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Crédit Agricole : la banque et les paysans

Publie le dimanche 13 août 2006 par Open-Publishing
1 commentaire

Je dédie cet article à ceux, qui comme moi, on reçu un jour une lettre d’avertissement pour un petit découvert.

L’actualité est aux guerres et aux catastrophes, mais n’oublions pas nos amies les banques.


D’ici Aout-Septembre, le Crédit agricole devrait prendre ses quartiers d’été à Athènes. L’OPA de la Banque verte sur la quatrième banque grecque, Emporiki, se clôturera le 7 août. Après avoir relevé son offre à 3,3 milliards d’euros comme l’y engageait l’État, propriétaire d’Emporiki, le Crédit agricole a mis toutes les chances de son côté. Hier, la commission grecque des marchés financiers a donné un premier feu vert à l’offre française.

Le Crédit Agricole , c’est :

 1re banque en France, plus de 30% du marché français (le crédit lyonnais a été racheté par le C.A.)

 1re en Europe

 3e mondiale. (D’après le magazine Fortune classement 2006)

 130 000 Salariés

 Produit net bancaire en 2006 : plus de 13 000 000 000 euros (c’est à dire 13 milliards)

 Fond propre (c’est à dire capitalisation, le fric en stock) : plus de 30 Milliards d’euros.


Comment le Crédit Agricole est devenu cette immense banque ?

Comment la banque des bouseux est devenue une gigantesque usine à fric ?

L’histoire du Crédit Agricole remonte à la fin du XIXe siècle. Sa création en 1894 a commencé "par la base" (Caisses locales et régionales de Crédit Agricole Mutuel).

Il ne s’agissait donc que de prêts pour des paysans. En aucun cas de faire des gains en bourse.

Voyons la suite...

D’abord orientée exclusivement vers l’agriculture, ce réseau bancaire s’est diversifié à partir des années 1960 vers l’agroalimentaire, la ruralité, l’artisanat, le financement de l’habitat puis l’ensemble des secteurs économiques, avec une forte présence sur le marché des particuliers.

Dès 1942, commence son orientation vers le secteur financier (Bon à 5 ans pour un produit d’épargne) :
Le crédit Agricole n’est déjà plus une mutuelle.

1945 : La FNCA (Fédération Nationale de Credit Agricole) devient une institution semi-publique.

1959 : Ouverture aux particuliers ; terminé le rôle agricole, le C.A. est une banque au sens usuel du terme.

1966 : Autonomie pour la collecte des fonds ; le CA ne doit plus rendre compte au trésor publique.
Le CA est une banque privée.

1971-79 : De décrets en décrets, la notion de rutalité est modifiée pour permettre au C.A. d’étendre son activité. En 1970, une zone rurale c’était moins de 5000 habitants, pour arriver à 12000 habitants en 1979.

1979-1981 : le C.A est autorisé à s’introduire dans le secteur industriel (PME de moins de 100 salariés)

1986 : L’ére libérale ; création d’un secteur dans l’assurance-vie.
Depuis longtemps, des sommes énormes sont investies dans l’immobilier.

1988 : Enfin le rêve est devenu réalité : Le crédit agricole est transformé en une Societé Anonyme.
Mais dans les faits, c’etait devenu une banque privée depuis la fin des années 70.
Cette décision entérine juste le retrait définif de l’état (sous un régime "socialiste" !!!)

Années 90 : Les dernières restrictions qui interdisaient au C.A. de financier la grande industrie sont levées, du fait de ses statuts historiques, sont levées. le C.A. devient une grande banque financière internationale.
A partir de cette date, elle achète sans arrêt partout dans le monde des sociétés d’assurances, des banques.

1999 : rachat partiel du crédit lyonnais, le concurrent historique. Rachat définif quelques années plus tard.

2001 : Cotation boursière à EURONEXT, Le CNCA est nommé désormais "Crédit Agricole S.A."
Fin de la boucle. La mutuelle est devenue un monstre capitaliste.

En résumé :

La Caisse nationale de Crédit Agricole, devenue Crédit Agricole SA (CASA), a progressivement renforcé ses activités sur les marchés financiers et l’international. De plus, et, au cours des deux dernières décennies, elle a absorbé par rachat, ou pris des participations stratégiques, dans divers établissements financiers français, italiens (Intesa) et des pays d’Europe centrale et orientale. En 1986 le Groupe se lance dans l’assurance-vie avec Predica et dans l’assurance dommage en 1990 avec Pacifica. En 1996,c’est Indosuez qui est racheté pour donner la naissance à Indocam (gestion d’actifs) et CA-Indosuez (CAI) pour la Banque de Financement et d’Investissement. Plus récemment, elle a absorbé le Crédit Lyonnais en 2003. De la fusion des banques de financement du Lyonnais et de CAI est né Calyon, la banque d’investissement et de financement.

Sur le plan de la structure du capital, l’évennement majeur est en 2001, lorsque CASA s’introduit en Bourse mais reste détenue majoritairement par les 44 Caisses Régionales, comme le prévoient les statuts mutualistes du groupe.

Les années 2003 à 2005 ont été marqués par l’absorption et l’intégration du Crédit Lyonnais - rebaptisé LCL - dans le groupe bancaire. Cette intégration a couté au total 1,3 milliards d’euros et dès 2005 a permis de réaliser 663 millions de gains en synergie (*).


Et voilà comment un ancien établissement mutualiste, en lançant les paysans sur la voie de la mécanisation et de l’exploitation intensive, avec des prêts financés au départ par l’état, est devenu ce monstre qui achète désormais des banques étrangères.

Y’a pu d’paysans, c’est vrai, mais le fric du Crédit Agricole à fait de bonnes pousses bien grasses.
Dérision de l’histoire ; les paysans ont fait confiance à plus rapaces qu’eux, désormais le terme "Agricole" ne parle plus qu’à une infime portion de pontes du FNSEA.

(*) ’synergie’ ; langage libéral : en virant des gens.

Messages

  • Il est en train de se passer la même chose avec la CAISSE d’EPARGNE depuis sa privatisation

    masquée que nous devons au Ministre socialiste Dominique STRAUS-KHAN

    A part que beaucoup de déposants de cette ancienne banque sociale restent des "démunis" qui

    ne perçoivent pour la plupart que des aides de l’état et doivent payer des frais exorbitants qui

    augmentent sans arrêt ainsi que des moyen de pression odieux

    Michèle DRAYE