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Un érémiste s’immole dans un bureau de poste

Publie le jeudi 4 septembre 2003 par Open-Publishing

C’EST UN GESTE de désespoir, un appel au secours qu’a sans doute voulu
envoyer hier matin un homme de 41 ans en s’immolant en plein bureau de poste
dans le XIX e arrondissement. Il est 10 h 50, quelques clients patientent en
attendant leur tour quand Patrick se présente à la poste Jean-Jaurès située
au 33, de l’avenue du même nom. L’agent le connaît bien. Patrick habite le
quartier, rue de Meaux. Il s’est déjà présenté à lui peu après l’ouverture
pour réclamer des espèces. Mais l’agent n’a pas pu lui en remettre : son
compte n’est pas approvisionné. Le RMI que perçoit Patrick n’arrive que le 5
ou le 6 de chaque mois. Mais, visiblement, Patrick a un besoin urgent
d’argent. Il repart en maugréant.

Ses jours ne sont pas en danger Il revient deux heures plus tard et se
représente au même guichet en reformulant sa question et en obtenant la même
réponse. Il sort alors un briquet de sa poche, l’actionne et son visage
s’embrase presque instantanément. Il a visiblement prémédité son geste,
s’aspergeant au préalable la tête et la figure avec du white spirit. Après
la première fraction de seconde de stupeur, les personnes qui attendaient
leur tour sacrifient leurs vêtements pour entourer celui qui est devenu une
véritable torche vivante. Un employé de la Poste empoigne un extincteur et
éteint les flammes. Quelques instants plus tard, les sapeurs-pompiers sont
sur place. Après lui avoir apporté les premiers soins, Patrick est évacué
vers l’hôpital Saint-Antoine sous escorte moto. Bien qu’il soit brûlé au
deuxième degré à la face et aux mains, ses jours ne sont pas en danger.

Choqués par ce qu’ils ont vu, les agents ont été pris en charge par une
cellule de soutien psychologique composée d’une assistante sociale et d’un
médecin. L’annonce faite à la hâte sur un morceau de papier de listing
informatique « bureau de poste fermé suite à un grave accident » a été
enlevée : à 15 heures, les agents ont rouvert le bureau. En tentant
d’oublier, pour un temps au moins, les images qui resteront gravées dans
leurs mémoires.

Roberto Cristofoli

Le Parisien , jeudi 04 septembre 2003