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Les premiers harpons japonais ratent leur cible

Publie le mardi 20 juin 2006 par Open-Publishing

Les baleines peuvent reprendre leur souffle. A l’issue de la journée inaugurale de la Commission Baleinière Internationale (CBI), les pays pro-chasse, emmenés par le Japon, ont vécu deux déconvenues de taille. Par 32 voix contre 30, les pays présents ont rejeté une demande japonaise visant à voir disparaître toutes références à la conservation des petits cétacés (dauphins et marsouins) dans les prérogatives de la CBI tout comme ils se sont opposés, sur un score de 33 voix contre 30, à l’introduction du vote à bulletin secret.

S’il est de notoriété publique que, depuis plusieurs années, le Japon contourne le moratoire sur la chasse commerciale mis en place en 1986 par la CBI pour poursuivre ses activités de chasse, les pratiques d’achats de vote menées par les officiels nippons surprennent toujours plus, chaque année, les observateurs. En effet, pour faciliter l’adoption de ses positions, le Japon utilise son aide extérieure pour faire entrer des pays à la CBI et orienter leur voix pour les votes. Il aurait donc été particulièrement utile pour l’archipel que ces pays "amis" puissent voter à bulletin secret afin d’éviter toute mauvaise publicité sur, de facto, leur engagement dans la chasse baleinière.

Avec une majorité simple, le Japon ne peut pas remettre en cause le moratoire (la majorité qualifiée - 75% - est nécessaire) mais a la possibilité d’amoindrir sérieusement les mesures de protection des baleines actuellement misent en place par la CBI. Les objectifs affichés par les responsables nippons sont d’ailleurs très clairs sur ce point : retirer le statut d’observateur à Greenpeace et aux acteurs de la société civile opposés à la chasse, passer une résolution pour justifier son programme "scientifique" et pousser la Convention CITES à lever les restrictions sur le commerce du petit rorqual.

"Nous assistons cette année à un réel durcissement du dialogue avec Tokyo, analyse Aurèle Clémencin, chargé de mission Océan pour Greenpeace France. Notre campagne hivernale dans l’océan austral (1) a montré combien cette industrie s’isole toujours plus dans son jusqu’au boutisme passéiste. Un sondage commandité par Greenpeace au Centre de Recherche Japonais indique pourtant que 77% des personnes sondées sont contre la chasse en pleine mer (2) et contre le programme scientifique de leur gouvernement dans le sanctuaire austral et dans le pacifique nord. Cet hiver, Greenpeace continuera son bras de fer sur le terrain et dans ces eaux."

Aujourd’hui, les citoyens japonais ne soutiennent pas l’institution gouvernementale de l’Agence des Pêcheries du Japon, sont contre le retour de la chasse commerciale et les entreprises privées qui commercialisaient la viande de baleine issue de cette activité se sont... retirées de cette activité jugée pas assez profitable. Le gouvernement japonais ne pourra pas éternellement soutenir artificiellement ce secteur en montant, par exemple, une structure publique destinée à vendre les steaks "scientifiques" aux écoles, hôpitaux ou restaurants.

"Les pays anti-chasse doivent prendre très au sérieux ce nouvel avertissement et se montrer plus pro-actifs pour protéger les baleines, analyse Shane Rattenburry chargé de campagne océans pour Greenpeace International. Depuis 20 ans le Japon garde l’activité de chasse sous perfusion, en invoquant la "science", il est temps qu’il abdique et se rende compte que cette voie est sans issue."

Notes :

(1) - Détails de cette campagne disponibles sur
 http://oceans.greenpeace.org/fr/l-e...

(2) - Rapport en anglais :
 http://www.greenpeace.or.jp/press/r...

 http://www.greenpeace.org/france/ne...