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Le 8 Mai 1945 ou la révolte de Sétif

Publie le lundi 8 mai 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

de aloufok

Le 8 mai 1945, qui signe la fin du nazisme, correspond aussi à l’un des moments les plus sanglants de la répression coloniale. La révolte de Sétif s’inscrit en effet comme une étape décisive du nationalisme algérien.

La révolte de Sétif, qui s’étend à Guelma, Bône, Biskra, Batna et Constantine, cristallise plus d’un siècle de frustrations et d’humiliations. La répression menée alors par le général Duval, engageant l’aviation et la marine, est d’une violence inouïe : en quelques semaines, de 6 000 à 8 000 algériens sont tués, 45 000 selon la mémoire collective algérienne.

Le grand écrivain Kateb Yacine se souvient qu’« on voyait des cadavres partout, dans toutes les rues... La répression était aveugle ; c’était un grand massacre. (...) Cela s’est terminé par des dizaines de milliers de victimes. A Guelma, ma mère a perdu la mémoire...

La répression était atroce (1) ». Dans son plus célèbre roman, Nedjma, le romancier peint la violence de la répression : « Les automitrailleuses, les automitrailleuses, les automitrailleuses, y en a qui tombent et d’autres qui courent parmi les arbres, y a pas de montagne, pas de stratégie, on aurait pu couper les fils téléphoniques, mais ils ont la radio et des armes américaines toutes neuves. Les gendarmes ont sorti leur side-car, je ne vois plus personne autour de moi (2). »

Des milices pieds-noirs participent activement aux opérations, accentuant le fossé entre les communautés. Ainsi, Michel Rouze, rédacteur en chef d’Alger républicain, note dans un rapport que « la loi martiale est proclamée. On distribue les armes aux Européens. Tout Arabe non porteur de brassard est abattu (3) ».

Le déchaînement de la répression de mai 1945 dans le Constantinois marque un changement radical de conjoncture pour les nationalistes.

L’absence de réformes significatives après 1945 conforte la conviction que le système colonial ne peut s’amender par des voies pacifiques.

D’autre part, il devient clair que l’unification de toutes les forces d’un nationalisme alors divisé est nécessaire pour renverser le rapport de force entre celui-ci et la puissance coloniale. Sétif préfigure ainsi la guerre d’Algérie.

Notes

1) Cité par Boucif Mekhaled, Chroniques d’un massacre. 8 mai 1945. Sétif, Guelma, Kherrata, Syros, Paris, 1995.

(2) Kateb Yacine, Nedjma, Le Seuil, Paris, 1956.

(3) Michel Rouze, rapport du 12 juin 1945, cité par Boucif Mekhaled, op. cit.

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3079

Messages

  • ce fut le début de la guerre d’algérie !

  • Le 8 mai 1945, le jour même de la victoire alliée sur le nazisme, de violentes émeutes éclatent à Sétif, en Algérie.

    Origines du drame

    Le 1er mai 1945, déjà, le PPA (Parti Populaire Algérien), parti clandestin de Messali Hadj, alors en prison, fait défiler 20.000 manifestants musulmans à Alger.

    Le matin du 8 mai, une nouvelle manifestation survient à Sétif aux cris de « Istiqlal [indépendance], libérez Messali ».

    Les militants du PPA ont reçu la consigne de ne pas porter d’armes ni d’arborer le drapeau algérien mais un scout musulman n’en tient pas compte et brandit le drapeau au coeur des quartiers européens.

    La police se précipite. Le maire socialiste de la ville, un Européen, la supplie de ne pas tirer. Il est abattu de même que le scout. La foule, évaluée à 8.000 personnes se déchaîne et 27 Européens sont assassinés dans d’atroces conditions.

    L’insurrection s’étend à des villes voisines, faisant en quelques jours 103 morts dans la population européenne.

    La répression est d’une extrême brutalité. Officiellement, elle fait 1.500 morts parmi les musulmans, en réalité de 8.000 à 20.000.

    L’aviation elle-même est requise pour bombarder les zones insurgées. Après la bataille vient la répression. Les tribunaux ordonnent 28 exécutions et une soixantaine de longues incarcérations (*).
    Je m’incline devant les milliers de victimes (de 10000 à 25000 selon les sources )de la repression de Setif et de toute la region , ce jour là en france on fetait la victoire contre les nazis .

    claude de toulouse .

    • additif à mon message precedent :
      Il faudra attendre 27 février 2005 pour que, lors d’une visite à Sétif, M. Hubert Colin de Verdière, Ambassadeur de France à Alger, qualifie les massacres du 8 mai 1945 de tragédie inexcusable. Cet évènement constitue la première reconnaissance officielle de sa responsabilité par la République française.

      Claude de T.

    • Général mon Micro
      Mon Micro Général
      Mon Général Micro

      Nous chantons ton appel
      Nous sous la terre
      Nous sur la Terre
      Nous les Lions de Chasselay

      La liberté a la peau dure
      La peau dure d’un beau nègre
      D’un beau nègre tout noir

      La liberté a le sang bleu
      Le sang bleu joyeux
      Joyeux d’un Homme Bleu

      Griffes de Loup

    • Ne pas oublier que Charles TILLON, ministre PCF de l’Aviation de l’époque, n’a pas été mis au courant de cette opération de répression.