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Pour financer les retraites, augmentons les cotisations !

Publie le mardi 13 décembre 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

Le mouvement de protestation des stagiaires contre leur statut ingrat - "sans contrat, sans salaire, sans droits" - est venu illustrer le constat désolant fait par de nombreux chercheurs : pour la première fois en période de paix, la situation des nouvelles générations est pire que celle des précédentes. Les stagiaires réclament ainsi, entre autres, le droit de cotiser afin d’avoir accès à la protection sociale...

Cela fait plus de quinze ans que le blocage des cotisations apparaît comme un préalable à toute réforme. Le taux de cotisation au régime général de l’assurance-vieillesse, par exemple, est ainsi figé (6,55 % pour la part salariale, 9,8 % pour la part patronale) depuis 1991, année du Livre blanc sur les retraites, qui pointait officiellement, pour la première fois, les difficultés de financement à venir...

Fidèle à cette logique, la réforme Fillon a choisi d’augmenter la durée de cotisation et de créer des dispositifs de capitalisation, en partant du principe que les jeunes actifs ne seraient pas prêts à payer plus de cotisations pour leurs parents. En continuant dans cette voie, il y a un risque que le revenu disponible des ménages soit plus faible qu’en cas de hausse des cotisations, ce qui pourrait engendrer une insuffisance de la demande globale.

De surcroît, l’écart entre les niveaux de vie des personnes âgées et des jeunes est de plus en plus important. Comme l’a souligné le sociologue Louis Chauvel, "hier, les pauvres étaient vieux et la pauvreté en extinction ; aujourd’hui, les pauvres sont jeunes". Cette fracture intergénérationnelle apparaît clairement au niveau de l’évolution de la répartition du patrimoine des ménages. Or, à revenu inchangé, après 60 ans, la consommation diminue avec l’âge en raison d’une plus grande sensibilité des personnes âgées à certains risques (santé, dépendance) et d’une "rigidification" des comportements (réduction des besoins, maintien d’habitudes). Le vieillissement de la population devrait donc s’accompagner d’une baisse de la part de la consommation dans le revenu national.

MUTUALISATION DES TRANSFERTS

Si l’importance croissante des transferts familiaux à destination des jeunes générations atténue les inégalités intergénérationnelles, elle renforce les inégalités sociales. Une mutualisation de ces transferts, sous forme d’un nouveau prélèvement sur les retraités, destiné à financer les besoins sociaux des jeunes, constituerait donc l’élément primordial d’un nouveau pacte générationnel, dont la contrepartie serait une hausse des cotisations des actifs garantissant l’intangibilité du système de répartition.

Cette hausse serait plus facile à mettre en oeuvre si elle était menée dans le cadre d’une politique européenne, car, si les entreprises la répercutaient sur les prix, il n’y aurait aucune différence de compétitivité à l’intérieur de la zone euro. En revanche, elles subiraient une perte de compétitivité vis-à-vis des producteurs situés hors de cette zone.

Mais, sur ce point, il est nécessaire de rappeler quelques ordres de grandeur. Selon le Conseil d’orientation des retraites, sans tenir compte des moyens accumulés par le Fonds de réserve et les différents régimes, les besoins de financement à l’horizon 2040 pourraient être assurés par une hausse des cotisations d’un minimum de 9 points (15 points pour maintenir le taux de remplacement à 78 %), soit un accroissement du coût du travail de 6,3 %... sur quarante ans. A titre de comparaison, les entreprises européennes ont dû faire face, entre le 26 octobre 2000 et le 28 décembre 2004, à une appréciation de près de 63 % de l’euro face au dollar.

par ANTOINE RÉMOND
Doctorant en économie à l’université Paris-XIII

Article paru dans le supplément Economie du Monde du mardi 13 septembre

Messages

  • C’est totalement inacceptable ! je cite Une mutualisation de ces transferts, sous forme d’un nouveau prélèvement sur les retraités, destiné à financer les besoins sociaux des jeunes, constituerait donc l’élément primordial d’un nouveau pacte générationnel

    S’il y a lieu, les "besoins sociaux" sont à couvrir par l’impôt sur le revenu : les cotisations sur les retraites sont injustes. Les retraités subissent déjà une baisse de pouvoir d’achat continue.

    De même une hausse des cotisations des actifs garantissant l’intangibilité du système de répartition. : la hausse des cotisations doit être aussi patronale.

    P. Bardet

  • Si c’est un prelevement progressif, moi ça me va tout à fait. Qu’a fait Sarkozy l’annee derniere ? Des dons des vieux vers les jeunes exoneres d’impôt. C’est scandaleux !

    Stephane

  • ARRETONS LES CONTORSIONS POUR LE FINANCEMENT DU SOCIAL. Il n’y a jamais eu autant d’argent dans les entreprises qui ont réussi, en 20 ans, à baisser la part du salaire de 70 à 60 % de la valeur ajoutée, au profit de la finance. L’entreprise faisant tout pour éviter le financement du social car il est lié au salaire : automatisation, délocalisations, chômage, énormes exonérations de charges...

    UNE SEULE SOLUTION POUR FINANCER -TRES FACILEMENT- LE SOCIAL ET L’EVOLUTION DES BESOINS : LA CSE ou COTISATION SOCIALE D’ENTREPRISE basée que un % de la Valeur Ajoutée produite qui évoluera avec la productivité et l’innovation.
    Cette réforme progressiste permettra : 1/ une forte baisse du coût du travail de 29 % (par la suppression des cotisations patronales liées aux salaires, la salarié payant comme maintenant la part ouvrière) ; 2/de favoriser l’emploi et de soulager les entreprises fortes utilisatrices de main-d’oeuvre ; 3/ du supprimer toutes les exonérations de charges patronales ("aubaines" très coûteuses pour la collectivité) ; 4/de récupérer un énorme montant de cotisations sociales venant d’entreprises très rentables (multinationales) ayant un ratio très élevé Valeur Ajoutée / Coût main d’oeuvre ; 5/ de faire évoluer les ressources de la protection sociale avec la productivité et le développement économique (si notre effort de recherche évolue de 2,1 à 4-5 % du PIB).
    Sur une base de 1,8 % de croissance/an, les cotisations de la CSE (Contribution Sociale d’Entreprise) doubleront, en Euros constants, en 39 ans, ce qui permettra, avec les cotisations salariales et la CSG, de couvrir largement l’évolution des besoins sociaux pour retraites, santé, travail et solidarité nationale, tout en assurant une progression constante du pouvoir d’achat des salaires et des profits pour réinvestissement et rémunération du capital.

    UNE TELLE REFORME, FONDAMENTALE NON POUR "SAUVEGARDER" MAIS DEVELOPPER LA PROTECTION SOCIALE DU PAYS -DE TOUS LES PAYS D’EUROPE-, NE PEUT ETRE REALISEE QUE PAR UNE GAUCHE POLITIQUE QUI GARANTISSE LE BON FONCTIONNEMENT D’UNE ECONOMIE DE MARCHE A FINALITE SOCIALE, CE QUI DOIT ETRE LE CAS POUR TOUTE ENTREPRISE HUMAINE.

    Jean CAPLANNE, Conseiller d’Entreprise, 40360-POMAREZ