Accueil > MM.Giscard d’Estaing et Messmer pourraien t être entendus...

MM.Giscard d’Estaing et Messmer pourraien t être entendus...

Publie le mercredi 1er octobre 2003 par Open-Publishing

MM. Giscard d’Estaing et Meesmer pourraient être entendus sur l’aide aux dictateurs sud-américains.

Un avocat parisien a demandé à un juge leur audition après la diffusion d’un film sur la coopération de militaires français avec les dictateurs dans les années 1970.

Le documentaire "Les escadrons de la mort : l’école française", diffusé sur Canal+ lundi 1er septembre, pourrait avoir des conséquences judiciaires et politiques. Cette enquète journalistique, qui a déjà provoqué de vives réactions en Argentine ( Le Monde du 13 septembre ), dénoncé la manière dont l’armée française a, semble t-il, "exporté" ses méthodes de répression, et collaboré, par le biais de divers instructeurs, avec plusieurs régimes dictatoriaux d’Amérique du Sud dans les années 1970.

Me William Bourdon, l’avocat des familles de quatre français disparus en Argentine à l’époque de la junte militaire (1976-1982), a écrit, lundi 22 septembre, au juge d’instruction parisien Gérard Caddéo, chargé des enquêtes sur ces disparitions. Me Bourdon demande l’audition de sept personnes , de nationalité française, dont les noms sont cités dans le documentaire. Parmi elles, figurent un ancien diplomate, quatre officiers à la retraite, mais aussi des responsables politiques : l’ancien premier ministre (1972-1974) Pierre Messmer et Valéri Giscard d’Estaing, président de la République de 1974-1981.

Monsieur Messmer, qui fut également ministre des armées ( le Ministère du Génocide : rajouté par moi) de 1960 à 1969, a fait savoir au Monde qu’il était "prêt à répondre" à une éventuelle convocation du juge. Selon son entourage, M. Giscard d’Estaing n’était pas joignable, mercredi matin 24 septembre.

En s’appuyant sur le film ? Me Bourdon assure que les "plus hauts représentants de l’Etat"
étaient "parfaitement informés de cette collaboration et de sa nature." Selon nos informations, le juge Caddéo a déjà effectué des recherches dans les archives militaires afin d’en savoir davantage sur ces accords de coopérations.

RÔLE DECISIF

L’enquête de la journaliste Marie-Monique Robin, riche en témoignages inédits, tend à démontrer que la France a joué un rôle décisif dans la formation des militaires argentins. Les officiers dont Me Bourdon demande l’audition avaient tous participés à la guerre d’Algérie - et fréquenté parfois les rangs de l’OAS - avant de partir en Amérique du Sud.

Ils auraient enseigné aux Sud-Américains les techniques de quadrillage d’une ville, les méthodes d’interrogation et d torture, ainsi que la mise en place des "escadrons de la mort", chargés de faire disparaître les "éléments subversifs". Pour la seule Argentine, les organisations de défense des droits de l’homme estiment à 30 000 le nombre de mort et de disparus.

Le film fait également état d’une collaboration policière étroite, impliquant cette fois la direction de survaillance du teritioire (DST). A en croire le témoignage de l’ancien ministre argentin de l’intérieur, Albano Harguindeguy, son homologue français, Michel Poniatowsky - décédé en 2002 -, aurait encouragé cette coopération et ordonné la surveillance des Sud-Américains exilés en France.

Parallèlement à ces développements judiciaire, les trois députés Verts à l’Assemblée Nationale, emmenés par Noël Mamère, réclament la création d’une commission d’enquête parlementaire. " L’honneur de la France, écrivent les députés écologiques, est de faire toute la lumière sur cette funeste période tant restant opaques et inconnus sur bien des aspects de cette étrange coopération.

Phillipe Broussard du Monde