Accueil > Commissions "Histoire et mémoire" : Non à la concurrence des victimes !

Commissions "Histoire et mémoire" : Non à la concurrence des victimes !

Publie le jeudi 29 décembre 2005 par Open-Publishing
1 commentaire

COMMISSIONS « HISTOIRE ET MEMOIRE » : NON A LA CONCURRENCE DES VICTIMES !

L’article 4 de la loi du 23 février 2005, en mettant l’accent sur « le rôle positif de la colonisation française » a soulevé de nombreuses critiques.
En demandant aux historiens de mettre l’accent sur les bienfaits de la colonisation et aux professeurs d’histoire de les enseigner, les législateurs ont non seulement défini l’opinion officielle de la République mais demandé aux historiens professionnels (chercheurs et enseignants) de la soutenir et de la diffuser, ce que l’on peut considérer comme une atteinte à la liberté de pensée et à la liberté d’expression et par conséquent une atteinte à la laïcité de l’Etat.

Loin de remettre en cause une loi qui mélange histoire et mémoire, le gouvernement propose de mettre en place des commissions chargées de définir les relations entre histoire et mémoire, comme pour mieux justifier le vote de cette loi.
C’est ainsi que le gouvernement demande au Président de l’Assemblée nationale de mettre en place une commission d’études, et que le président du parti au pouvoir, Nicolas Sarkozy, s’empresse de mettre en place à son tour sa propre commission d’études. Tout cela serait risible si n’entrait en jeu, chez certains, une volonté de réhabiliter la colonisation.

Le président de l’UMP a chargé, pour mener ce "travail approfondi sur la loi, l’histoire et le devoir de mémoire" (Le Monde du 25/12/05), Arno Klarsfeld, avocat bien connu qui a choisi depuis longtemps de défendre inconditionnellement la politique israélienne et qui participe à la lutte contre les Palestiniens en effectuant des périodes militaires dans l’armée d’Israël.
Comme l’explique le journal Le Monde, le choix d’Arno Klarsfeld serait un geste en direction de la communauté juive (édition datée du 25/12/05).

Outre la critique faite ci-dessus contre la mise en place de commissions de travail destinées à "sauver" une loi qui a provoqué de nombreuses protestations, protestations auxquelles l’UJFP s’est associée, le choix d’Arno Klarsfeld, compte tenu de son engagement, nous semble conforter le jeu de concurrence des victimes qui tend à s’étendre aujourd’hui.

Ainsi, le gouvernement et le parti qui le soutient, après une loi qui refuse de reconnaître les désastres de la colonisation, vont essayer de jouer victimes contre victimes, victimes du génocide contre victimes de la colonisation, pour mieux défendre une loi qu’ils savent être source de désordre.
Mais c’est peut-être ce désordre que cherchent des ministres qui espèrent ainsi s’appuyer sur une idéologie sécuritaire pour les prochaines élections présidentielles.

28/12/2005

Union Juive Française pour la Paix (UJFP), 21 ter, rue Voltaire, 75011 PARIS
Site : www.ujfp.org

Messages

  • Extraits de l’Interview d’Arno Klarsfeld, par Hervé NATHAN dans Libération du 30 décembre
    « Pour une solution d’apaisement » (sic !)

    (...)
    Question : C’est pourtant l’UMP qui est responsable de l’article prescrivant « l’enseignement positif de la colonisation » et qui a refusé de l’abroger, comme le souhaitait le PS...

    A.K. : Je ne suis pas d’accord pour abroger l’article 4 de la loi du 23 février 2005. La solution doit s’inspirer du discours lucide et courageux de Jacques Chirac au Vel d’Hiv’ en 1995 qui a reconnu les fautes de l’Etat français, mais aussi rappelé l’attitude courageuse de la population française. Pour la colonisation, il faut en rappeler les méfaits, la torture, les massacres, les injustices, mais aussi les aspects positifs. Une solution par amendement peut vite se dégager.

    Question : C’est le but fixé à Jean-Louis Debré par Jacques Chirac. Lui faites-vous concurrence ?

    A.K. : Certainement pas.Je voudrais simplement travailler à une solution d’apaisement, j’aimerais que les deux missions se complètent.

    Question : Quels sont les « bienfaits » de la colonisation ?

    A.K. : La France a construit des routes, des dispensaires, apporté la culture, l’administration... Je ne suis pas un spécialiste du sujet, mais le nier serait de l’aveuglement historique.

    (...)

    Question : Mouloud Aounit, président du Mrap, affirme que votre engagement pro-israélien vous disqualifie pour cette mission...

    A.K. : Mouloud Aounit prétend que je suis pour la colonisation en Palestine. C’est faux, je suis globalement pour le retour aux frontières de 1967 et le partage de Jérusalem. S’il le maintient, c’est qu’il pense que la colonisation juive commence en Israël même, et donc il est sur la position du président iranien.

    Question : N’est-ce pas introduire le conflit israélo-palestinien dans le débat français...

    A.K. : C’est lui qui introduit cet élément. Si l’existence d’Israël le rend malade, je n’y peux rien.


    quelques dessous politiciens : lire, de la La République des Lettres
    Nicolas Sarkozy confie une mission

    P. Bardet