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6 août 1945 : Hiroshima

Publie le mercredi 6 août 2003 par Open-Publishing

6 août 1945 : Hiroshima

mercredi 6 aout 2003 Hiroshima rend hommage aux victimes de la bombe atomique

Hiroshima a marqué mercredi le 58e anniversaire de sa destruction par une bombe atomique américaine en condamnant la prolifération nucléaire. Pour rendre hommage aux plus de 230.000 victimes de la déflagration atomique, une foule rassemblant plusieurs milliers de Japonais parmi lesquels des rescapés, des enfants et diverses personnalités s’est réunie comme chaque année pour une séance de prières au Parc de la Paix, situé à proximité du lieu d’impact de la bombe. "Le monde sans armes nucléaires et débarrassé de la guerre que les rescapés de la bombe ont recherché pendant si longtemps semble s’éclipser sous d’épais nuages noirs qu’ils craignent de voir se muer en champignons atomiques", a déclaré à la foule le maire d’Hiroshima, Tadatoshi Akiba.

A 8h15 locales, heure exacte de l’explosion de la bombe atomique le 6 août 1945, la foule s’est levée et a écouté résonner, tête baissée, la Cloche de la Paix. Des colombes ont été lâchées. Sous une chaleur de plomb, percée seulement par le bruit des cigales, les participants ont déposé des offrandes sous forme d’animaux en papier plié ou de chrysanthèmes, le tout dans un épais nuage d’encens. Après Hiroshima, les Etats-Unis avaient largué une deuxième bombe sur Nagasaki le 9 août 1945. Le Japon avait abdiqué six jours plus tard. Ancrant cette commémoration dans l’actualité, Akiba a critiqué ce qu’il a qualifié de tendance générale à la guerre et s’est inquiété de l’affaiblissement du Traité de non-prolifération nucléaire (TNPN), selon lui "au bord de l’effondrement". "Comme on l’a bien vu avec la guerre en Irak, menée par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, l’affirmation selon laquelle la guerre égale la paix est maintenant présentée comme la vérité", a-t-il dit. "La principale raison (de l’affaiblissement du TNPN) est la politique américaine qui, en déclarant possible le concept de frappe nucléaire préventive et en appelant à la reprise des recherches sur les mini-bombes nucléaires (...) semble vénérer les armes nucléaires comme autant de dieux." Le maire de la ville martyre a appelé en outre le président américain George Bush ainsi que les dirigeants de toutes les puissances nucléaires, à se rendre sur place et à constater de visu les dégâts causés par les armes nucléaires. Le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi a promis de préserver le pacifisme nippon, inscrit dans la constitution, et le refus du nucléaire prôné par Tokyo depuis la Seconde guerre mondiale. "Nous oeuvrerons de toutes nos forces en faveur de la réduction des armes nucléaires", a-t-il assuré à la foule. Mais certains rescapés de la bombe, dont la moyenne d’âge est de 71 ans, craignent qu’avec le temps le Japon n’oublie partiellement ce qu’il a vécu et n’endosse un rôle militaire accru, notamment par souci de se rapprocher avec son allié américain. Le mois dernier, Tokyo a adopté une loi controversée autorisant le déploiement en Irak de soldats nippons, ce qui constituerait le plus grand déploiement militaire japonais depuis la Seconde guerre mondiale. "Le monde entier s’éloigne de la paix", déplore Sunao Tsuboi, qui était une étudiante de 20 ans quand la bombe a été larguée sur la ville. "Même au Japon, on semble penser de plus en plus que, dans certains cas, la guerre est inévitable." Avec HIROSHIMA, Japon (Reuters)