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Maxi-Livres vend un dictionnaire raciste et antisémite

Publie le samedi 24 septembre 2005 par Open-Publishing
12 commentaires

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU MRAP
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples

Le nouveau petit Littré : un dictionnaire qui banalise dangereusement les stéréotypes racistes

" Juif : (...) Etre riche comme un juif, être fort riche. Fig. et famil. Celui qui prête
à usure ou qui vend exorbitamment cher, et en général quiconque cherche à
gagner de l’argent avec âpreté. "

" Ghetto n.m. Quartier d’une ville où vit essentiellement une population juive.
(...) "

" Arabe n.m. Qui est originaire d’Arabie. Fig. Usurier, homme avide. (...) "

" Nègre (...) adj. Qui appartient à la race des nègres. Nation, race nègre. (...) "

" Jaune (...) Race jaune ou mongolique, race d’hommes occupant la Chine et la
Tartarie. Subst. Les jaunes, les hommes de la race jaune. "

Etc.

Telles sont les définitions que l’on trouve dans le " Le Nouveau Petit littré - Le dictionnaire usuel de la langue française ", diffusé en version grand public par Maxilivres, édité par les éditions Garnier en juillet 2005, et présenté comme étant une actualisation du célèbre dictionnaire Littré.

Le MRAP, saisi par des familles, et, après vérifications, exprime son indignation devant la parution de ce dictionnaire, qui se veut être un outil culturel de référence, alors qu’il est truffé des pires stéréotypes racistes que l’on croyait révolus.

Aussi le MRAP vient de demander à Maxilivres l’arrêt immédiat de la commercialisation dudit ouvrage. Il appelle les libraires, les diffuseurs, et les enseignants à boycotter ce dictionnaire indigne. Le MRAP étudie les suites judiciaires à donner à cette diffusion qui participe dangereusement à la banalisation et à la légitimation des stéréotypes racistes.

Paris, le 23 septembre 2005.

Messages

    • Brûler un livre serait faire exactement le jeu de ces intolérants. En revanche le stigmatiser, déclencher le débat et éventuellement être confronté à ses éditeurs serait un plaisir infiniment plus enrichissant ! :-)

      Isabelle

    • Utiliser la référence incontournable du Littré dans l’histoire des dictionnaires en le vendant comme un produit bon marché, sans avertissement, sans précaution, pour les petits budgets, à la rentrée scolaire en direction des enfants est criminel vu le racisme et l’antisémitisme qui suinte à l’intérieur. Ca donne une image plus nette des beaux siècles passés dans notre belle France.

    • Même datant du XIXe, des définitions antisémites et racistes n’en restent pas moins antisémites et racistes, donc tombent sous le coup de la loi, ce qui me semble normal vu la dangerosité de telles idées puantes. Au minimum, prévenir, le replacer dans le contexte.

    • Réponse au premier message.
      Ta démarche n’a rien à voir avec celle en question. Toi, visiblement, tu es un passionné de la langue française. Tu ne fais pas ça pour te faire du fric. Là, pour Maxi-Livres, le dictionnaire est vendu à 15euros50 avec publicitié en direction des collégiens et des lycéens sans aucune précaution ni avertissement. T’imagines le môme qui prépare un exposé et qui prend pour argent comptant ces définitions ! Derrière ce sont des escrocs et pas des amoureux de la langue française. D’ailleurs, le jour même, le pseudo-éditeur, absolument conscient du caractère illégale de la diffusion de telles idées, a fait immédiatement retirer de la vente le dictionnaire incriminé. Il a juste flairer le bon coup de fric avec un dictionnaire tombé dans le domaine public. Ceci dit, si j’étais toi, sur ton site, je prendrais les précautions qui s’imposent pour prévenir les personnes qui consultent ce dictionnaire du caractère antisémite et raciste de certaines définitions en les replacant dans le contexte historique. Et encore...

    • "Il a juste flairé le bon coup de fric avec un dictionnaire tombé dans le domaine public."
      Oui, je crois que c’est exactement ça ! Pas d’idéologie derrière tout ça, simplement le profit rapide, et à l’arrivée le dégré zéro du métier d’éditeur.

  • Avant cette note concernant le mot Juif, Littré précise " Figuré et familièrement ”. Problème : est-ce là une invention de l’auteur ? Suivent quelques citations, dont Molière qui dans l’Avare écrit : “Comment diable ! Quel juif, quel arabe est-ce là ? ...” Faudra-t-il donc interdire cette pièce (et bien d’autres), substituer à la mise à l’index catholique une laïque ? Inventer des filtres auriculaires qui, comme cela se fait sur Internet, filtreront les expressions malséantes ?
    Par ailleurs, je lis dans le “Petit Larousse ” de poche, qui à ma connaissance n’a jamais été inquiété : “Juif : (...) n. m.¨Péjor. : usurier ; homme âpre au gain.” Ecossais et Auvergnats sont également taxés d’avarice. Les a-t-on entendus s’indigner ?
    En somme, pour supprimer le racisme, il suffira d’interdire l’usage du mot...
    Guic

    • Encore une fois, il s’agit ici d’un dictionnaire présenté comme un "dictionnaire usuel de la langue française" à destination des jeunes. Ce dictionnaire est une version synthétisé du Littré originel qui lui comporte de nombreuses citations qui permettent de mieux comprendre le contexte. Là, c’est livré tel quel comme s’il s’agissait du sens courant à utiliser. D’ailleurs l’éditeur sait pertinnement qu’il risque gros puisqu’il l’a fait aussitôt retiré de la vente. Il faut voir le livre pour comprendre le danger qu’il représente.

    • Dans le dictionnaire vendu à Maxi-Livres, il n’est pas précisé " Figuré et familièrement ” avant "Etre riche comme un juif, être fort riche". C’est affirmé tel quel.

    • Les explications foireuses de l’éditeur :

      Un dictionnaire retiré de la vente pour des articles racistes dus à un bug informatique
      23/09 AFP : L’édition 2005 du Petit Littré va être retirée de la vente après un bug informatique ayant abouti à la publication d’articles racistes de l’édition de 1874, sans que le lecteur ait été averti qu’il s’agissait d’un élément historique, a annoncé vendredi son éditeur.

      L’éditeur du Petit Littré a indiqué dans un communiqué qu’ayant eu son "attention attirée par le MRAP" (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), il a "constaté qu’à la suite d’un traitement informatique, les symboles distinguant le texte d’origine du Littré du XIXe siècle, des ajouts de l’édition actuelle, avaient disparu".

      "Cette coquille informatique pouvant entraîner des erreurs d’interprétation sur des mots dont les usages de l’époque sont évidemment aujourd’hui inacceptables, l’éditeur a décidé de rappeler l’ensemble des ouvrages" de l’édition 2005, a-t-il ajouté.

      L’édition 2006 fera "très clairement apparaître les articles et les sens issus du Littré du XIXe siècle et comporte un avant-propos signalant et expliquant ces évolutions", a ajouté l’éditeur qui a souligné, à l’AFP, que l’édition 2004, parue avec cette distinction, n’a occasionné "aucun problème".

      Parmi les rubriques en question figurait le mot +Juif+ : "Etre riche comme un juif, être fort riche. Fig et famil. Celui qui prête à usure ou qui vend exorbitamment cher, et en général quiconque cherche à gagner de l’argent avec âpreté". Ou encore le mot +Nègre+ : "Qui appartient à la race des nègres. Nation, race nègre".