récupérant quelques objets personnels et son ordinateur, épargné par l’eau.

Un voisin inquiet lui avait demandé d’aller voir sa maison. Il entre. Il fait quelques pas, pour s’apercevoir très rapidement que les planchers sont déjà pourris, que les murs sont moisis et que les canapés en cuir blanc sont grugés par la pourriture et les champignons.

Dans son quartier, où les maisons se vendaient encore la semaine dernière plus de 400 000 $ US, les vents ont déraciné les arbres, soufflé les toitures des maisons et arraché portes et fenêtres.

« C’était très bien, vivre ici. C’était calme et c’était beau », laisse tomber Damien Regnard.

Mais pour ce Français d’origine qui vit en Louisiane depuis 10 ans - il est président de la Chambre de commerce franco-américaine de la Louisiane -, la vie ne s’arrête pas à cause d’un ouragan.

Incompétence
« Je vais retourner vivre dans mon quartier. J’ai connu trois ouragans en 10 ans (George, Ivan et Katrina) et comme les gens de la Louisiane, j’ai appris à vivre avec les tempêtes. Il ne faut pas se décourager cette fois-ci », insiste-t-il.

Il a toutefois du mal à accepter « l’incompétence » des autorités - qu’il évite de nommer - et qui auraient pu, selon lui, réduire l’ampleur des dégâts.

« Je n’arrive pas à m’expliquer qu’une digue ait cédé et qui a causé tous ces dommages... Et je ne comprends pas qu’au moins une pompe toute neuve - de plusieurs dizaines de millions de dollars - n’ait pas fonctionné au moment où on a voulu la mettre en marche le 29 août... Il y a des questions qui restent sans réponses », déplore-t-il. Mais comme il aime la Louisiane, il préfère faire sienne l’expression cajun let the good times roll (laisse le bon temps rouler).

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