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Bertinotti à Prodi : "Jamais ministre"

Publie le jeudi 23 février 2006 par Open-Publishing
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"J’y pense jour et nuit", dévoile le professeur, démentant ensuite avoir reproposé un ministère à Bertinotti. Lequel diffuse un halte-là, préoccupé surtout du "dessein politique" centriste visant à normaliser le Prc

de COSIMO ROSSI ROME traduit de l’italien par karl&rosa

"Une chose qui n’existe pas : ni maintenant ni jamais". Avec toutes les attentions dues, mais Fausto Bertinotti confirme son indisponibilité proclamée à assumer des charges de gouvernement, une solution que, au contraire, Romano Prodi a d’une certaine façon reproposée hier pour le leader de Refondation communiste. Même si, ensuite, l’entourage du professeur a tenu à préciser que la participation "certaine" du Prc à l’exécutif ne veut absolument pas engager Bertinotti. A propos de son engagement [Prodi] "est en train de penser à tout, y compris aux charges institutionnelles, qui, comme le gouvernement, seront décidées de toute façon après le résultat électoral".

De via del Policlinico [siège national du Prc, ndt] ne partent pas de précisions officielles, toutefois Bertinotti tient également à faire parvenir de Bruxelles une réplique au professeur. Pas tellement pour repousser les attestations de loyauté que Prodi est en train de prodiguer à l’égard de Refondation. Et même pas pour bâillonner le tourbillon d’indiscrétions à propos des charges futures sur la base du pénible rappel à l’engagement préventif pour la victoire électorale. Le fait est que le leader du Prc sent un air de double jeu à l’intérieur de l’Unione [le rassemblement de centre-gauche, ndt] et surtout parmi ses ténors économiques. Selon Bertinotti, il y a, en somme, "une manœuvre politique" vis-à-vis de son parti : pour envoyer dans les cordes le Prc, en l’obligeant à digérer les aspects les plus modérés de la coalition plutôt que lui permettre de faire vivre les éléments jugés "réformateurs".

Les preuves ? De l’emphase sur le cas Ferrando [à la tête d’un petit courant trotskyste du parti, ndt] (exclu des listes pour "incompatibilité" par rapport à l’architrave non-violente de la refondation de Bertinotti), à la demande insistante, "qui n’est qu’un prétexte", de "garanties" par Francesco Rutelli [chef du parti de centre, ndt], en passant par les évocations continuelles dans la presse de 1998, visant à prétendre une "normalisation" de Refondation.

C’est toujours là-dessus, du reste, qu’on finit par tomber : l’entorse de 1998. Evoquée par Prodi lui-même pour absoudre l’auteur matériel et pour faire donc allusion tacitement aux mandataires (du Chêne [symbole des DS, ndt] et de la Marguerite [symbole du parti de centre, ndt]) qui trament encore dans le creux du tronc de l’Olivier. "Quand Bertinotti fit tomber mon gouvernement, et je crois que cela a été une grande erreur parce que le pays était vraiment en train de changer, il n’était pas lié à un pacte de gouvernement - c’est la sentence de prescription du professeur - Il donnait un soutien extérieur, n’étant pas lié à mon exécutif". Après cette rupture, Prodi et Bertinotti ont recommencé à se dire bonjour précisément dans les couloirs de Strasbourg et de Bruxelles : ils ont soutenu ensemble la cause des primaires et celle du programme commun. "Par rapport à ce programme - se dit avec certitude le professeur - Bertinotti, qui est un homme très dur mais loyal, ne fera pas marche arrière".

Cela n’empêche que le professeur veut mettre dans son coffre-fort la fidélité des voix de Refondation : une quarantaine de députés et une vingtaine de sénateurs qui, selon toute probabilité, seront déterminants en cas de victoire pour que la majorité tienne. Et Prodi admet même ses propres insomnies, troublées justement par le cauchemar de 98, "j’y pense jour et nuit : je fais toutes les hypothèses et tous les calculs, je cherche les personnes qui conviennent". Et si "il n’y a aucun doute" que le Prc fera partie de l’exécutif, le point essentiel concerne précisément le rôle attribué à Fausto Bertinotti.

Si seulement on pouvait le clouer à un fauteuil de ministre, en somme. "Mais Prodi sait très bien que Fausto a dit non", fait-on savoir aussi de Piazza Santi Apostoli [siège national du parti de centre, ndt] ce que le secrétaire du PRC anticipait déjà de Strasbourg. "Je ne suis intéressé à aucune charge de gouvernement - assurait l’été dernier le leader du Prc - Ma détermination sur ce point est personnelle et concerne ma conception de la vie et de la politique". A savoir le fait que "au sommet du cursus honorum" il n’y a pas le gouvernement mais la direction du parti que Bertinotti a déjà annoncé d’être en passe de quitter dans quelques années. "J’ai soixante cinq ans - est le raisonnement de Bertinotti - Et je pense qu’il est bon que mes charges exécutives touchent à leur fin. C’est pourquoi on n’entreprend pas la carrière de ministre à soixante cinq ans". Bertinotti a admis que l’assomption d’une charge institutionnelle serait autre chose.

Mais plus le leader du Prc peut imaginer ce but, moins il peut le concevoir comme une abdication du parcours entrepris jusque là. C’est pourquoi il a de plus en plus de soupçons vis-à-vis de la cour et des témoignages de prétendue modération qui ne lui viennent pas tellement de Prodi mais plutôt de tous les secteurs modérés du centre-gauche, qui ont la tendance à transformer Refondation en nounou des enragés, afin qu’ils ne dérangent pas les conducteurs.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

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