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Le Saint Siège n’est pas gay !

Publie le vendredi 23 septembre 2005 par Open-Publishing
6 commentaires

de Bernard Lallement

Alors que le Vatican entend bien s’inviter dans la campagne des législatives en Italie pour ferrailler dur contre le projet de Romano Prodi d’introduire le PACS, le pape Benoît XVI devrait arbitrer une mise à jour de la "pastorale à l’égard des personnes homosexuelles."

Le scandale des prêtres américains pédophiles avait suscité l’émoi du Saint Siège. Certes, l’homosexualité n’a jamais été en odeur de sainteté dans l’église catholique moderne. La directive, dont les derniers termes seraient actuellement peaufinés, devrait donc recommander aux évêques de débusquer les candidats "à risque" se présentant à la prêtrise y compris en utilisant les très matérialistes tests psychologiques.

Déjà, en 2002 La Congrégation pour la doctrine de la foi, présidée à l’époque par l’actuel Saint Père, avait déclaré qu’une personne homosexuelle, ou ayant une tendance homosexuelle, n’est pas apte à recevoir le sacrement de l’ordination.

Soumettre les séminaristes à la Tentation serait faire le jeu du Malin.

Compte tenu de la crise des vocations, une telle directive a peu de chance de recevoir une stricte application. Elle a toutefois le mérite de montrer que, pour les pères de l’église, l’homosexualité reste "objectivement désordonnée"

Il y aurait pourtant un moyen très simple, à la fois d’endiguer l’hémorragie des candidats au sacerdoce et de prévenir les dérives pédophiles alléguées pour justifier une telle mesure : ouvrir la prêtrise aux femmes et permettre le mariage des prêtres.

Rien dans la bible n’oblige au célibat. Cette mesure fut instituée en 1123 par le pape Calliste II, en accord avec le Roi de France, pour des motifs purement politiques. Il s’agissait d’éviter que les fils des clercs de l’église ne puissent hériter des Charges de leurs pères. En effet, selon le droit féodal, les titres d’évêque et de curé auraient dû être transmis aux fils aînés. Or, le successeur de Pierre entendait conserver la main mise absolue sur cette dévolution.

D’ailleurs, à l’époque, il n’était pas question de chasteté dans le droit canon. Il faudra attendre 1563, et la fin du Concile de Trente, pour que le pape Pie V élève le sexe au rang de "pêché mortel" afin de donner aux ecclésiastiques un vernis de pureté. L’église était en proie aux critiques de Luther contre la "Vertu des indulgences", que l’on pouvait acheter, la paillardise et le luxe gangrenant les bons pères.

Faut-il remarquer que dans le clergé connaissant le mariage (pope, pasteur, rabbin, imam) et pour certains la mixité, comme chez les protestants, la pédophilie est pratiquement inconnue.

Cela supposerait que l’église s’ouvre au monde. Pour les gardiens du dogme ça paraîtrait inconcevable et le Saint Siège en tomberait de son Céans.

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Messages

  • Et le Christ, premier des prêtres, était-il marié ?

  • Amalgamer homosexualité et pédophilie est tout à fait scandaleux. Je n’en reviens pas que l’on en soit encore là en 2005 ! Je suis outré par cet article de Bernard Lallement. Un homme qui s’intéresse aux petits garçons n’est pas homosexuel, il est pédéraste. Nuance !

    Eïnte.

    • Entierement d’accord avec vous, cet amalgame est bien plus que scandaleux, il est en fait pédophiliquement correct : c’est une tradition chez les "élites pédophiles" que de se réclammer de l’homosexualité, de dire "enfant" pour "mineur" de façon à détourner l’attention de leurs crimes, de les minimiser. le vocabulaire doit être examiné scrupuleusement, ce n’est pas pour rien que ce personnage fait un tel amalgame criminel.

    • Au-delà de cette quarelle sémantique, il faudrait, tout de même, revenir à cette, incontournable, réalité : celle du scandale des prêtres et des dignitaires de l’église catholoque américaine PEDOPHILES et de l’actualité récurrente des viols de mineurs par des écclésiastiques sur lesquels l’église a toujours voulu mettre une chape de plomb.

      Ce n’est pas l’auteur, mais l’église, qui entend faire l’amalgame entre homosexualité et pédophilie. Et à ce que je sache, dans le code pénal, on traite du crime de pédophilie et non de pédérastie.

      Au demeurant, il suffit de consulter le dictionnaire : la pédérastie est l’attirance sexuelle d’un homme adulte pour un jeune garçon alors que la pédophilie, définition plus large, est l’attirance sexuelle d’un adulte pour un jeune enfant, sans distinction de sexe. Un pédéraste est donc un pédophile homme attiré par les enfants d’un même sexe !

      Par ailleurs, il faudrait peut-être savoir ce que les mots veulent dire : des relations sexuelles entre personnes de même sexe, quelque soit leurs âges, caractérise l’homosexualité (voir n’importe quel dictionnaire !)

      La question n’est pas de s’offusquer sur une querelle de mots qui n’a pas lieu d’être, au demeurant, mais sur le scandale des abus sexuels commis sur les enfants, en général, y compris par des hommes d’église dont l’actualité nous montre que c’est loin d’être un fait isolé !!

      Le scandale des prêtres pédophiles aux USA a causé un grand émoi dans la communauté gays américaines car, comme l’a relevé le magazine Tetu, car des études auraient montré que celle-ci forunissait le gros containgent des candidats à la prêtrise.

      L’article montre bien l’hypocrisie de l’eglise en la matière et son impossibilité de se remettre en cause.

      Cette situation mérite d’autant plus attention que l’église entend se définir comme une véritable puissance politique "morale". Il suffit de voir son inquiétante intervention dans le débat en Italie, pour les élections législatives, et sa camapgne contre le PACS.

      L"église est un adversaire qu’il faut combattre. Et le combat commence à dénoncer, et révéler, ses propres contradictions !

      En ce sens, les rappels de cet article ne peuvent être que salutaires.

      Pour conclure, je rappellerai aux auteurs des précédents messages que sous les mots il y a une réalité. En la circonstance, l’intolérable souffrance des enfants VIOLES par des adlutes (et qu’on se complaire à faire une subtile distinction sémantique dans les qualificatifs est proprement scandaleux) et la complaisance et l’hypocrisie de l’église en la matière, sujets sur lesquels les deux messages restent muets !

      Tout le reste n’est que divagation de petits bourgeois !

    • "L"église est un adversaire qu’il faut combattre"....

      Ce qu’il faut combattre, c’est bien plutôt les caricatures de ce genre qui ne veulent voir que la partie de la réalité qui les arrange. La réalité est plus complexe.

      Comme toute institution, l’Eglise a une réalité de droit et une réalité de fait. Ce qu’elle est en droit, c’est une organisation au service du message évangélique (et de la défense de son intégrité à travers l’Histoire). Ce qu’elle est en fait ne coïncide pas avec ce qu’elle se doit d’être, en droit : elle demeure entâchée par les comportements, éventuellement déviants, des hommes qui la composent. La reconnaissance de ses dérives, nombreuses à travers l’Histoire, ne sauraient en retour occulter son apport décisif au processus de civilisation (au début de notre ère lorsque les monastères ont récupéré et sauvegardé les trésors culturels menacés par les invasions barbares, dans la promotion du corps -si étrange que cela puisse nous sembler- du fait de l’Incarnation -les Grecs dénonçaient chez les chrétiens des "philosomatos", des gens qui aiment trop le corps-, dans l’avènement de la conscience moderne et de la disparition de l’esclavage par la reconnaissance du caractère sacré de chaque individu -conçu comme "enfant de Dieu"- , etc. etc.).
      Ses insuffisances dans les faits ne peut signifier, pour elle, qu’un plus grand appel à se conformer, enfin !, à ce qu’elle est et se veut, en droit.

      S’appuyer sur ce qui reste bien des erreurs (et qu’elle reconnaît elle-même comme telles, comme l’indiquent les nombreuses repentances de Jean-Paul II qui ont tant troublé le monde catholique) pour prétendre vicié son projet dès l’origine, c’est, comme souvent dans ces affaires, jeter le bébé avec l’eau du bain.

      L’Eglise, comme chacun de nous, doit sans cesse tendre à devenir davantage elle-même, en se libérant de ce qui la plombe (comme, évidemment, ces "prêtres pédophiles" dont elle a maintenant pris la mesure) et la dénature.

      Concernant l’homosexualité, le Pape ne peut pas faire autrement que de rappeler le message qui a toujours été celui de l’Eglise, et qui se fonde sur les condamnations de l’homosexualité dans l’Ancien Testament. L’Eglise se fondant sur le judaïsme ("Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir"), elle demeure fidèle aux exigences de celui-ci.

      Ceux qui excluent a priori le message de l’Eglise (du genre de la citation en tête de ce message) sont bien plus sectaires qu’ils ne lui reprochent de l’être. Car elle n’exlue personne, pas même les homosexuels : on peut tout à fait être homosexuel et être catholique convaincu. Ainsi Verlaine. C’est même le lot de tout chrétien, si j’ai bien compris, de se reconnaître en situation objective de péché, ce qui l’invite à tendre à dépasser cet état pour se perfectionner. Etre reconnu pécheur (c’est-à-dire insuffisant) n’est jamais un frein, mais la condition de tout progrès, de tout dépassement de soi.

      Et puis, où est le problème, du moment qu’elle n’impose pas ses opinions ? Heureusement qu’il peut encore y avoir, dans notre société, diversité de points de vue ! Tant qu’elle ne rejette pas les personnes (les homosexuels par exemple) mais se contente de réprouver un comportement, je suis OK. Elle défend simplement une conception du monde et de l’homme qui n’est pas la mienne, mais elle est respectable et je me battrai pour qu’elle puisse la dire.