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Françaises, Français... Je vous ai compris...Vieille comptine remixée au goût du jour

Publie le mardi 15 novembre 2005 par Open-Publishing
9 commentaires

de Franca Maï

Vous êtes un peuple majoritaire, viscéralement râleur et frileux.

Alors je vous livre des caméras de surveillance à profusion et plus de 1800 "robocops" neufs et rutilants pour aller mater vos enfants qui hurlent leur désespoir dans les banlieues poubelles et que nous nommerons confortablement délinquants pour plus de commodité et de compréhension universelle.

Vous ne supportez pas la misère engrangée à vos portes, elle fait désordre et elle vous renvoie aux images du tiers-monde. La pauvreté est toujours plus compréhensive ailleurs. Surtout au soleil et à distance.

Vous ne supportez plus la vue de ce spectacle nihiliste engendré par les carences d’une société mercantile, alors je me déleste de vos quelques gênes éthiques et vous offre le couvre-feu prolongé à souhait. Capote efficace pour stopper la prolifération de germes insurrectionnels non contrôlés en vous assurant une tranquillité muséographique et grabataire.

Vous tremblez dans vos chaumières -balisées par les crédits ou les héritages- face à la haine ingrate de cette sous population anormalement à cran et fortement attirée par les allumettes. Je vous offre la violence légale et vous autorise la création de « milices citoyennes et républicaines » pour débusquer les fauves et nous les livrer. Vous êtes également un peuple féru de divertissements. Le jeu du chat et de la souris vous change de l’anxiolytique télévisuel et vous autorise de nouvelles amitiés viriles. Sans permis de chasse.

Vous ne supportez ni le mélange ethnique, ni la langue chantante et imagée accouchée. Ce nouveau dialecte perturbe vos oreilles précieuses. Après tout la fête de la musique est tolérée un jour par an et cette entorse est amplement suffisante.

Le travail demande du sérieux, de la rigueur et un langage châtié.

Françaises, Français lorsque vous ne resterez plus qu’entre gens de bonne compagnie, je m’évertuerai à vous titiller avec d’autres lois et interdits corsés pour que vous vous auto détruisiez car voyez-vous, l’ennui est ma hantise et mon fardeau.

Défricher me tétanise. Je préfère colorier le modèle des réputés puissants.

Je ne connais que le bâton pour faire avancer les ânes.

Françaises, Français le monde vous regarde. Soyez à la hauteur des dividendes attendus.

La France fait un chèque en blanc au tout sécuritaire. Par paresse et en apnée. Avec votre bénédiction. Merci. Vous avez d’ores et déjà voté pour moi.

Ne venez pas vous plaindre après...

http://www.e-torpedo.net

Messages

  • pour une fois le beauf aviné ne trouve rien à jeter dans l’article de madame Franca mai .
    comme quoi ............
    claude de toulouse .

  • Il n’a rien dit il ne propose rien,
    Singulier décalage....

    Pas de blé pas de fric, seulement un service civil volontaire qui ne créera aucun emploi, qui ne réparera aucun banlieue, rien qui puisse faire reculer le racisme des patrons, rien qui permette de mieux former, mieux éduquer, rien...

    La seule chose palpable, réelle, concrète, dont on est sûr que les moyens existent c’est la fermeté , la police et les juges.

    L’intervention de Chirac a donc été miserable.

    Les banlieues n’ont pas fini de souffrir...

    Copas

    • UN SERVICE CIVIL VOLONTAIRE !
      ce qui permettra , entre jeunes de banlieues , de faire l’apprentissage de la mixité sociale et d’apprendre les VALEURS DE LA REPUBLIQUE , car ce dispositif est clairement ciblé , nouveau ghetto pour les pauvres , sauf à etre obligatoire , mais ça coute des sous , croyons nous un seul instant qu’il y aura beaucoup de jeunes des quartiers biens comme il faut , qui ont avalé les valeurs de la republique en tetant leur blondes mamans , qui seront volontaires ?
      claude de toulouse .

    • Je ne partage pas votre pessimisme de fond à tous.
      Une prise de conscience, aussi modeste ou intéressée puisse-t-elle etre, doit forcément avoir eu lieu chez ces messieurs de la haute (haine).
      Evidemment que cette vieille baderne de Chirac n’en a perso rien à cirer de tous ces p’tits gars qui crament des bagnoles comme un prisonnier cramerait sa paillasse.
      Cependant, vantard et plein aux as comme nous le savons, il n’est pas impossible qu’il finisse par avoir un sursaut d’orgueil mégalo, histoire de ne pas passer à la postérité en tant que président ayant le plus merdé dans la gestion de la chose publique de la Vème.
      Le fait qu’il se soit "rebinoclé" est peut-etre bon signe (genre "Françaises Français, à présent j’y vois un peu plus clair !!!").

      On peut toujours rever, non ?
       :)

      Un grand merci à Franca, dont j’adore le style, la fougue jugulée et le sens de l’à propos.

      Brunz

    • Nous n’avons pas un pessimisme de fond je pense, et le débat d’hier soir à la télé avec Copé l’a montré :
      Il n’y a rien de concret de proposé . Que du vent . L’histoire du service civil volontaire est totalement hors jeu là, car sans rapport évident avec la crise des banlieues.
      Même sur la fracture sociale Chichi avait été plus précis... Et on a vu ce qui c’est passé ensuite.

      On aurait pu souhaité autre chose, mais il faut vraiment avoir la foi du Charbonnier pour trouver quelque chose dans les gargouillis du Président...

      Reste la police et les condamnations, ça c’est du concret et à l’oeuvre déjà réellement.

      Les banlieues vont donc continuer à souffrir, même si les voitures bruleront moins.

      Copas

  • La formule détournée et pleine de sens était à l époque :
    Je vous hais ! compris ?
    Elle reste bien sûr au goût du jour.

  • Quand on est du bon côté, même si on est une belle âme compatissante, on souhaite avant tout ne pas voir les désordres envahir notre société. On souhaite que ces désordres restent dans leurs banlieues. On en parle un peu comme d’un autre pays. On est pour ou contre. Un peu pour mais avec beaucoup de réserves pour les belles âmes compatissantes. Franchement contre pour les autres qui ne veulent que leur tranquillité douillette et aseptisée. On en appelle à l’ordre républicain car l’ordre tout court fait un peu fasciste. On dit qu’on est tous des enfants de la république, même ceux qui crèvent dans leurs coins à cause de l’indifférence au mieux, ou du racisme et du rejet de l’autre pour le pire. Celui qui ne nous parait pas comme nous, on le souhaiterait pas trop différent de nous, pas trop dérangeant. Ou bien on le rejette carrément dans les poubelles de l’exclusion, dans un autre pays, si proche et pourtant tellement loin de la vie de ceux qui sont du bon côté.
    La grande majorité des politiques, Chirac et ses affidés en premier, veulent avant tout être élus par ceux qui sont du bon côté. Les autres ne votant pas pour cette république qui ne les accepte qu’en parole mais qui les rejette au quotidien. Donc, la grande majorité des politiques ne parlent et n’agissent que pour ceux qui sont du bon côté.

  • Chirac n’a jamais été une solution, Chirac a toujours été une partie du problème. Des problèmes devrais-je dire, tant cet homme a prouvé à de multiples occasions qu’il n’était ni compétent, ni volontaire, ni capable de la moindre empathie. Un véritable ectoplasme qui a multiplié les bourdes tout au long d’une carrière qui est malgré tout présentée par les commentateurs politiques serviles et sous-doués comme un modèle du genre.

    Et pendant que les marquis se placent à la cour, le peuple gronde. C’est toujours triste une fin de règne. Et en plus ça devient dangereux.

    Theoven.