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Soutien

Publie le mercredi 9 juillet 2003 par Open-Publishing

Bonjour,

Je suis prof dans un collège du 19ème arrondissement. Ma fille est intermittente du spectacle.
Nous avons fait huit semaines de grève contre les licenciements, la décentralisation et le projet Fillon de réforme des retraites.
Vous avez le soutien des enseignants qui se sont engagés dans cette lutte sans équivalent dans l’histoire sociale de l’Éducation nationale.

Pour ma part, outre une solidarité instinctive, ce soutien a deux causes principales :
1) il est très important, pour vous, pour la culture et l’avenir des luttes sociales, que vous obteniez une victoire totale contre le Medef et le gouvernement qui le sert fidèlement.
2) Participer à vos assemblées générales, observer la manière dont vous menez ce combat, cela peut nous servir à comprendre ce qui n’a pas marché dans le nôtre.

En effet, la lutte des enseignants aura duré trois mois. Les régions en lutte qui débutaient les vacances scolaires de Pâques appelaient les autres à maintenir une permanence de la grève. Ce qui fut le cas.
Malgré ce mouvement formidable, enthousiasmant, et au terme duquel nous sommes conscients mais pas vaincus, nous n’avons quasiment rien obtenu de ce qu’étaient nos revendications initiales.

Nous avions :

- un mouvement puissant et déterminé, même si la grève reconductible elle-même n’a pas été majoritaire ;
- le soutien du public, confirmé par de nombreux sondages ;
- des revendications claires ;
- une mise en réseau des actions, des analyses ; des textes de l’OCDE, du Conseil d’État, de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, que nous avons étudiés ;
- une coordination nationale (même si l’on peut faire de nombreuses réserves sur le caractère démocratique de son fonctionnement).

Nous avons fait un travail de grévistes actifs, de propagandistes, allant dans les établissements pour expliquer les projets gouvernementaux et faire débrayer nos collègues. Nous avons essayé de développer une lutte interprofessionnelle sur le problème des retraites, qui unifiait les différents secteurs touchés. La Fédération de parents d’élèves majoritaire nous a soutenus. Des parents ont participé aux réunions que nous avons organisées, certains ont manifesté avec nous.
Sans avoir votre maîtrise du spectacle, nous avons essayé de médiatiser le plus possible notre action, conscients du poids de l’image dans notre quotidien.

Et pourtant, tout cela n’a pas suffi.

Bien sûr, nous avons tiré un bilan, forcément parcellaire.

Mais vous voir agir donne à penser.
En effet, peut-être étions-nous prisonniers de schémas anciens qui ne suffisent plus, face à un gouvernement qui utilise la méthode Thatcher.

Or, lorsque vous, intermittents, vous mettez en grève, vous faites d’une pierre trois coups :
- arrêt de travail ;
- action spectaculaire ;
- blocage économique.

Ce dernier point paraît capital...

Toutes mes amitiés. Bon courage.
Tenez bon.
No Raffaran !

Michel