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Propos de Bistrot

Publie le vendredi 15 septembre 2006 par Open-Publishing
14 commentaires

Propos de Bistrot (*)

Il y a des termes définitifs pour détruire complètement un point de vue.
Parmi ceux-là, "propos de bistrots" ou "philosophie du café du commerce".

Cela désigne les divagations de quelques ivrognes qui luttent contre l’heure de fermeture du bar-tabac du coin en tenant des propos politiques d’ordre général.

Du style ;

"Moi, si j’étais Sarkosy, j’aurai pas sifflé pénalty pour le coup de tête de zidane vu qu’y avait pas hors jeux"

Bref, un propos de bistrot, c’est n’importe quoi la plupart du temps.

Mais c’est pas rien, c’est cela que je veux dire, c’est quand même une expression.
Elle peut être idiote, sans pertinence, mais elle existe.

Nous connaissons par coeur la philosophie TF1, on est branché dessus en permanence ;

C’EST QUAND MEME TERRIBLE L’INSECURITE MOI J’OSE PLUS SORTIR DE CHEZ MOI !!!
STAR ACADEMY ON A BEAU DIRE MAIS QUAND MEME C’EST TRUQUE NON ? JE VAIS VOTER PAR SMS POUR LE DIRE !!!

TF1, c’est pas exactement le reflet des bistrots, vu que comme je le dirai par la suite, il n’y a plus de bistrots.
Mais peut-être qu’en fait, tout le monde s’en fout de STAR ACADEMY ? Dans ce cas TF1 devient moins réel qu’un bistrot.

Moi, sans vouloir faire la promotion des cafés ni des boissons alcoolisées, j’ai quand même tendance à regretter que les propos de bistrots soient systématiquement considérés comme idiots et sans objets.

Dans un premier temps, on observe que les bistrots, ou café, dans l’acceptation usuelle du terme, sont en voie de disparition.
Des lieux ou des gens parlent de tout et de n’importe quoi, autours d’un verre tranquillement sans être obligés de commander au départ le menu économique standard, c’est devenu un luxe pour branchés de centre ville des grandes agglomérations comme Paris ou Marseille.

Vous pouvez remarquer cela dans toutes les villes moyennes en France , plus de Bistrot.

- Des vidéo club 24h/24h
- Des chaines de restauration rapide
- De minuscules magasins à sandwichs et frites

Mais plus de bistrots.

Alors je pose la question, où est-ce que les gens bourrés tiennent encore des propos de bistrots ?

Tous seuls dans la rue, en parlant aux lampadaires ou aux poubelles ?
Chez-eux devant la télé, avec le son à zéro ?

Mais pourquoi dire cela, surtout sur un site internet qui n’a rien d’un bistrot vu qu’on peut pas faire "click-bière" ?

Tout simplement parce que cela pose un problème assez intéressant, qui consiste à se demander en quoi l’apport du mec bourré du café du commerce est beaucoup moins interessant que les analyses qu’on entend quotidiennement sur toutes nos chaines de radios, télévision et journaux.

La question que je pose est simple ; internet est-il un média de type café du commerce, ou bien est-ce un média dans lequel seuls les types qui savent ce qu’ils disent viennent dire ce qu’ils ont à dire, avec ce froncement sérieux du sourcil qui fait la différence entre un type qui passe à la télévision et un mec bourré dans un bar ?

La question fera rire certaine personne.

Pourtant, l’interdiction de parler appliquer aux types bourrés des cafés de commerce a été appliquée, dans un premier temps pour la presse écrite avec l’introduction de la censure, ensuite dans les médias audiovisuels avec l’introduction du controle des bandes hertziennes pour interdire la diffusion de programmes non controlés.

maintenant, Internet est soumis au même dilemme du café du commerce.
faut-il interdire aux gens qui ne passent pas à la télé, qui ne sont pas des notables reconnus, de diffuser des informations, aussi stupides et fausses soient-elle ?

La question n’est pas tellement idiote si on prend en compte le fait que peut-être, dans les médias sérieux protégés des propos d’alcooliques paranos, certains faits sont invontairement occultés, afin de de pas nuire à des intérêts économiques qui n’existent que dans l’imagination de types bourrrés qui hantent les derniers bistrots ouverts.

Bref, est-ce qu’Internet laissera les types du bistrot parler encore longtemps ?


(*) Mot d’origine inconnue, venant de l’argot du 19eme siècle.
Si des érudits passent par là et en disent plus, merci pour l’apport culturel.

Messages

  • Je crois qu’à l’origine le mot bistrot vient du russe, apporté par des russes exilés en France,mot dont ils se servaient pour dire qu’ils voulaient boire et qui est passé ensuite dans la langue française.Comme quoi l’immigration est aussi, n’en déplaise à qui vous savez, une richesse ;
    Toutefois, si quelqu’un peut confirmer.
    Catherine.

  • Bon, pour une fois, on va faire dans le culturel, mais n’en abusons pas.

    L’origine de bistrot n’est pas certaine. Elle peut effectivement venir du russe "bistro" qui signifie "vite", mais peut aussi venir de "bistouille" qui dans le nord de la France signifie un mauvais alcool.

    Comme il m’est pratiquement impossible d’être sérieux jusqu’au bout, j’ajouterai que, quand tu bois trop, tu bisses trop.

    J’ai bien ri en lisant l’article.

    JMH

  • Bref, est-ce qu’Internet laissera les types du bistrot parler encore longtemps ?

    Bien sur, sinon on ne pourrait pas lire ton article completement incompréhensible.

  • L’avantage des bistrots, c’est que l’on pouvait se parler.

    Je crains que l’on ne le puisse plus prochainement,

    que se parler , même dans la rue, devienne un déli

    du train ou fleurit la vidéo-surveillance

    Michèle

    • Le café, ou le bistrot, c’est le parlement du peuple...
      En les supprimant ou en ne les laissant pas survivre, on supprime la parole du peuple, rusé non ?

    • je n’ai pas de nostalgie du bistrot. En fait j’étais gamin et je plongeais dans une atmosphère enfumée dans laquelle je cherchais le Leon car mémé m’avait envoyé le chercher. Lui s’en jetais "un p’tit coup derrière la cravatte"avec des potes. Je le retrouvais hilare car ma présence indiquait le retour imminent chez la "patronne".
      Des fois j’avais droit à une limonade quand il voulait faire poireauter mémé derrière ses fourneaux.Et je savourais, lentement avec une paille un soda écarlate dans une ambiance sonore de borborigmes viriles et incompréhensibles enfumée de Gitanes et Gauloises.Meme les gendarmes avec leur estafette Renault garée ostensiblement devant le bistrot avaient leurs habitudes. Mon regard arrivait à hauteur de leurs pétards alors qu’ils étaient accoudés au comptoir. Grimper sur un de ces hauts tabourets en bois eut été trop osé et périlleux pour me hisser à hauteur du zinc. Et la honte c’eut été qu’un pandore secourable m’aide à grimper.J’avais déja des prémices de dignité. De toute façon,la haut c’était le monde des hommes, pas des gosses. Alors pépé des fois me disait , dis lui que j’arrive, et je rebroussais maladroitement mon chemin ne sachant pas comment sortir "dignement"(comme un cow boy) de ce lieu peuplé de mecs qui me jetaient un regard mi amusé mi blasé.

      Beaucoup d’affaires se sont traitées à cet endroit. Le café était en face du garage de pépé et les "clients" lui payaient un "canon".
      Bien souvent cette convivialité leur permettaient d’effacer l’ardoise d’une réparation trop chere à leur gout.
      ça s’arrangeait au bistrot "rapidement" comme disent les russes.
      Mais malgré tout, pas de regret du comptoir et du formica. C’est une autre époque.
      Aujourd’hui nous solliloquons devant un écran d’ordinateur.
      SC

    • Et personne ici pour élever le débat !Ce ne sont pas les "bistrots" qui ont disparu(laissant place a des bars branchés pour bobos)c’est bel et bien toute forme structurelle de lien social(bistrot compris) !Et ce de part la simple volonté "libérale" qui a besoin de consolider dans les esprits l’individualisme et la "competition" pour pouvoir faire accepter son aspect inhumain...il n’y a plus de petit commerce vous faisant crédit quand vous etes dans le besoin,ni d’employeur vous faisant une avance sans contre-partie,ni de relations naturelles entre voisins etc etc...
      Le pire c’est que tous les médias dominants(aux ordres !)n’arretent pas de nous dire insidieusement que notre société est bien plus humaine qu’avant,sauf sur le domaine sécuritaire(dont ils n’arretent pas d’insinuer qu’il est plus laxiste que précédement):ce qui fait qu’ils nous abreuvent de téléfilms et de documentaires sur les "bonnes écoles d’antan ou les élèves n’élevaient pas la voix" etc etc etc

    • Je connais un petit coin de paradis où il existe encore des bistrots.
      On y a refait le monde jusqu’à une heure du matin la nuit dernière, entre jeunes et vieux de tous bords....
      Bigoudène.

  • En fait, les propos de bistrot sont autorisés sur Internet jusqu’au 31 décembre 2006. Après ils seront interdits.