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Les Francofolies annulées, Avignon et Aix menacés

Publie le mercredi 9 juillet 2003 par Open-Publishing

Intermittents : les Francofolies annulées, Avignon et Aix menacés

Wed July 9, 2003 1:58 PM CEST LA ROCHELLE (Charente- Maritime) (Reuters) - Les Francofolies de La Rochelle ont été annulées mercredi et le risque de fermeture pèse sur les festivals d’Avignon et d’Aix-en-Provence, au lendemain de l’échec de la négociation sur le régime d’assurance chômage des intermittents.

Le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, a annoncé mercredi, à l’issue du Conseil des ministres, que le gouvernement allait avaliser l’accord conclu entre certains syndicats et le patronat.

La CFDT, la CGC et la CFTC ont signé mardi soir un avenant au protocole d’accord sur la réforme du régime spécifique d’indemnisation chômage des intermittents. La CGT et FO, majoritaires dans la profession, ont refusé de l’accepter, appelant à la poursuite de la mobilisation.

"Alors que nos professions, unanimement, s’opposent à cet accord, le gouvernement Raffarin veut, comme il l’a fait sur les retraites, passer en force. C’est inacceptable", déclare mercredi dans un communiqué la CGT, qui appelle les professionnels à "généraliser" la grève.

La mobilisation des intermittents a entraîné mercredi l’annulation de la 19e édition des Francofolies de La Rochelle, en Charente-Maritime, qui devaient se dérouler du 11 au 16 juillet.

"Je suis abattu. J’ai décidé d’arrêter contraint et forcé. Je suis toujours allé dans le sens des intermittents, j’ai fait le maximum pour que leur sort s’améliore. C’est une prise d’otage et je ne le supporte pas", a déclaré sur France Inter le directeur artistique du festival, Jean-Louis Foulquier.

LANG DEMANDE A CHIRAC D’INTERVENIR

Au Festival d’Avignon, les intermittents ont voté, dans la nuit de mardi à mercredi, la poursuite du mouvement. Ils se sont prononcés pour une grève de 24 heures reconductible qui risque d’entraîner l’annulation de tous les spectacles programmés pour la journée de mercredi.

"Avignon est une formidable caisse de résonance. Avignon qui saute et c’est tous les grands festivals de l’été qui tremblent", a noté Michel, un technicien marseillais venu en renfort.

Le directeur du festival, Bernard Faivre d’Arcier n’a fait aucun commentaire sur le résultat du vote, expliquant simplement que la direction, actuellement en réunion, ferait une communication mercredi.

"La décision d’annuler le festival ne viendra pas du maire (Marie-Josée Roig)", a expliqué à Reuters Fabien Strack, chef du département communication à la mairie. "Elle estime que les artistes devraient réaliser que le festival peut être une tribune pour eux".

Selon lui, le festival rapporte en temps normal plus de 23 millions d’euros à l’économie locale.

A Aix-en-Provence, les intermittents doivent voter cet après-midi. Si la grève était reconduite sur le site principal

de l’Archevêché, ce festival risque aussi d’être annulé.

Dans la nuit, le tournage du prochain film de la réalisatrice américaine Nancy Meyers ("Ce que veulent les femmes") dans le centre de Paris a été interrompu par plusieurs dizaines d’intermittents.

Jack Nicholson, acteur principal aux côtés de Keanu Reeves, a discuté avec les manifestants avant d’annoncer la suspension du tournage, estimant sur LCI que de telles actions pourraient dissuader les sociétés de production étrangères de venir tourner en France.

Jack Lang et François Bayrou sont intervenus pour demander au gouvernement ou au président de la République de faire un geste.

"Cette situation est grave. Il n’y a qu’une personne dans ce pays qui peut permette qu’on en sorte, aujourd’hui même, c’est une question d’heures, c’est le président de la République", a déclaré sur Europe 1 l’ancien ministre socialiste de la Culture.

Le président de l’UDF, François Bayrou, s’est dit "inquiet" du durcissement du conflit et a appelé le gouvernement à intervenir pour "recoller les morceaux".

"Je pense que le gouvernement va devoir intervenir pour essayer de rapprocher les points de vue et recoller les morceaux, mais il ne pourra le faire qu’en mettant sur la table les principaux abus" du système, a-t-il estimé sur LCI.

"On ne peut pas proposer une réforme qui traite les abus des uns et pas les abus des autres, surtout quand les autres sont les plus gros", a-t-il dit.