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Mohamed Garne continue son combat contre les crimes coloniaux de l’Etat français !

Publie le vendredi 23 juin 2006 par Open-Publishing

Communiqué du MPE

En 1959, à 200 km au sud-est d’Alger, la jeune Keira fut violée à l’âge de 15 ans pendant des nuits entières et à plusieurs reprises par des soldats français. De ce viol collectif - malgré les tortures que lui ont infligées les soldats violeurs afin de la faire avorter - est né Mohamed Garne. Séparé de sa mère six mois après sa naissance et hospitalisé suite aux séquelles causées par les coups reçus par cette dernière, il passera les plus belles années de sa vie en perpétuel déplacement d’un orphelinat à un autre. Il ne verra sa mère qu’à l’âge de 28 ans !

Après avoir été d’abord débouté en première instance, il va néanmoins être reconnu en appel devant la Cour régionale des pensions en 2001 en tant qu’enfant né d’un viol commis par l’armée française durant la Guerre d’Algérie. Mais la Cour a baissé son taux d’invalidité à 30% (alors que l’expert-psychologue des armées l’avait évalué à 60%) et ne lui a accordé qu’une pension de misère pour une durée de 3 ans !

Aujourd’hui, Mohamed Garne continue son combat pour obtenir des dommages et intérêts devant le Conseil d’Etat qui jugera son affaire le 28 juin 2006. Mohamed Garne a également écrit à tous les députés et leurs familles politiques, mais à ce jour sans réponse ! Il est bien conscient qu’aucune indemnisation matérielle ne serait en mesure de réparer les crimes coloniaux odieux tels que le viol collectif (ce qu’on appelle de nos jours les « tournantes ») dont sa mère a été victime, ni les séquelles de ce passé sombre de la France dont lui-même et sa mère sont les témoins vivants - survivants - parmi des milliers d’autres à travers le monde.

Et ce n’est pas en votant une loi rétablissant « le rôle positif de la colonisation » (celle du 23 février 2005) que la France éludera ses responsabilités. Des traces restent indélébiles parce que des milliers de femmes et d’hommes les portent encore au plus profond d’eux-mêmes. Tant que cette page de l’histoire française n’est pas ouverte et lue, qu’il n’y a pas eu reconnaissance de tous les crimes coloniaux, que les archives ne seront pas ouvertes et la mémoire ne sera pas restituée, le présent continuera à interroger le passé.

Mouvement pour l’égalité
Le 23 juin 2006

 www.mouvement-egalite.org