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Vous critiquez l’Economie sociale et solidaire mais n’osez pas vous dire écosocialiste !

Publie le mardi 7 mars 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

de Christian Delarue Anti/altermondialiste

Vous êtes pour l’Europe sociale et solidaire mais le flou de l’expression vous gêne. A chaque fois il faut développer pour se démarquer du socialibéralisme rose ou vert pâle.
Vous êtes contre l’appropriation privée des moyens de production et déchange et pour son appropriation publique et sociale. Vous défendez les services publics tout en critiquant le fait que la logique marchande (prix de marché, solvabilité, clients...) ait remplacé la logique de service (tarification, gratuité, égalité sur le territoire, usagers, choix politiques et démocratiques permis...) .
Vous êtes aussi écologiste et pour un alterdéveloppement au sein duquel le capitalisme productiviste soit circonscrit et minoritaire au point qu’on ne puisse plus parler sérieusement de capitalisme mais d’écosocialisme.
Pour vous l’économie sociale et solidaire - ESS - ne saurait constituer une perspective mais tout au plus un secteur pouvant trouver place aussi bien aux marges du capitalisme que du socialisme. L’ESS ne peut donc pour vous se constituer en système mais toujours en complément.

I . La place réduite de l’économie sociale et solidaire ( l’ESS) .

 Il y a entre 1, 5 à 2 millions de salariés employés dans ce secteur. 10 à 12 millions de bénévoles actifs y sont répartis dans diverses structures comme les associations, les mutuelles, les coopératives et les fondations.(1)

 Le secteur de l’ESS représente 10% du PIB et m^me si cet indicateur ne suffit pas à apprécier l’activitéde l’ESS il es néanmoins assez significatif de la place de l’ESS au sein de l’économie capitaliste. Mais il faut aller plus loin car si des mécanisme de démocratie et d’appropriation sont plus actif dans les structures de l’ESS il faut aussi dire que cette "alternative" est très limitées et victime de la pénétration des logiques marchandes qui traversent ce secteur.

On voit que pour aller plus loin on ne peut faire l’impasse de la nécessaire critique de l’ESS. C’est un point de passage obligé.

II . La nécessaire critique de l’ESS

 Certes les entreprises d’ESS appartiennent à leurs sociétaires mais la question de la participation des salariés pose problème car elle n’est pas à la hauteur des valeurs démocratiques affichées.
 Face aux attaques du service publique les structures de l’ESS servent souvent de palliatifs aux désengagement de l’Etat.
 Les régles patronales et les rapports sociaux capital/travail n’y sont pas absents. Ainsi le le travail précaire y est évalué à 50%. Les salaires moyens sont inférieurs de 10% au salaire moyen des branches. L’ESS porte donc mal son nom puisqu’ elle est la porte ouverte au démantèlement du Code du travail.
Cette hypocrisie se vérifie par le décalage entre les valeurs affichées et la concrétisation sur le terrain. A ce titre nous pointons les critiques suivantes : recherche de la performance financière, éloignement de la réponse aux besoins des adhérents, mise en concurrence (mutuelles et institutions de prévoyance sur les contrats collectifs par exemple)

III . La bataille pour l’écosocialisme est lancée.

Il existe un manifeste pour l’écosocialisme aisément consultable sur internet. Mickaël LOWY et d’autres auteurs ont développé le concept d’écosocialisme afin de se positionner en positif et de ne pas rester sur de l’anticapitalisme.

Christian Delarue Anti/altermondialiste

(1) Chiffres issus d’un article faisant la synthèse d’un colloque CGT sur l’ESS en novembre 2005 publié dans le Peuple n° 1622.

Messages

  • Qu’est-ce que l’écosocialisme de Michaël LOWY est sur le site "La Gauche"

    Voici juste un extrait

    Croissance exponentielle de la polution de l’air dans les grandes villes, de l’eau potable et de l’environnement en général ; rechauffement de la planète, début de fusion des glaces polaires, multiplication des catastrophes "naturelles" ; début de destruction de la cape d’ozone ; destruction, à une vitesse grandissante, des forêts tropicales et réduction rapide de la bio-diversité par l’extinction de miliers d’espèces ; epuisement des sols, désertification ; accumulation de déchets, notamment nucléaires, impossibles à gérer ; multiplication des accidents nucléaires et ménace d’un nouveau Tchernobyl ; pollution de la nourriture, manipulations génétiques, "vache folle", boeuf aux hormones. Tous les clignotants sont au rouge : il est évident que la course folle au profit, la logique productiviste et mercantile de la civilisation capitaliste/industrielle nous conduit à une désastre écologique aux proportions incalculables. Ce n’est pas céder au " catastrophisme " que de constater que la dynamique de " croissance " infinie induite par l’expansion capitaliste ménace de déstruction les fondements naturels de la vie humaine sur la planète.[1]

    Comment réagir face à ce danger ? Le socialisme et l’écologie - ou du moins certains de ses courants - ont des objectifs communs, qui impliquent une mise en question de l’autonomisation de l’économie, du règne de la quantification, de la production comme but en soi, de la dictature de l’argent, de la réduction de l’univers social au calcul des marges de rentabilité et aux besoins de l’accumulation du capital. Ils se réclament tous les deux de valeurs qualitatives : la valeur d’usage, la satisfaction des besoins, l’égalité sociale pour les uns, la sauvegarde de la nature, l’équilibre écologique pour les autres. Tous les deux conçoivent l’économie comme "encastrée" dans l’environnement : social pour les uns, naturel pour les autres.

    Cela dit, des divergences de fond ont jusqu’ici séparé les "rouges" des "verts", les marxistes des écologistes. Les écologistes accusent Marx et Engels de productivisme. Cette accusation est-elle justifiée ? Oui et non.

    Non, dans la mesure où personne n’a autant dénoncé que Marx la logique capitaliste de production pour la production, l’accumulation du capital , des richesses et des marchandises comme but en soi. L’idée même de socialisme - au contraire de ses misérables contrefaçons bureaucratiques - est celle d’une production de valeurs d’usage, de biens nécessaires à la satisfaction de nécéssités humaines. L’objectif suprême du progrès technique pour Marx n’est pas l’accroissement infini de biens ("l’avoir") mais la réduction de la journée de travail, et l’accroissement du temps libre ("l’être").

    Oui, dans la mesure où l’on trouve souvent chez Marx ou Engels (et encore plus dans le marxisme ultérieur) une tendance à faire du "dévéloppement des forces productives" le principal vecteur du progrès, et une posture peu critique envers la civilisation industrielle, notamment dans son rapport destructeur à l’environnement.

    En réalité, on trouve dans les écrits de Marx et d’Engels de quoi alimenter les deux interprétations. La question écologique est, à mon avis, le grand defi pour un rénouveau de la pensée marxiste au seuil du XXIème siècle. Elle exige des marxistes une revision critique profonde de leur conception traditionnelle des "forces productives", ainsi qu’une rupture radicale avec l’idéologie du progrès linéaire et avec le paradigme technologique et économique de la civilisation industrielle moderne.

    Walter Benjamin fut un des premiers marxistes au 20ème siècle a se poser ce type de question : dès 1928, dans son livre Sens Unique il dénonçait l’idée de domination de la nature comme "un enseignement impérialiste" et proposait une nouvelle conception de la technique comme "maîtrise du rapport entre la nature et l’humanité". Quelques années plus tard, dans les Thèses sur le concept d’histoire il se propose d’enrichir le matérialisme historique avec les idées de Fourier, ce visionnaire utopique qui avait rêvé "d’un travail qui, bien loin d’exploiter la nature, est en mesure de faire naître d’elle les créations qui sommeillent en son sein".[2]

    Aujourd’hui encore le marxisme est loin d’avoir comblé son rétard dans ce terrain. Mais certaines reflexions commencent à s’attaquer à cette tâche. Une piste féconde a été ouverte par l’écologiste et "marxiste-polanyiste" américain James O’Connor : il faut ajouter à la prémière contradiction du capitalisme, examinée par Marx, celle entre forces et rapports de production, une deuxième contradiction, celle entre les forces productives et les conditions de production : les travailleurs, l’espace urbain, la nature. Par sa dynamique expansioniste, le capital met en danger ou détruit ses propres conditions, à commencer par l’environnement naturel - une possibilité que Marx n’avait pas pris suffisamment en considération.[3]

    .../...

    • Autre extrait de Jean-Marie HARRIBEY consultable in extenso sur le site d’ATTAC France

      L’économie sociale et solidaire : appendice ou faux-fuyant ?

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      La deuxième justification de l’économie sociale et solidaire porte sur l’articulation entre le marchand et le non marchand.

      Pour définir le contenu de l’économie sociale et solidaire, on parle aujourd’hui de tiers-secteur, certains d’économie quaternaire,[5] pour désigner les activités utiles socialement et qui doivent être impulsées par la collectivité. Le tiers-secteur viendrait compléter le secteur marchand et le secteur non marchand. Mais inventer un nouveau concept pour cela est inutile et trompeur. Pour plusieurs raisons.

      La première est d’ordre logique. Une activité économique monétaire ne peut être qualifiée à la fois de ni marchande ni non marchande : elle est l’une ou l’autre, avec ou non exclusif puisqu’elle peut être mixte. Ce qui est appelé à tort tiers-secteur, et qu’il vaudrait mieux nommer secteur mixte ou hybride, ne sera sans doute pas le plus souvent étatique, mais s’il requiert, au moins au départ, un financement collectif, il n’échappera pas à son caractère monétaire non marchand[6]. S’il s’agissait d’un secteur non marchand et non monétaire à la fois, il ne pourrait être, par définition, réintroduit au sein de la chrématistique d’Aristote, puisqu’il relèverait exclusivement de la sphère privée, c’est-à-dire du champ de la production exclusive de valeurs d’usage, l’ “ économie ” aristotélicienne. Le tort des concepteurs du tiers-secteur est de gommer la distinction entre valeurs d’usage et valeurs d’échange pour faire de ce tiers-secteur social un pan de l’économie, non plus dans son sens aristotélicien, mais dans son sens moderne réducteur. Ils imaginent une société sur la base du schéma 2 au lieu de la voir selon le schéma 3.

      Dans le schéma 3, l’espace correspondant à la société et n’appartenant ni au marchand ni au non marchand – le complémentaire du marchand et du non marchand dans l’ensemble formé par la société – ne relève pas de l’économie monétaire mais des relations entre les individus que l’on peut appeler primaires parce qu’elles correspondent au domaine strictement privé ou à celui de la sociabilité pure, et qu’il serait absurde de monétariser, notamment en en faisant le champ d’application d’une allocation universelle.

      La deuxième raison du caractère trompeur de la notion de tiers-secteur est qu’elle est utilisée pour ne pas s’affronter au dogme libéral pourchassant toute cause de nouvelle augmentation des prélèvements obligatoires. En laissant croire qu’il y aurait un troisième secteur qui ne serait pas non marchand, c’est-à-dire qui ne ferait pas appel à un financement collectif, ses partisans entretiennent une ambiguïté politique. Mais surtout, on peut craindre que le développement de ce tiers-secteur serve de prétexte à la poursuite de la remise en cause de la protection sociale et à la compression drastique des programmes sociaux pris en charge par l’Etat qui se déchargerait de ses responsabilités sur les associations et se défausserait sur elles de l’extension d’un emploi plus fragile, précaire et dont la rémunération serait l’addition de multiples petites aides ou financements, faisant perdre toute consistance à la notion de salaire et contribuant un peu plus à vider de son contenu le droit du travail. Il n’y a bien sûr là aucun déterminisme inévitable, simplement de gros risques qui commencent à devenir réalité dans les pays où le tiers-secteur a connu un développement important, tel le Canada.

      Ce qui est gênant dans la notion de tiers-secteur, c’est qu’elle contient une critique implicite de l’Etat sans que l’on sache si celle-ci s’adresse aux imperfections et dysfonctionnements de l’Etat-providence ou si elle vise l’Etat lui-même décidant des objectifs, fixant des priorités et mettant en œuvre des politiques. Le tiers-secteur ne serait-il qu’une machine de guerre contre les services publics, en tirant argument de leurs défauts, non pour supprimer les défauts mais les services eux-mêmes ?

      .../...

  • Bonjour,

    Quelques avis :

    Certes les entreprises d’ESS appartiennent à leurs sociétaires mais la question de la participation des salariés pose problème car elle n’est pas à la hauteur des valeurs démocratiques affichées.

    je ne vois pas dans votre texte (Mais peut être est ce ailleurs ?) les freins, ou plutôt les limites qui empêchent d’aller aussi loin que vous le souhaitiez dans la participation des salariés à la démocratie de l’entreprise. En est on encore à ce que la coopération ouvrière reste une "auto exploitation de la classe ouvrière" ?

    Face aux attaques du service publique les structures de l’ESS servent souvent de palliatifs aux désengagement de l’Etat.

    Ne confondons pas les structures souvent associatives qui viennent en complément / remplacement / innovation de l’intervention de l’Etat. L’ESS comporte aussi une part non négligeable de structures dans le domaine marchand, qui mélangent démocratie et production. Même si ce n’est pas simple !

    Les régles patronales et les rapports sociaux capital/travail n’y sont pas absents. Ainsi le le travail précaire y est évalué à 50%. Les salaires moyens sont inférieurs de 10% au salaire moyen des branches.

    Les études démontrent que les plus faibles salaires sont supérieurs de 10% et les plus hauts inférieurs du même pourcentage, à responsabilité égale. Sur la précarité des postes, elle est surtout vraie, là encore, dans le domaine associatif. Mais elle est souvent acceptée et assumée collectivement par la structure et le salarié. Ce qui n’empêchent pas les dérapages, et les conflits.

    L’ESS porte donc mal son nom puisqu’ elle est la porte ouverte au démantèlement du Code du travail. Cette hypocrisie se vérifie par le décalage entre les valeurs affichées et la concrétisation sur le terrain.

    Cessons de banaliser ceux qui nous sont le plus proches... Au risque de se retrouver tout seul...

    A ce titre nous pointons les critiques suivantes : recherche de la performance financière, éloignement de la réponse aux besoins des adhérents, mise en concurrence (mutuelles et institutions de prévoyance sur les contrats collectifs par exemple)

    Pas faux... Sauf pour la recherche de satisfaction des besoins des adhérents, puisque leurs représentants sont les décideurs...

    Au delà de la critique nécessaire, et souvent juste, posons nous aussi la question de l’investissement des lieux démocratiques. La démocratie ne s’use que si l’on ne s’en sert pas... utilisons les lieux laissés aux adhérents / sociétaires / coopérateurs pour porter notre voix, nos voix et ainsi accompagner (Ouh, le vilain mot !) et participer au développement d’une étape (peut être) intermédiaire, mais de toute façon, utile dans l’immédait : le développement d’un système économique différent et plus humain.

    Guillaume Chocteau, salarié associatif précaire
    Http ://www.ressources-solidaires.org