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Telesur, le nouvel écran latino (live radio)

Publie le dimanche 18 septembre 2005 par Open-Publishing
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 Audio, vidéo....

En zoomant sur les réalités sociales, politiques et historiques de l’Amérique latine, Telesur, la nouvelle chaîne câblée continentale, propose une information alternative aux médias commerciaux.

"Notre Nord, c’est le Sud", indique la boussole de Telesur (Télésud). Une devise qui résume en quelques mots la ligne éditoriale de la nouvelle chaîne câblée latino-américaine. Mais, avant même le lancement de ses programmes, le 24 juillet dernier, date anniversaire de la naissance de l’indépendantiste Simon Bolivar, la nouvelle venue du paysage audiovisuel américain a dû essuyer les commentaires acerbes de ses détracteurs qui l’ont rebaptisé "Al Bolivar", allusion à la chaîne câblée arabe Al-Jazira.

Parce que son siège social est basé à Caracas, et que la République bolivarienne du Venezuela est actionnaire à 51 % de son capital - Cuba, l’Uruguay et l’Argentine se partageant les 49 % restants -, Telesur a été d’emblée taxée d’être le porte-voix continental du gouvernement bolivarien, l’opposition de ce pays allant même jusqu’à parler de "Telechavez". Et le registre de la chaîne accusé d’être forcément anti-nord-américain.

Que reproche-t-on à Telesur ? La réponse est à chercher du côté des motivations qui ont prévalu à sa création : « Un projet anti-hégémonique, un projet politique d’intégration destiné également à montrer la diversité et la pluralité du continent », selon les déclarations de son directeur uruguayen, Aram Aharonian. En dépit d’un « petit budget » initial de 2,5 millions de dollars, Telesur aspire à rivaliser sur le terrain informatif avec les grandes chaînes et à bousculer le règne de la pensée unique.

« Nous voulons montrer la réalité latino-américaine à travers de nouvelles sources, faire entendre des voix alternatives jusqu’à présent passées sous silence », explique la journaliste de Telesur, Janlisbert Velasco, plus connue sous le nom de « Liberté », pseudonyme hérité du temps où elle faisait ses premières armes à la télévision communautaire vénézuélienne, Catia TVE. Cette conception de l’information jette un pavé dans la mare des médias dominants. Car les « voix » dont parle « Liberté », ce sont celles des Latino-Américains, des travailleurs comme des exclus qui, en revendiquant davantage de justice sociale, ont envahi l’espace public ces dernières années et continuent de l’occuper. Selon elle, il ne fait aucun doute que « les gouvernements et les entreprises qui monopolisent l’information ont intentionnellement réduit ces voix au silence ». Trop subversives. D’où le slogan promotionnel : « Telesur, l’Amérique latine, pour de vrai ». « Les écrans répètent à l’envi les propos des patrons européens et nord-américains, poursuit-elle. Or, notre identité, ce sont ces mouvements sociaux. » Les conflits politiques et économiques se gagnent ou avortent parfois via le concours de la presse, la bataille idéologique prenant également la forme d’un affrontement médiatique. Sur ce rayon, le Venezuela en sait long. « Depuis le coup d’État d’avril 2002 en passant par le chômage pétrolier, les médias ont été les protagonistes de l’opposition, en agissant en militants politiques plus qu’en moyens de communication », rappelle Freddy Fernandez, directeur de l’Agence Bolivarienne d’informations (ABN). Le magnat de la communication Gustavo Cisneros, ami de Bush père, n’avait-il pas activement participé à ce coup d’État avorté en orchestrant devant les caméras un faux soulèvement populaire contre le président ?

Représentant 45 % de la programmation, l’information est donc la pierre angulaire de Telesur. Elle est à ce jour assurée par une équipe de correspondants permanents basés dans les pays actionnaires de la chaîne, mais également au Mexique, en Colombie, au Brésil ainsi qu’aux États-Unis. On s’interroge sur l’impact et la pénétration de cette source d’informations alternatives. Au nord du continent bien sûr, où règnent CNN et Fox News et où résident des millions d’hispanophones. Mais également au sud. « Nous partageons avec Telesur une préoccupation quant à l’information. La situation de la Colombie nous est dépeinte à travers CNN ou des agences nord-américaines qui n’adoptent pas le point de vue de ses citoyens ni celui d’une agence latino-américaine, cite, à titre d’exemple, Freddy Fernandez. C’est une carence terrible ». Un vide auquel Telesur compte remédier en captant les événements à partir d’une perspective continentale progressiste. « Nous savons de quel côté Telesur - regarde l’information, résume "Liberté". Notre orgueil, c’est notre non-neutralité. »

C. Ce.

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