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Cuba : l’internationalisme médical

Publie le dimanche 25 septembre 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

Fidel Castro vient d’annoncer la création d’un contingent de médecins spécialement formés pour intervenir dans des situations d’urgence, lors de catastrophes naturelles ou d’épidémies. Une annonce qui intervient peu après que Cuba a offert d’envoyer plus de 1500 médecins en Louisiane, afin d’aider les habitants après le passage dévastateur de l’ouragan Katrina.

De Sara Roumette

Ils sont plusieurs milliers, une foule disciplinée, remplissant les gradins du stade couvert de la Cité des Sports de La Havane. Tous vêtus de leur blouse blanche de médecin ou d’infirmière, certains équipés d’un sac à dos kaki flambant neuf, rempli de médicaments de première urgence. Ces jeunes docteurs, dont une partie est là pour recevoir leur diplôme de fin d’études, sont réunis autour de Fidel Castro pour un discours radio télévisé du dirigeant cubain.

Ce lundi 19 septembre, Fidel Castro annonce la création d’un « Contingent International de médecins spécialisés en situations de désastres et de graves épidémies », destiné à intervenir en cas de catastrophes naturelles à l’étranger. Le nom est déjà trouvé : ce sera le contingent « Henry Reeve », du nom d’un jeune nord-américain qui avait participé aux luttes indépendantistes cubaines à la fin du XIXe siècle.

Ce contingent, qui comprendra plus de 3 000 personnes, reprend en l’agrandissant, la formation initiale de 1 586 médecins que Cuba a proposé comme aide aux Etats-Unis, le 4 septembre dernier. Au lendemain du passage de Katrina, qui a dévasté la Nouvelle-Orléans, Cuba avait proposé d’envoyer immédiatement sur place d’abord 1 100 puis 1586 médecins, accompagnés de 34 tonnes de médicaments.

« Ceci est une offre sincère de paix, sans conditions, nous prenons tous les frais à notre charge, même le transport » avait répété Fidel Castro lors de plusieurs apparitions à la télévision cubaine.
Un médecin cubain sur quatre

Le fait d’envoyer des médecins à l’étranger n’a rien d’exceptionnel à Cuba, malgré la déstabilisation que cela entraîne, mathématiquement, pour le système de santé national. Actuellement, plus d’un médecin cubain sur quatre (17 000 médecins sur 66 000 en tout) exerce à l’étranger, que ce soit massivement comme au Venezuela -où plus de 14 000 médecins pratiquent leur spécialité dans des zones marginales-, ou de façon plus ponctuelle, comme lorsque l’ouragan Mitch avait dévasté l’Amérique centrale en 1998. Cuba avait alors envoyé dans l’urgence des centaines de médecins, face à la pénurie de praticiens sur place. Des accords avaient ensuite été signés avec le gouvernement cubain, à travers lesquels des missions continuaient à fonctionner dans ces pays.

Ainsi, début septembre, la décision du gouvernement du Honduras de mettre un terme à l’un de ces accords a entraîné une protestation massive de tous les maires du pays, devant laquelle le gouvernement a dû reculer. Les 300 médecins cubains, qui travaillent en majorité dans des zones rurales sans autres accès aux soins, resteront donc au Honduras un an de plus.

De même, à Haïti, les 550 médecins cubains en mission sur place ont continué leur travail sans interruption dans tout le pays, malgré la situation politique chaotique des deux dernières années.

Guerre froide

Cet internationalisme médical, de première importance pour les pays pauvres auxquels il s’adresse d’habitude, est plus surprenant quand il se tourne vers les Etats-Unis. Fidel Castro a largement répété que son offre généreuse était dépolitisée et répondait à une préoccupation humanitaire. « Personne ne penserait qu’une telle aide puisse être considérée comme une offense ou une humiliation » s’est étonné le dirigeant cubain lundi.

Mais quand il s’agit des relations entre Cuba et les Etats-Unis, il est difficile de passer outre la politique, d’un côté comme de l’autre. C’est d’ailleurs ce qu’a montré La Havane en refusant l’aide financière des Etats-Unis (ainsi que celle de l’Union européenne, avec laquelle elle est en froid) après le passage du cyclone Dennis, en juillet.

La guerre froide qui persiste entre La Havane et Washington depuis 46 ans, faite de déclarations et de gestes symboliques, s’incarne étrangement dans ce nouvel épisode : d’un côté, un beau geste, en apparence absolument généreux, auquel répond un silence, en apparence absolument indifférent, de l’autre.
Car les Etats-Unis n’ont toujours pas répondu directement à la proposition de Cuba. Seul le porte-parole de la Maison blanche, Scott McClellan, a commenté qu’en ce qui concernait l’offre cubaine, il espérait plutôt « que Castro offre la liberté à son peuple ». Une réponse indirecte, qui n’a pas été reprise par les médias cubains.

http://rfi.fr/actufr/articles/069/article_38734.asp

Messages

  • « que Castro offre la liberté à son peuple »

    en voila qui ne manquent pas d’air, surtout quand on représente un pays qui avait mit en esclavage et plongé dans la misère (traffiquant, mafia, prostitution, famines, pauvreté, bidonvilles, analphabétisme, maladie, paradis fiscal, etc...) le peuple dudis pays il y a quelques années.
    Surtout que le jour ou Castro sera mort, ils ne se géneront pas pour soudoyer, assassiner, corrompre, son successeur ou juste mettre leurs moyens financiers à l’oeuvre pour faire élire un de leurs hommes de paille, dans le but pur et simple de recommencer la ou ils avaient finit avec Cuba. Et voila comment en quelques années ils se remettront a retransformer Cuba en colonie des Etats Unis.
    Esperons que Castro laissera suffisaement "d’armes" (éducation, santé, économie stable, structures publiques) aux citoyens cubains pour se défendre (et défendre leurs acquis) face au colonialisme des USA.

  • Je trouve cet article particulièrement partial et malhonnête.

    D’abord, parce qu’il met sur le même plan la plus grande puissance mondiale, qui se permet d’envahir les pays dont elle veut s’emparer ou d’assassiner leurs dirigeants quand ceux-ci menacent les libertés des riches (voir Alliende) et un îlot perdu au milieu d’un immense marigot de requins qui survit malgré les coups de boutoir répétés.

    Ensuite, dire : «  La guerre froide qui persiste entre La Havane et Washington depuis 46 ans, faite de déclarations et de gestes symboliques » c’est omettre que Cuba a subi et subit encore des attaques frontales (bien loin d’être des « gestes symboliques ») de la part des Etats-Unis.

    Pour exemples : l’affaire de la baie des Cochons (voir : http://vdedaj.club.fr/cuba/npa_baie_des_cochons.html

    Et l’embargo imposé par les US et qui remonte à la nuit des temps.

    D’autre part, quand les Etats-Unis auront libéré leur propre peuple, leur auront donné accès à l’éducation afin qu’ils ne sombrent pas dans la misère (n’a-t-on point vu ces milliers d’habitants de la Nouvelle Orléans qui n’avaient pas de quoi se payer le bus pour fuir la catastrophe ?), ils viendront donner des leçons à Cuba.
    Pour l’instant, c’est l’inverse qu’on peut observer. Castro protège et instruit son peuple et le peuple protège Castro. Dire le contraire, c’est avaliser la propagande en provenance des pays dits « riches » - et en particulier des Etats-Unis qui visent, sans doute, à récupérer l’île pour en faire un lieu de misère et de corruption. Comme ils savent si bien le faire.

    Pas étonnant que Castro se réjouisse de pouvoir proposer des milliers de médecins aux arrogants Yankees, incapables d’en trouver suffisamment sur leur propre territoire, tellement ils se sont appliqués à produire de la chair à canon et des machines à tuer.

    Quant à suggérer que ces médecins pourraient manquer sur place... c’est encore chercher à désinformer.
    Je me suis laissé dire qu’ils avaient un système de santé très performant ET accessible à tous. Ce qui une fois de plus contraste avec ce qui se passe dans le "Pays de la Liberté" où 45 millions de citoyens n’ont pas de couverture sociale.

    Alors, de quelle "liberté" parle-t-on ?

    emcee

  • quelle différence entre les effets d’un cyclone aux USA et à CUBA ??

    c’est la différence entre le Capitalisme et le Socialisme même bancale !!

    arlequin