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8 JUILLET : GREVE GENERALE RECONDUCTIBLE DU SPECTACLE

Publie le samedi 5 juillet 2003 par Open-Publishing

NOUS N’ACCEPTONS PAS LE MAUVAIS ACCORD DU 26 JUIN
GREVE GENERALE RECONDUCTIBLE DU SPECTACLE
A COMPTER DU 8 JUILLET

L’accord du 26 juin sur l’assurance chômage des professionnels du spectacle
est un mauvais accord. Ceux qui disent le contraire ne l’ont pas lu ou
mentent. Malgré la campagne publicitaire honteuse de l’UNEDIC pour
promouvoir ce nouveau système avant même son agrément (qui a coûté les
allocations annuelles de combien de chômeurs ?), et malgré les expressions
enthousiastes du ministre de la Culture, cet accord pêche par de nombreux
aspects.
· Il exclut des milliers de professionnels de toute indemnisation : la
réduction de la période de référence de 12 mois à 10 mois et demi, pour
minimal que cela puisse paraître, n’est pas du tout conforme aux réalités du
" marché de l’emploi ".. Si les critères actuels sont de 507 heures en 12
mois, c’est parce qu’il y a plusieurs décennies on a confirmé que cela
correspondait à un rythme de travail ordinaire (auparavant on était à 520
heures quand la durée de travail était à 40 heures). Par ailleurs, le refus
d’intégrer des heures de régime général (qui peuvent l’être aujourd’hui sous
certaines conditions), va accentuer les difficultés d’accès, accroître les
inégalités et certainement pas combattre les " arrangements ".
· Le remplacement d’une date anniversaire " préfixe " par un réexamen (et
éventuelle réouverture) des droits à l’épuisement de 243 allocations rend le
traitement des dossiers encore plus aléatoire et inégal qu’aujourd’hui. Deux
personnes avec les mêmes parcours, travaillant éventuellement sur le même
spectacle, peuvent avoir des allocations variant du simple au double. Malgré
la publicité de la CFDT/MEDEF/UNEDIC/ministère, de nombreux artistes
travaillant au cachet, avec des salaires moyens, vont voir leur allocation
baisser. Et leurs allocations s’arrêteront au bout de 8 mois, plutôt que 12
comme aujourd’hui, s’ils ne travaillent pas dans les mois qui suivent l’
ouverture de leurs droits.
· De plus, le nouveau calcul du décalage, c’est-à-dire le nombre de jours
non indemnisés au cours d’un mois quand on travaille, est éminemment
inéquitable. C’est celui des deux qui aura eu le plus gros salaire
journalier moyen dans l’année précédente qui aura le plus de jours
indemnisés pour ce mois de travail, et au meilleur taux !
· Malgré les affirmations des signataires et de leurs alliés, la franchise n
’est pas réduite pour tout le monde. De fait, l’instauration d’une franchise
minimale peut sévèrement accentuer la franchise pour certains, même pour des
salaires moyens. La baisse de 30 jours pour toutes les franchises, qui ne
semble bénéficier d’ailleurs qu’au mieux lotis, est en fait un leurre même
pour eux !
· La publicité dit que l’on va " professionnaliser " le cadre des annexes.
Pourtant, l’accord fait fi des conventions collectives : Seulement 26
cachets par mois ou 6 par semaine peuvent être pris en compte. Dans la
convention collective des théâtres privés, pour ne citer qu’un exemple, nous
sommes payés pour 30 cachets par mois ! Que deviennent ces cachets
supplémentaires ? Payés au noir ? Et les bonnes semaines, où on aurait
peut-être une radio, un tournage ou un doublage en plus ? C’est de plus en
plus rare, mais cela arrive. N’est-ce pas une des marques possibles de
professionnalisme ?
Ce ne sont que quelques-unes des distorsions que les signataires et leurs
alliés imposent comme des " avancées significatives ". En fait, ce projet
est injuste, inéquitable et inefficace pour lutter contre les vrais
problèmes auxquelles les annexes sont confrontées : trop de travail non
déclaré, abus des contrats à durée déterminée d’usage par de nombreuses
entreprises.
L’accord aggraverait les deux problèmes.
Le ministre de la Culture est l’otage du MEDEF et de ses alliés de la CFDT.
Bon élève, il veut mettre en ouvre la ligne gouvernementale, qui consiste à
accentuer les " réformes " libérales de tous les régimes de protection
sociale. On a commencé sous le précédent gouvernement avec le PARE, on a
continué avec les retraites, on compte ré-attaquer à la rentrée avec l’
assurance maladie. Les forces mortifères du patronat -et ses sbires-
semblent avoir pensé que leurs mensonges convaincraient rapidement les
forces vives du spectacle vivant et de l’audiovisuel. Mais la rapidité et l’
ampleur de la réaction des professionnels a dû le surprendre.
La concertation sur l’environnement social et économique de nos secteurs d’
activité, que nous demandons depuis au moins un an, nous a été refusée. Mais
maintenant on semble découvrir que la culture " spectaculaire " est
productrice elle-même de richesses (3,5% du PIB). Pourtant, par pure
obstination idéologique, le résident de la rue de Valois et son maître à
Matignon semblent prêts à sacrifier des pans entiers du secteur culturel,
mais aussi de nombreuses petites et moyennes entreprises, des artisans, tous
ceux qui gagnent leur vie parce que les artistes et techniciens créent des
ouvres que le public apprécie.
Il faut ouvrir les yeux et les oreilles de ceux qui nous gouvernent, faute
de pouvoir toucher leurs cours.
Le gouvernement a le pouvoir de surseoir à l’agrément de ce texte inique, d’
ouvrir une véritable expertise de son contenu, de ses effets et de l’
environnement dans lequel il s’insère, avant de demander aux partenaires
sociaux de reprendre la négociation. Cela s’est déjà produit avec nos
annexes, sous Martine Aubry, ou avec le PARE, à deux reprises. Pendant ce
temps, nos annexes actuelles continueraient à produire leurs effets,
protégées par la Loi du 21 février 2002, que nous avons obtenue l’an dernier
grâce à nos luttes.
Le seul moyen qui nous reste pour bousculer la rigidité de ces hommes
politiques est une grève massive, déterminée, unitaire et solidaire ! Ca y
est, la pédagogie est faite, le public averti.

Le SFA, avec sa fédération, appelle tous les artistes-interprètes à cesser
le travail dans tous les domaines, théâtre, cinéma, télévision, radio,
doublage, cirque, cabaret, bal, etc. à compter du mardi 8 juillet à 0h00, et
à se déterminer ensuite pour reconduire cette grève jusqu’à ce que le
gouvernement confirme qu’il ne donnera pas son agrément à l’accord du 26
juin et appelle les partenaires sociaux à le renégocier. Il en a le pouvoir,
il doit l’utiliser. Nous avons le pouvoir de nous faire entendre. En
arrêtant de jouer. Dans de nombreux endroits, nous sommes déjà en grève
depuis le 26 juin. Partout ailleurs, nous nous arrêterons le 8 juillet.