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Après sept ans de bras de fer, le combat judiciaire anticorrida continue...

Publie le lundi 4 septembre 2006 par Open-Publishing

Dès octobre 1999 la menace se fit jour avec des rumeurs de construction d’arènes dans la ville rose ou les alentours. Bien que la dernière corrida ait eu lieu le 3 octobre 1976, les clubs taurins ont mis tout en œuvre pour voir renouer Toulouse et ses environs avec la tradition sanglante.

Aux alentours, des capeas (parodies de corrida sans effusion de sang) se sont tenues à Grenade et Clermont-le-Fort. A Rieumes, à quarante kilomètres de Toulouse, il y a eu pose de banderilles en 1999 suivie d’une plainte de l’Alliance, classée sans suite par le procureur de la République...

Arrêt fatidique
Suite à un référé introduit par une association de protection animale non spécialisée dans la lutte contre la corrida, la Cour d’appel, donna raison aux aficionados, le 3 avril 2000, estimant de surcroît que cette région bénéficie d’une tradition taurine et, qu’à ce titre, elle peut organiser des spectacles taurins ! Mais la Cour d’appel avait statué uniquement en matière de référé. En aucun cas il ne pouvait s’agir d’un arrêt rendu par le juge du fond, seul habilité à dire si la situation de Rieumes permet de se prévaloir d’une tradition ...
L’Alliance se donne les moyens... N’ayant aucune autre alternative, nous avons décidé d’aller jusqu’au bout, en apportant à la justice un élément essentiel prouvant que la corrida ne peut pas être considérée comme une tradition en Haute-Garonne avec un sondage réalisé par Ipsos Opinion.

Quand l’Alliance fait interdire une corrida !
Les résultats sont sans appel pour les partisans de la tauromachie qui appuyaient leurs prétentions sur l’existence supposée d’une tradition locale ininterrompue en la matière, inapplicable, dans ce cas, à leur passion. L’Alliance a donc saisi le tribunal de grande instance de Toulouse, afin qu’il constate l’inexistence de ladite tradition du fait de l’évolution générale des mœurs et qu’il interdise la novillada organisée à Rieumes, le 15 juillet 2001, par l’association taurine Feria en Saves. Les magistrats ont non seulement interdit la corrida, mais ont dit qu’il n’existe pas de tradition locale ininterrompue à Toulouse et en Haute-Garonne en condamnant Feria en Savesqui nous assignait en appel et gagnait ! Nous avons alors formé un pourvoi en cassation et, dans son arrêt du 10 juin 2004, la Cour a cassé et annulé l’arrêt rendu en appel, condamnant Feria en Saves aux dépens....

Coup de théâtre
Feria en Saves, en liquidation, s’est alors désisté de l’appel qui devait se juger à Bordeaux. En acceptant l’arrêt de la Cour de cassation, les dirigeants de ce club ont rendu au jugement du 9 juillet 2001 toute son autorité. C’est pourquoi, le 11 août 2006, j’ai chargé un huissier toulousain d’assigner le Club taurin de Rieumes pour demander l’interdiction de la corrida à cheval et de la novillada prévues le 3 septembre.

Le 31 août 2006, le juge du fond a bel et bien interdit les spectacles, à peine d’une astreinte provisoire de 3 000 euros par infraction constatée, ajoutant : "le Club taurin de Rieumes ne peut se prévaloir d’une tradition locale ininterrompue justifiant l’organisation d’une de la corrida à cheval et d’une novillada."
Coup de poignard Le 1er septembre, le Club taurin de Rieumes (anciennement Feria en Saves...) nous assignait en référé et obtenait la suspension de l’exécution provisoire du jugement au motif que pareille interdiction entraînerait pour les aficionados des conséquences matérielles financières excessives !

Autrement dit, selon le juge des référés, il est possible de se soustraire à une décision de justice et une interdiction si elles vous coûtent trop cher ! Curieusement, le magistrat n’a pas eu les mêmes scrupules concernant les tenants du respect de la vie puisqu’il n’a pas hésité à nous poignarder financièrement en nous condamnant, outre les frais d’appel, à 3 000 euros d’amende en faveur des aficionados !

Les taurins ne parviendront pas néanmoins à nous tuer... L’Alliance pour la suppression des corridas est à nouveau prête à argumenter devant la cour d’appel et le combat continue, au fond et jusqu’au bout, quoiqu’il puisse nous en coûter !