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Des nouvelles de Jolie mome et communiqué

Publie le lundi 11 août 2003 par Open-Publishing

Bonjour,

Quelques nouvelles de la compagnie Jolie Mome :

Pour cette fois ou nous luttons non pas aux cotés des camarades mais bien
pour notre propre avenir professionnel . On arrive à 1 mois et demi de
grève.

Alors pour tous ceux qui connaissent, c’est bien sur beaucoup de fatigue,
de dettes, de doutes, d’inquiétudes.

Pour ceux qui n’ont pas connu de tel mouvement. sachez que la grève c’est
autrement plus dur que l’boulot mais que ça apporte quand même de très
belles choses.

On a appris aujourd’hui que le ministre avalisait l’accord
MEDEF/CFDT/CGC/CFTC.

Que juridiquement, ça ne tient pas debout, que techniquement c’est à peu
près inapplicable, que politiquement, c’est une vraie .

Tout le monde en est conscient mais c’est signé.

Mais on ne perd pas espoir, on n’abandonne pas pour autant, ne serait-ce
que parce que vous etes la, qu’on pense que vous continuerez à nous aimer et
a nous soutenir.

Pour les histoires de sous, on verra plus tard, le plus urgent pour nous
c’est de vous retrouver, de sentir votre soutien. Alors on vous incite tous
à venir sur le Larzac les 8 et 9 août et surtout à Aurillac, du 19 au 24
août. On y organise la lutte et en particulier la manif interprofessionnelle
du 19 août à 14H (place du square).

On espère bien que vous vous etes reposés depuis les manifs du printemps
parce qu’on compte vraiment sur cette occasion pour amorcer le grand
mouvement social que nous sommes si nombreux à attendre. et à construire.

La grève générale commencera-t-elle à Aurillac ?

Ci dessous pour ceux qui veulent quelques éléments complémentaires, voici
un de nos communiqués :

Depuis un an, nous professionnels du spectacle, avons utilisé tous les
moyens d’expression à notre disposition pour faire partager nos
revendications. Des manifestations, des interventions avant nos spectacles,
des distributions de tracts, des occupations (Ministère de la Culture, DRAC,
etc). Cela n’a pas suffit, nous n’avons pas été entendus.

Aujourd’hui nous sommes en grève. Cette dernière dure depuis un mois et
demi et intervient en ultime recours.

Nous sommes des travailleurs du spectacle. Notre statut est un peu
particulier. En effet, nous devons trouver 43 nouveaux employeurs et
comptabiliser un minimum de 507 heures de représentation par an pour
conserver nos droits à l’assurance chômage. Cette assurance nous permet de
toucher une indemnisation pour les jours de travail non salarié. Ces
journées travaillées non payées (répétitions, création, montage et démontage
de décors, déplacements, spectacles de soutien.) ne sont pas comptabilisées
dans les 507 heures annuellement déclarées.

A présent, le protocole nous demande de réaliser la même somme de travail
sur une durée de 10 mois, ce qui est impossible pour bon nombre d’entre
nous. Plus concrètement, ces nouvelles dispositions transformeront 30 000
travailleurs du spectacle en Rmistes.
Aujourd’hui en grève, nous exigeons le retrait de ce protocole. Nous
demandons tout simplement à pouvoir vivre de nos métiers.

Qui oserait prétendre que des « avis aux voyageurs » dans des gares ont
autant d’impact auprès de la population qu’une grève des cheminots ?

Le rapport est sensiblement le même en ce qui nous concerne.

Certains prétendent que nous sommes dans une démarche suicidaire, que nous
scions la branche sur laquelle nous sommes assis. Mais qu’importe de sauver
la branche quand la foret toute entière va être rasée ?

Cette grève sans précédent, qui nous coûte autant en plaisir que d’un
point de vue financier, est le dernier outil à notre disposition pour
sensibiliser toutes les couches de la population.

Jusqu’ici le discours officiel nous présentait comme un gouffre financier.
La culture coûtait beaucoup d’argent sans jamais générer de profit.

Aujourd’hui pour la première fois, grâce aux différentes annulations de
festivals, il apparaît visiblement que la culture est une source d’activité
économique indispensable pour le pays, les régions, les municipalités, les
commerçants.

Les travailleurs du spectacle visés par ce protocole sont ceux qui font
vivre la culture dans vos écoles, vos hôpitaux, vos quartiers, vos villages.
Il ne s’agit plus alors d’un problème touchant un corps de métier en
particulier mais toute la population. La culture est l’affaire de tous.

Par ailleurs, nos acquis datent de l’époque où la précarité dans le
travail était marginale. Aujourd’hui la précarité se généralise
(flexibilité, intérim, CDD). De ce fait le régime d’indemnisation spécifique
des intermittents du spectacle pourrait devenir un statut applicable à tous
les travailleurs.

C’est pourquoi, non contents de la solidarité exprimée par les médias, les
institutions et certains artistes non grévistes nous attendons un soutien
actif.

Ce soutien actif passe par une prise de position claire de tous les
professionnels du spectacle, organisateurs de festivals et élus à la
culture, une explication précise de la situation par les médias et une
mobilisation massive de tous les citoyens.

Sauvons la culture.
Soutenons les travailleurs du spectacle en grève.
Exigeons ensemble le retrait du protocole.