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L’emploi sans politique

Publie le jeudi 11 septembre 2003 par Open-Publishing

LE CHÔMAGE est reve venu au premier rang des préoccupations des Français.

Les chiffres attendus pour août assombrissent encore les perspectives. Plus
de 2,4 millions de personnes cherchent vainement un emploi, soit 9,6 % de la
population active. La barre symbolique de 10 % semble devoir être
irrémédiablement franchie dans les tout prochains mois. Pour la première
fois depuis dix ans, l’économie française a détruit 60 000 postes dans le
secteur concurrentiel au premier semestre. C’est le c¦ur de la machine de
l’emploi qui est atteint.

L’erreur est originelle. Le candidat Chirac avait multiplié les promesses en
comptant sur une croissance régulière de 3 % l’an et sur la manne que ce
dynamisme devait apporter aux caisses de l’Etat. Sans voir que les courbes
du chômage étaient reparties à la hausse depuis un an déjà (mai 2001), il
estimait que la question était devenue secondaire. Depuis l’élection, la
croissance ne cesse de s’effondrer : 1,2 % en 2002, et sans doute la moitié
cette année. D’où la panique visible du gouvernement.

Sur le plan économique, il hésite sur la stratégie et disperse ses moyens
(baisse des impôts en espérant que les ménages consommeront plus, petites
aides aux entreprises en espérant qu’elles investiront) et, surtout, laisse
filer à vau-l’eau le déficit budgétaire quitte à provoquer une très grave
crise avec nos partenaires européens.

Sur le plan social, il remonte les crédits pour les emplois aidés qu’il
avait fortement réduits il y a un an. Pour sauver Alstom dont la disparition
eut mis à sang plusieurs régions déjà dévastées par le chômage (notamment
Belfort), il décide de prendre 31 % de son capital, une nationalisation
partielle elle aussi en rupture avec les règles européennes. Sur le front
administratif, il ne sait que faire face aux plan sociaux, comme en témoigne
le départ précipité et inexpliqué de Claude Viet, nommé il y a un an
"M. Mutations économiques".

Les syndicats dénoncent cette absence de politique d’emploi : la CFDT s’en
prend à la "passivité" gouvernementale, la CGT évoque le recours à un
" arrosoir" pour éteindre "l’incendie" du chômage. Les élus de la majorité
s’inquiètent ouvertement.

Face à cette pression, le gouvernement veut afficher une mobilisation. M.
Raffarin va à Londres plaider pour un plan de relance économique au niveau
européen. Il va créer une mission pour favoriser une meilleure coordination
entre les différents organismes chargés de l’emploi (ANPE, Unedic,
collectivités locales...). En réalité, le gouvernement continue de ne savoir
que faire, sans choisir et sans se donner les moyens de définir de politique
forte.

Au début de l’année, M. Raffarin avait expliqué que chacun des ministres
devait "se décarcasser" pour lutter contre le chômage. Un expression qui
résumait son désarroi. En cette rentrée, il n’a toujours pas d’autre
politique que celle d’attendre la reprise américaine et ses retombées en
Europe.

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3208--333499-,00.html