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L’envoyé spécial de « Libération » à Tunis violemment agressé

Publie le dimanche 13 novembre 2005 par Open-Publishing
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Christophe Boltanski, qui enquêtait sur les droits de l’homme en Tunisie, a été passé à tabac et a reçu un coup de couteau • Notre journal adresse les plus fermes protestations aux autorités tunisiennes après cette agression dans une capitale particulièrement quadrillée par la police •

par François SERGENT
LIBERATION.FR : samedi 12 novembre 2005 - 16:04

Un journaliste de Libération, Christophe Boltanski, a été passé à tabac et blessé d’un coup de couteau vendredi soir à Tunis dans des conditions suspectes. Christophe Boltanski a été attaqué vers 21H45 rue de Palestine dans un quartier d’ambassades à proximité de son hôtel par quatre hommes. Cheveux courts, vestes de sport, les quatre hommes ont aspergé notre envoyé spécial d’un gaz lacrymogène. Ils l’ont ensuite frappé notamment au visage et lui ont donné un coup de couteau dans le dos. Christophe a appelé au secours mais les nombreux policiers en faction devant l’ambassade de la République tchèque à proximité ne sont pas intervenus. Ses affaires, papiers, carnets de note, clef USB, téléphone... ont été dérobés.

Après avoir copieusement passé à tabac notre envoyé spécial, l’un des hommes a dit en Français « c’est assez ». Christophe a pu rentrer à l’hôtel. Un médecin a constaté de nombreuses contusions et une blessure au couteau de quatre centimètres de long et d’un centimètre de profondeur.

Le consul de France en Tunisie a rendu visite à notre journaliste qui devait rentrer samedi en France. Un commissaire de police tunisien est venu vendredi soir à l’hôtel mais a refusé d’enregistrer une plainte.

Christophe Boltanski enquêtait sur les droits de l’homme en Tunisie à la veille du sommet sur l’information qui se tient à Tunis la semaine prochaine. Le matin même, il avait publié un article dans Libération sur le tabassage de militants des droits de l’homme par des policiers en civil).

Libération a pris contact avec le ministère français des Affaires étrangères. Notre journal adresse les plus fermes protestations aux autorités tunisiennes après cette agression dans une capitale particulièrement quadrillée par la police, surtout à la veille de cette réunion de l’ONU où le régime tente de présenter son meilleur visage.

Le pouvoir tunisien est coutumier des manœuvres d’intimidation des défenseurs des droits de l’homme, opposants et journalistes fréquemment passés à tabac et soumis à des surveillances quotidiennes mais c’est la première fois qu’un journaliste français est ainsi agressé dans ce pays. Samedi, le gouvernement tunisien a dit avoir arrêté deux suspects, sans fournir davantage de détails.

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