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Apprentissage et émeutiers (pas zaz)

Publie le jeudi 10 novembre 2005 par Open-Publishing

Tout le monde fait le bilan post-émeutes, on voit pas pourquoi nous-mêmes on s’en priverait.

Nous exprimions hier ou avant-hier qu’il serait déterminant de savoir ce que pensent les autochtones par rapport aux allogènes organisateurs des récents sons et lumières. Eh bien voilà, grâce à la diligence du journal Le Parisien, nous disposons depuis tôt ce matin, d’une radioscopie de la situation psychologique et politique du Pays.

1° Les Français nettement réprobateurs. Mais aussi, justes et humanistes

 86% des Français se disent scandalisés par les violences
 83% sont pour l’apprentissage dès 14 ans
 73% sont favorables au couvre-feu.

On voit donc que globalement les Français ne sont sans doute pas du tout favorables à ce qu’on brûle leurs bagnoles (lesquelles leur coûtent pourtant sur l’année un fric maximum). On ne doit pas s’étonner que certains clichés (particuliers et fallacieux) continuent à créer durablement des gaps : la compréhension entre les communautés seraient meilleure si le sale ado d’à côté n’avait pas fait gueuler à ébranler les murs son rap ou son raï à 3 heures du matin pendant toutes les nuits de cet été. Nous trouvons que malgré tout ça il y a des signes qui sont assez sympas.

14% des Français n’expriment rien contre, excepté contre le gouvernement et contre toutes les crises supposément insolubles, dont la dernière, la plus marrante et la mieux organisée est la "crise" du logement.

Beaucoup de Français, mais il faut l’admettre aussi pas mal de journaux pour une fois, ont reconnu qu’il y avait un vrai problème dans les banlieues, il serait temps d’ailleurs de voir qu’il y a aussi un vrai problème partout en France chez les Français banalement moyens.

Bon point aussi, le traitement repressif de l’émeute n’a pas été supérieurement maladroit comme on eût pu craindre, on n’a pas envoyé l’armée, elle nous eût amené dans les deux mois un Irak à Paris, peut-on le regretter

2° L’apprentissage. L’important, le grand inattendu est la redécouverte par la France des vertus de l’apprentissage : En quelques jours ça devient une passion chez les Français, il suffisait hier d’écouter Europe 1 vers 18 heures

Lancé par Villepin pour résoudre notre mal des banlieues, l’apprentissage apparaît comme le souffle nouveau qu’on attendait, à la fois la NEP et le New Deal.

Donc, outre gardes (pour valoriser les stages de boxe thaï qui ont été longtemps la base même de la vie associative dans les "quartiers"), outre maître-chien, on pourra être coiffeur à 15 ans, vitrier à 16, boucher (hallal) à 17, charcutier (plus délicat, beaucoup plus), technicien d’ascenceur combalusier, fabricant qualifié et à son compte de décodeurs télé.

On remercie le monde où nous vivons, l’esprit du siècle, de n’avoir pas penché de trop pour un "Arbeit macht frei", pour des "Chantiers de jeunesse", pour des Championnats du nombre, des marathons massifs moldaves ou québècois.

On aura tout au plus noté les réactions de Ségolène Royal, dont le Nouvel Observ fait la promo depuis deux mois : Ségolène, si nous avons bien compris, prône le recours à un Service national militaire ou civil (Elle, elle l’a fait dans le génie ! voyez le bénéfice)

L’engouement nouveau donc pour l’apprentissage -tant du gouvernement que des Français- est tel qu’on est en passe d’exiger le CAP de mitron pour l’entrée à l’ENA ou HEC. Ce serait l’application du principe de l’ascenceur social et de l’égalité des chances.

Nous, de notre côté, on privilégie, plutôt que toutes les autres formules évoquées plus haut, Baden Powell et le scoutisme, ça prend jeune dès le niveau du louveteau. Paf, dans les banlieues, tous la BA à la bouche, tous bien élevés : un rêve ! Bien sûr, il y a risque d’y avoir pénurie d’aveugles à faire traverser (on les fera venir du Luxembourg ou du Palais Bourbon].

Conclusion

Les conclusions des récents événements ne sont pas toutes tirées. Cette révolte, cette révolution peut-elle essaimée, peut-elle générer de la pensée créatrice dans la société française ? La France est, ainsi qu’on sait, très maline question création dans la haute couture, la création d’entreprises, la production cinématographique : tiens, on vient de voir un film à la télé où y a de la même famille le père, la fille et le fils. Il manque encore à la France le Saint-Esprit. Les potes, si on cherchait à le trouver ?!

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On pourra lire aussi avec profit :

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

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