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CETTE DROITE MÉRITE UNE BONNE GAUCHE

Publie le vendredi 6 octobre 2006 par Open-Publishing
20 commentaires

Il y a une dizaine de jours, j’ai proposé à Libération le texte suivant que la rédaction n’a pas jugé bon de diffuser. Il devait paraître sur le site Internet, en vain. Le voici sur ce blog :

Bonne lecture !

La droite a le mérite d’afficher la couleur. Non seulement le gouvernement accroît chaque jour un peu plus la désespérance sociale mais son candidat présumé pour 2007 promet de faire mieux. Nicolas Sarkozy, ce n’est pas seulement un style. C’est un projet politique dangereux, alliant ultra-libéralisme et autoritarisme. Au programme : plus de concurrence, de profits, de contrôle social et moins de protections, de services publics, de libertés. Cette droite mérite une bonne gauche. Face à la logique du marché " libre ", de la marchandisation de tout (et n’importe et quoi) et de l’ordre contraignant, il faut opposer les valeurs de solidarité, de mise en commun, d’émancipation individuelle et collective. Et rappeler notre visée, le dépassement de toutes les formes de domination et d’exploitation. On ne battra pas Sarkozy sans mobiliser les classes populaires, sans re-dynamiser ce peuple de gauche qui a trop souvent été déçu. Voter utile, c’est donner sa voix à une équipe qui n’a pas passé ses idéaux à la machine, qui dispute à la droite dure tous les terrains où se joue l’avenir de la société, qui changera vraiment la donne dans le pays. La gauche anti-libérale rassemblée est la seule alternative crédible et durable à Sarkozy. Emploi/pouvoir d’achat, énergie, immigration, école : la preuve par quatre sujets d’actualité.

Emploi/pouvoir d’achat. Le gouvernement a osé faire sa rentrée en fanfaronnant sur la baisse du chômage ! On en oublierait que ce soubresaut est d’abord dû à des départs en retraite et que, dans le même temps, le nombre de RMIstes et de travailleurs pauvres ne cesse d’augmenter. Depuis vingt-cinq ans, le rapport capital/travail s’est considérablement détérioré : dix points de PIB sont passés directement de la poche des salariés aux actionnaires. Quand le pouvoir d’achat des travailleurs stagne, les entreprises du CAC 40 affichent des profits records. La casse du droit du travail et les cadeaux fiscaux aux entreprises n’ont conduit qu’à des reculs pour les salariés et les chômeurs. Un climat de peur s’est installé, peu propice au dynamisme économique et à la mobilité... Contre le chômage, on n’a pas tout essayé et l’Etat peut, sinon tout, au moins quelque chose contre les licenciements et les délocalisations. Un autre partage des richesses et une sécurisation des parcours professionnels s’imposent. Il est aussi souhaitable que réaliste de porter le SMIC à 1500 euros bruts tout de suite, d’augmenter les minima sociaux, de mettre en place un nouveau statut du salariat (qui assure une continuité des droits à l’emploi et à la formation ainsi qu’un filet de sécurité en terme de revenu, et ce dès 18 ans), de revenir au CDI à temps complet comme norme de contrat de travail et de mobiliser l’outil fiscal au service d’une juste redistribution des richesses et d’une réorientation des ressources vers les activités socialement utiles. Le tout en développant la démocratie sociale pour permettre aux salariés de peser davantage sur les décisions qui les concernent.

Énergie. Approvisionnement, production et distribution, égal accès de chacun aux ressources, sûreté des installations, place des énergies renouvelables, maîtrise des coûts : les enjeux ne sont pas minces. Pour y faire face, la réponse de l’UMP est sans vergogne. Laissons faire les marchés ! Gaz de France annonce 44% de bénéfices au premier semestre 2006 ? Au lieu d’en profiter pour consolider la maîtrise publique de l’énergie, moderniser les équipements, investir dans la recherche ou stimuler l’économie d’énergie, la droite préfère privatiser. Les lobbies financiers et pas la société... avec en ligne de mire, 20.000 licenciements et la hausse des factures de gaz. Alors que le PS brille par ses tergiversations sur le sujet, la gauche anti-libérale propose de créer un pôle public rassemblant toutes les entreprises de l’énergie - publiques et privées - dans lequel salariés et usagers auront leur mot à dire. Cela passe par la réunification d’EDF et GDF dans un cadre 100% public. Esquissée par les syndicats et de nombreuses forces critiques, cette voie est la seule à même de permette à l’Etat d’assurer sa fonction fondamentale : garantir l’intérêt général et préparer l’avenir.

Immigration. Le fonds de commerce de Sarkozy, c’est le concept d’immigration " choisie " (arbitrairement par lui !). Au PS, c’est l’immigration " partagée " - question de vocabulaire. Osons l’affirmer : la circulation des personnes est un atout de la mondialisation. Les frontières ne sont pas étanches, elles ne l’ont jamais été et ne le seront jamais. Quiconque prétend l’inverse ment. Les lois restrictives en matière d’immigration n’ont donc qu’un résultat : " produire " des sans-papiers et créer ainsi un peu plus de précarité et de désespoir. La situation insupportable des expulsés de Cachan témoignent de l’urgence d’un traitement humain. Cessons de rejeter ces hommes, ces femmes et ces enfants, de les livrer aux marchands de sommeil et au travail au noir. C’est moralement impensable et c’est absurde économiquement. Et pourquoi la France ferait-elle moins que ses voisins latins, où des centaines de milliers de migrants ont été régularisés ? La seule voie juste et réaliste, c’est de procéder à des vagues de régularisation des sans-papiers, d’annuler vraiment la dette et d’honorer les engagements pris en matière d’aide et de solidarité en faveur du Sud. Sauf à faire la démonstration, avec Sarkozy, que la méfiance et le rejet de l’autre valent mieux que le respect de la dignité humaine et la rencontre.

École. Nicolas Sarkozy puis Ségolène Royal ont proposé de remettre en cause la carte scolaire. Les stratégies de contournement par certains parents sont avant tout un symptôme, celui de profondes ségrégations sociales et territoriales, alimentées par le désengagement de l’Etat, le recul des services publics et une politique du logement gravement déficiente. En tout état de cause, ce n’est pas en cassant les outils de l’égalité qu’on favorisera... l’égalité ! Ceux qui prônent la remise en cause de la carte scolaire s’appuient sur les difficultés d’un système trop pauvre en moyens, en ambition, en innovation - de la maternelle à l’université. Le saupoudrage des crédits affectés aux ZEP n’est pas à la hauteur des besoins nécessaires aux établissements les plus en difficulté : à quand une péréquation budgétaire plus juste et plus efficace ? La démocratisation de l’accès aux savoirs doit rester notre perspective première, ce qui suppose d’adapter nos conceptions et pratiques pédagogiques. 160.000 jeunes sortent chaque année de l’école sans diplôme. Les vaincus du système doivent être le point de départ de notre réflexion, le cœur de notre action. Il nous faut choisir entre un point de vue utilitariste du savoir, qui s’autorise à rejeter une partie de la jeunesse, et celui de l’ambition pour toutes et tous.

En 2007, c’est bien pour un choix de société que les Français devront voter. Les orientations de la direction actuelle du PS ne permettent pas de combattre la droite sur le fond, de clarifier les enjeux, de tracer d’autres perspectives de transformation sociale. Une gauche conséquente doit notamment rompre avec les politiques libérales menées depuis trop longtemps. Mettre l’économie au service de l’humain est une visée d’avenir. Dire que la globalisation a sonné la fin de l’Histoire, c’est nier les marges de manœuvre qui existent dans notre pays, oublier que les règles du jeu internationales sont bâties par les Etats, faire comme si d’autres - en Amérique latine par exemple - ne contestaient pas l’ordre établi. Les peuples sont capables de résister. Les Français et les Néerlandais ont dit non au projet de constitution européenne. Mouvement lycéen, révoltes en banlieue et mobilisation contre le CPE ont révélé combien les nouvelles générations rêvent d’autres futurs. Et pour quelle obscure raison ne pourrions-nous pas décider de nos vies ? Nous sommes nombreux - et peut-être même majoritaires ! - à n’avoir pas pour horizon les dividendes boursiers et à vouloir mettre en partage les richesses, les pouvoirs, les savoirs et les temps. Toutes les composantes de la gauche anti-libérale ont une responsabilité pour que ces voix s’unissent. Rassemblés, nous pourrons construire une autre voie à gauche.

Clémentine Autain

Messages

  • Et la gauche une candidature anticapitaliste et non seulement vaguement antilibérale.

    • De quoi s’agit t-il exactement ?
      Du programme de C Autain ? des collectifs ?

      Francesca

    • Il s’agit, semble-t-il, d’un texte politique qui donne quelques-unes des raisons de s’unir pour la victoire de la gauche aux prochaines élections présidentielles. Ce n’est qu’un début, je pense.

      CM

    • Fatigant, cette pub à la longue. Autant que celle de Montebourg (très mignon aussi).
      En revanche, Salesse a disparu... Pourquoi ? Moi je trouve qu’il est très beau aussi ! Et intelligent aussi !
      J’ai bien dit "aussi" !

      Les clémentines, par ailleurs, c’est délicieux pour rafraîchir le gosier des "tueurs" (ils s’appellent eux-mêmes ainsi) des grandes multinationales si l’on se met VRAIMENT en travers de leurs plans (exemple : redistribuer le profit au travail, et en retirer un peu aux actionnaires, nationaliser ce qui est privatisé, etc... ).

      La candidature anti-libérale n’est pas une marchandise.

      La lluvia

    • A lire le passage sur le probléme des sans papiers, on s’aperçoit qu’il n’est plus du tout question de régularisation de tout les sans papiers.
      "Des vagues de régularisation"... quelle différence avec le PS ou Sarkozy ?
      Aucune

      Cette "gauche" merite un bon coup de pied au cul

    • Je ne vois pas ce qui dans ce texte politique ressemble à de la pub, ou alors pour des idées et dans ce cas s’agirait-il d’une sorte de propagande antilbérale ? J’entends d’ici la droite se régaler de ce type de critiques : "il n’y aurait de critique de l’ordre établi que sous la forme de la propagande marxiste la plus éhontée". Par ailleurs, la beauté et l’intelligence, à supposer qu’on sache les définir, ne sont pas des tares, même en ce qui concerne Montebourg qui est vraiment mignon, je vous l’accorde, mais qui dit surtout plein de choses qu’on peut entendre et surtout discuter. Enfin, Salesse fait ce qu’il veut.
      Pour ce qui est du sort promis à Clémentine d’une façon si imagée et si cruelle, finir sous la dent des "tueurs", c’est fou le nombre de gens sur ce site qui veulent désormais la protéger ! Ca finit par devenir louche.

      CM

    • Ca m’intéresserait d’avoir le point de vue de nos deux louves protectrices sur l’article suivant :

      http://www.lepoint.fr/spectacles/document.html?did=184197

      Moi, ça me donne sacrément envie de mieux comprendre le potentil de Clémentine, pourquoi elle déclenche toutes ces (réac)tions.

      CM

    • Nos amis les Louves protectrices de Clémentine peuvent-elles nous dirent ce qu’elles pensent de CA ?

      http://www.lepoint.fr/spectacles/document.html?did=184197

      Il s’appelle Patrick, il est seul, il a du temps pour écrire ce qu’il pense et en plus il est payé pour le faire.

      CM

    • Ohooo, y a quelqu’un, OUUUUUUUUU, les louves, où êtes-vous ?

      CM

    • he ho, laisse un peu de temps, c’est l’heure de l’apéro au Fou de Bassan

       :)

      Thom

    • Oui, j’ai l’impression, les louves lampent de grandes gorgées de bière, et pendant ce temps la pauvre petite Clémentine va être croquée ... quel suspens ! Qui va venir au secours de la pôvre petite Clémentine ? Y-a-t-il quelqu’un qui l’aime ici ce soir ?

      CM

    • oui !!!! elle est une femme, elle est blonde, elle est jeune ...... alors les machos ça vous dérange...
      vraiment vous n’avez pas autre chose à dire de + important ! si elle est candidate, elle portera le projet AU
      anna

    • Oui, elle est femme, elle est blonde, elle est jeune et ça ne me dérange pas.
      Bon, je ne comprends pas vraiment pourquoi je me fais engueuler mais j’ai de plus en plus l’impression sur ce site que personne ne lit réellement personne.
      Pourquoi elle me traite de macho ?

      CM

    • Je suis d’accord avec Anna. On se demande ce qui déclenche les propos haineux contre Clémentine : le fait qu’elle soit jeune, belle et blonde ou le fait qu’elle est vraiment à même d’être la candidate de l’alternative unitaire. Entre ceux qui veulent prendre le dessus au sein de la gauche du non, les ultra-gauchistes, les nostalgiques de Marchais et les machos, Liliane n’a pas fini de faire les valises !

      Moi, je voterai pour le candidat de l’alternative, quelque soit son nom. Je préférerai que ce soit Clémentine Autain parce que cela donnerait un bon coup de balai aux vieilles querelles mais si une autre ou un autre est désigné, je suivrai.

      Mais plus on lit les commentaires, plus on se dit que la candidature d’une jeune féministe s’impose. Par mesure de salubrité mentale dans les cercles anti-libéraux !

      Carlos

    • Oui, oui moi aussi je suis d’accord avec Anna ...

      CM

    • Or donc le journaliste du Point serait un spécialiste dont les écrits seraient à prendre tels quels.

      Je vois pourtant dans son papier des signes évidents de machisme quand il propose - pour faire dans l’humoristique, je suppose - qu’il n’y ait que des candidates à l’élection présidentielle.

      Il doit être le seul à considérer qu’il s’agit là d’un trait d’humour.

      A part cela, et au 1er degré, il a tout faux quand il pronostique cote à cote les candidatures de MG BUFFET pour le PC et de C AUTAIN pour les antilibéraux car il y aura une candidature commune de la gauche antilibérale et dans ce cas il n’y aura pas de candidature du PC.

      Mais tout cela semble échapper au journaliste du Point qui préfère disserter sur le visage de C AUTAIN.
      JL Gregoire

    • "l’élection présidentielle est un piége pour la démocratie et pour notre démarche collective.la présidentialisation de notre régime est extémement avancée,à tout les niveaux institutionnels d’ailleur.Elle gangréne la vie démocratique dans notre pays.
      La constitution d’un collectif de porte parole doit être la garantie d’une campagne à plusieurs voix,interdisant toute dérive présidentialiste,faisant de notre diversité une richesse visible et en mouvement.C’est cela qui nous rends forts.
      Nous souhaitons une candidature qui s’engage à remettre en cause fondamentalement le statut de président de la République et fasse de l’objectif d’une VIeme République,pleinement démocratique,un élément clé de sa campagne.
      Nous ne croyons pas aux hommes ou aux femmes providentielles et nous savons qu’ils n’éxiste pas de candidature parfaite.Mais cela n’évacue pas la nécéssité de déterminer le nom,puisqu’il en faut un,de celui ou de celle qui devra servir cette démarche collective,porter au plus haut notre projet et nos ambitions,et qui aura également notre confiance pour assumer,une fois élu-e,une autre conception du pouvoir".
      C’est un extrait du projet de résolution du PCF.Voila qu’est-ce que vous en pensez ?Parce qu’avant de désigner un ou une candidate faudra peut être se mettre d’accord sur le programme et les objectifs et malgrés toute la sympathie que j’ai pour Clémentine je ne vois dans son texte que son PROGRAMME PERSONNEL.
      Et c’est justement ce que nous voulons tous éviter la personnalisation et le présidentialisme.
      Jean Claude des Landes

    • Ce texte est surtout un appel à l’unité de toutes les composantes antibérales pour faire échec à la droite et à son programme de casse sociale. En quoi cet écrit révèle-t-il, dans la forme et sur le fond, l’ambition personnelle de celle qui l’a rédigé et en quoi augure-t-il d’une dérive présidentialiste alors qu’il n’y est question que de la meilleure manière de résister ?
      Ne serait-il pas possible de discuter sur le fond de ce que nous propose CA et d’essayer de réfléchir sereinement avec elle à la meilleure manière de s’opposer aux projets libéraux, en n’hésitant pas à critiquer ses propos librement, plutôt que de passer un temps infini à lui reprocher alors qu’elle s’engage et cherche à briser le mur du silence organisé autour du mouvement antilibéral, de ne penser qu’à sa carrière.

      Ca finit par paraître louche, ce travail de dénigrement systématique d’une personne, soi-disant au nom du collectif ! Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage.

      CM

    • JL Grégoire je sduis d’accord avec toi,les pisses copies du Point ne sont pas les mieux placés pour juger,et comme ce sont des libéraux purs et durs leur objectivité laisse pour le moins à désirer.
      Jean claude des Landes

    • Monsieur Besson n’est pas tout à fait un inconnu.

      Royaliste un jour, il se fera pro-serbe plus tard. Il est passé de l’Huma au Figaro, via l’Idiot international de Jean-Edern Hallier, comme il était passé de la banlieue rouge à Saint-Germain-des-Prés... avant d’échouer dans la presse people, Paris Match, Voici, VSD. Il est aujourd’hui au Point. Les propos de ce monsieur ont souvent frisé le poujadisme. L’auteur de Dara n’en finit pas d’utiliser (et d’user) son talent d’écrivain pour multiplier les écrits provocateurs.

      Un homme qui s’abîme ainsi est un homme à plaindre

      gib