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Bolkestein : les esclaves du palais de justice de Thonon les Bains

Publie le lundi 16 janvier 2006 par Open-Publishing
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Palais de justice de Thonon les Bains

Voici un communiqué d’Attac et de la CGT sur les conditions de
travail (ou plutôt d’esclavage) des ouvriers polonais qui construisent le
palais de justice de Thonon les Bains, la directive Bolkestein semble déjà appliquée là bas. Je me demande ce qu’en disent les
magistrats et fonctionnaires du futur TGI, et les chefs de juridiction, et
lachancellerie ?

31 salariés Polonais en grève à Thonon Leur PALAIS d’inJUSTICE !

Le récit que vous allez découvrir est hallucinant. Indignant. Nous
vous invitons à prendre le temps de le lire.

Il ne se passe pas dans une quelconque république bananière à l’autre bout
du monde, mais ici,tout près de chez nous à Thonon les Bains et en 2005.

Ils sont 31. Il y a quelques semaines ils étaient plus encore,
certains ont déjà rejoins leur Pologne natale dont ils s’étaient
expatriés de longs mois pour venir gagner en France les euros qui leur
permettraient de vivre un noël paisible en famille à leur retour.

Mais c’était sans compter sur des patrons voyous qui ont déjà très
largement anticipé l’esprit de la Directive BOLKESTEIN &
Depuis plusieurs mois, le Ministère de la Justice fait construire à Thonon
un nouveau Palais de Justice.

Les travaux ont été confiés à une grande entreprise de travaux publics que
nous pouvons citer puisque son nom est affiché en grand sur le fronton du
chantier, le groupe DUMEZ .

Ce groupe sous-traite certains travaux avec des entreprises locales,dont
l’entreprise A&.. (que nous ne pourrons pas nommer car deux plaintes ont été
déposées ces jours-ci contre elle pour utilisation de faux documents et pour
menace de mort). Cette entreprise, nouvellement implantée dans le Chablais,
dans la proche périphérie Thononaise, sous-traite elle-même avec une société
basée en Allemagne que nous nommerons la société D&. . Cette société
allemande sert en fait au rabattage de travailleurs Polonais qu’elle appâte
par petites annonces sur internet et dans la presse locale.

Voici la version des faits, tels qu’ils ont été racontés hier à la délégation de l’Union Locale CGT du Chablais qui a rencontré ces 31 travailleurs grévistes :
« Nous avons répondu aux annonces de l’entreprise D&. pour venir
travailler en France jusqu’à Noël. Le point de départ était fixé dans une
ville de Pologne à 200 kilomètres de la frontière allemande.

Au rendez-vous, il n’y avait pas de bus, un correspondant nous a dit de
nous rendre à la frontière par nos propres moyens, ce que nous avons fait.
Au deuxième point de rendez-vous, toujours pas de bus, un autre
correspondant nous a invité à traverser la frontière jusqu’à une ville
allemande où nous avons effectivement pris des minibus et des voitures
immatriculés en France, venant de Haute Savoie.

Ces voitures nous ont amenés à Perrignier dans une maison de 150 m2 environ
où nous logeons à 31.

Il n’y avait pas de matelas jusqu’à ces derniers jours, nous
couchions à même le sol, il y avait 60 litres d’eau chaude pour 31
personnes, et parfois plus (40) avant que nos collègues repartent en
Pologne.

Nous travaillions 8h par jour du lundi au vendredi et 5h le samedi
matin. Théoriquement, nous devions être payés 10 euros nets de
l’heure, mais nous n’avons pas touché de salaire depuis les deux mois que
nous sommes ici, certains ont seulement reçu 150 ou 300 euros d’acompte.
Nous n’avons plus un sou pour manger. De temps en temps les patrons de
l’entreprise A&.. nous achetaient un peu de nourriture, mais pas assez pour
31.

 » Notre interlocuteur nous montre une photo prise avant son départ de
Pologne pour prouver son amaigrissement, il a perdu plus de 15 kgs en deux
mois. Certains sont malades, l’un est blessé à la main, « le patron n’a pas
voulu l’emmener à l’hôpital. Plus grave encore : durant ces deux mois, un
salarié est tombé d’un toit et était blessé, nécessitant d’aller à
l’hôpital.

Il a été immédiatement rapatrié en voiture en Pologne !
Les patrons nous doivent 47 305 euros de salaires, nous sommes
déterminés à occuper le chantier jusqu’à ce que cet argent nous soit versé
(ils dorment depuis samedi sur le chantier) nous voulons un règlement à
l’amiable et rentrer chez nous pour Noël& ».

Dès vendredi, ils se mettent en grève et cherchent à alerter l’opinion
publique en posant de grandes banderoles « S.O.S 31 polonais en grève » sur
les frontons des bâtiments du futur Palais de Justice.

Dans la nuit qui suit, des faits extrêmement graves se sont produits :
les patrons, armés d’un pistolet et flanqués de nervis les ont
agressés vers 23h en voulant les forcer à monter dans deux minibus
pour repartir immédiatement en Pologne. Ni vu, ni connu, ils
pourraient toujours exiger leurs salaires depuis les bords de la
Baltique&.. Ils ont refusé et fait alerter la gendarmerie de Bons qui est
intervenue, mais après le départ des minibus. Toutefois

L’agression a pu être filmée par un téléphone portable, et une plainte a été
déposée pour menace de mort, à Perrignier et sur le chantier même.
Dès hier, l’Union Locale CGT a pris contact avec l’avocat qui a été mandaté
par le Consulat de Pologne.

Celui-ci est entré en relation avec le groupe DUMEZ qui se reporte sur
l’entreprise A&.. pour le paiement des salaires, qui elle-même se reporte
sur la société allemande.

Comble de l’ignominie, cette société allemande les a
enregistrés comme artisans et non comme salariés, bon prétexte pour ne pas
leur payer de salaires ! L’Inspection du Travail, déjà présente depuis le
début du conflit a été saisie.

Des élus locaux ont interpellé le Sous-Préfet pour éviter une expulsion du
chantier, ce qui anéantirait toute possibilité de pression sur les patrons
de l’entreprise A&.. pour le règlement des salaires.

Aux dernières nouvelles, le Groupe DUMEZ accepterait, d’après l’avocat, de
prendre en charge les frais de retour en Pologne, visiblement bien embêté
par cette situation qui entache lourdement son image de marque&On peuttout
de même se poser sérieusement des questions sur les critères retenus par ce
groupe pour sélectionner l’entreprise chablaisienne
A&.., sinon des prix de main d-Suvre défiant toute concurrence !!!!

Dès hier également, le collectif de Solidarité du Chablais leur venait en
aide d’urgence avec des vivres, des couvertures et l’appui d’un médecin de
la Croix Rouge qui doit les visiter ce matin.

A la CGT, pour ce qui la concerne, la solidarité internationale du
monde du travail n’est pas seulement un mot d’ordre de fête du 1er
mai.

Ces travailleurs, nouveaux esclaves du libéralisme sauvage du
21ème siècle, ont besoin de notre SOLIDARITE.
Immédiatement.

Le comble de cette tragédie, c’est que ces hommes sont venus
construire, ici, un Palais où demain sera rendu la Justice.

N’attendons pas la fin des travaux pour crier notre injustice et pour tout
faire pour leur rendre leur dignité. Il y a URGENCE.

L’Union Locale CGT collecte dès à présent vos dons, vous pouvez les adresser au syndicat CGT, ceux-ci seront remis au Secours Populaire de Thonon pour transmission au collectif de Solidarité du Chablais.

* chèques à l’ordre du Secours populaire du Chablais, un reçu vous
sera délivré

Messages

  • La lutte solidaire a été victorieuse : une première bataille a été gagnée, et la victoire est au bout du chemin !

    conclusion de l’article paru le 4 janvier sur RebelLyon.info

    Aujourd’hui, ils ont finalement pu être payé et ont pu retourner chez eux en Pologne. Les plaintes déposées suivent leur cours. L’union locale CGT de Thonon continue à suivre cette affaire, par l’intermédiaire d’une interprète sur place, notamment pour permettre à ceux qui sont partis avant les 31 ouvriers polonais, qui se sont mis en grève, de pouvoir eux aussi être régularisés au niveau des salaires. Par ailleurs, ils essaient de connaître les conditions d’autres ouvriers polonais qui travaillent sur de nombreux autres chantiers...

    adresse de l’Union Locale CGT
    UL CGT de THONON LES BAINS
    2 BIS MONTEE DE CRETE
    74200 THONON LES BAINS
    Téléphone : 04 50 71 79 78
    Télécopie : 04 50 71 39 05

    chèques à l’ordre du Secours populaire du Chablais , un reçu vous sera délivré.

    En Août 2005, un conflit similaire à St Nazaire, concernait aussi des salariés Polonais : une entreprise sous traitante d’Alstom, Gestal, avait elle-même sous-traité à un "employeur" polonais.

    L’union locale CGT de St Nazaire s’était mobilisée aux côté des salariés polonais. La lutte commune a porté ses fruits !

    Voir l’article Sous-traitance : la CGT a des exigences

    Et rendez-vous le 14 février à Strasbourg, contre la directive Bolkestein à l’appel des syndicats, et/ou le 11 février à l’appel des associations et partis politiques

    RESISTANCE et SOLIDARITE !

    Patrice Bardet, militant CGT