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"INDIGÈNES" • La presse algérienne dénonce une "grande supercherie"

Publie le mercredi 11 octobre 2006 par Open-Publishing
11 commentaires

de Hoda Saliby

La projection en avant-première algérienne du film Indigènes, de Rachid Bouchareb, a suscité l’émotion - mais pas dans le même sens qu’en France. Les commentateurs estiment en effet que le scénario gomme la réalité historique du rapport de force colonial.

"Si, au plan esthétique, le film de Rachid Bouchareb mérite les applaudissements, l’approche historique est, quant à elle, très discutable. On ne scelle pas l’amitié entre les peuples en racontant une histoire se voulant être l’Histoire. S’il y eut des Maghrébins qui ont combattu volontairement aux côtés de la France pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, ce n’était pas le cas de la majorité des mobilisés.

La majorité des Algériens, des Tunisiens et des Marocains ont été contraints de s’enrôler et de combattre les Allemands", s’indigne La Tribune à la suite de la projection à Alger, samedi 7 octobre, du film Indigènes à l’Algeria, l’une des plus grandes salles de cinéma de la capitale.

Le quotidien algérien revient donc sur "la mobilisation forcée de près de 130 000 indigènes des colonies françaises pour libérer la métropole et l’Europe". D’ailleurs, poursuit le journal, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Maghrébins en général et les Algériens en particulier avaient acquis assez de conscience politique pour ne pas "épouser la cause française avec allégresse et s’engager volontairement dans l’armée pour libérer la France". A ce titre, les personnages du film Indigènes "sont loin d’être représentatifs". Et La Tribune de rappeler au passage comment, en 1916, "l’administration coloniale a fait appel aux tirailleurs sénégalais comme force répressive" pour obliger "les populations des Aurès à s’enrôler dans l’armée française", ou encore comment, pendant la Seconde Guerre mondiale, "les forces armées coloniales avaient regroupé les notables des tribus et les avaient menacés de mort s’ils ne laissaient pas leurs enfants s’engager dans l’armée française".

Même son de cloche dans Le Jeune Indépendant, qui relève que "la première projection a suscité un débat controversé concernant le volontarisme des tirailleurs africains pour participer à la Seconde Guerre mondiale dans le but de sauver la ’mère patrie’. Et la réaction des spectateurs présents était unanime, tant la mémoire collective est présente pour démontrer une vérité indéfectible : le peuple algérien fut quasiment enrôlé de force, à coups de bâton et d’insultes."

Le journal reproche au réalisateur de s’être appuyé "seulement sur des témoignages de tirailleurs qu’il a rencontrés. Et les personnes qu’il a vues, en France, sont celles qui ont fui la misère. C’est dire que Bouchareb n’a pas eu la chance de recueillir les témoignages de ceux qui ont subi les affres du colonialisme."

Bouchareb aurait-il péché par omission ? Dans une interview publiée par El Watan, le réalisateur explique que "tout est dit dans le film à travers les dialogues", que "toutes les scènes du film sont réelles, chaque personnage existe", que "les témoignages recueillis sont véridiques, récoltés auprès de soldats ayant vécu cette poignante période". De même, dans une interview publiée dans Liberté, Bouchareb précise : "Ce sont des gens que j’ai rencontrés en France, mais aussi en Algérie."

Selon lui, le plus important est que l’histoire de cette période, qui est plutôt ignorée, "soit mieux connue" par les Algériens mais aussi "par les jeunes issus de l’émigration, les jeunes de banlieue, qui ne connaissent pas grand-chose de l’histoire de leurs parents et grands-parents", et d’ajouter : "Si ces jeunes connaissaient le passé glorieux de leurs ancêtres et ce qu’ils ont fait pour la France, ils seraient plus fiers."

Le Quotidien d’Oran n’est pas non plus avare de critiques. Sous le titre "Indigènes : la grande supercherie ?" il se demande si Jacques Chirac a "réellement agi sous le coup de l’émotion après avoir regardé le film" ou si "son geste relève d’une opération de communication habilement préparée". Le quotidien signale que le ministre français délégué aux Anciens Combattants, Hamlaoui Mekachera, d’origine algérienne et lui-même ancien militaire de l’armée française, travaillait depuis trois ans sur le dossier des pensions versées aux anciens combattants des ex-colonies françaises. Finalement, selon Le Quotidien d’Oran, "à quelques mois des élections présidentielles, la droite au pouvoir souhaitait faire un geste en faveur des vétérans issus des colonies [en alignant leurs pensions sur celles versées aux soldats français], mais la mesure, purement symbolique, ne devait pas avoir un impact négatif sur les finances françaises".

Par ailleurs, Le Quotidien d’Oran relève que le film a été financé en partie par "des proches" du roi du Maroc Mohammed VI et dénonce le lancement du film en France comme "une vaste opération de communication franco-marocaine" durant laquelle on a pu voir s’afficher "Jacques Chirac et Jamel Debbouze côte à côte, complices, à l’avant-première du film à Paris, à l’issue de laquelle le président français a annoncé sa décision concernant les pensions". Pour finir, le journal n’hésite pas à charger l’acteur d’origine marocaine Jamel Debbouze, qui "a volé la vedette au réalisateur du film, d’origine algérienne, Rachid Bouchareb, auquel revient pourtant le mérite de la réussite du film". A signaler que Jamel Debbouze n’a pas pu obtenir un visa pour l’Algérie afin d’assister à la projection. Les raisons de ce refus n’ont pas été indiquées par les autorités algériennes.

Quant au film que Rachid Bouchareb projette de réaliser d’ici deux ans sur les massacres perpétrés par l’armée française à Sétif le 8 mai 1945, Le Jeune Indépendant espère qu’il "fera changer la position de la France à l’égard des crimes qu’elle a commis durant la période coloniale, en reconnaissant ses torts, comme elle sait le demander aux Turcs à propos du génocide arménien. Une influence qu’a déjà eue Bouchareb, avec Indigènes, sur la classe politique française, en poussant le gouvernement français à rouvrir le dossier de l’indemnisation des tirailleurs étrangers."

Après le Maroc, où le film a été présenté les 4 et 5 octobre, et l’Algérie, le film sera projeté cette semaine au Sénégal.

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Messages

  • ""La majorité des Algériens, des Tunisiens et des Marocains ont été contraints de s’enrôler et de combattre les Allemands", s’indigne La Tribune ""
    c’est sans doute vrai , mais jusqu’a présent nul hommage n’avait été rendu à ces hommes morts pour la france , et si l’engagement n’etait pas toujours spontané , l’hommage n’en etait que plus necéssaire .
    claude de Toulouse .

  • j’ai pas detesté le film
    simplement en tant que membre de la soi disant troisième génération, j’ai franchement les boules d’entendre que nous pouvons maintenant être fier de nos aïeux
    parce qu’une question me vient à l’esprit ? quelles sont donc les valeurs dont nous pouvons être fier ? la soumission ? le patriotisme ? (désolé mais ils crèvent tous comme des cons à la fin !!!)

    alors oui j’ai pleuré pendant le film, mais plus de rage que d’autre chose
    encore aujourd’hui dans ce pays nous aimons les immigrés soumis, se faisant trouer la peau pour la sacro sainte patrie !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    alors je n’ai ni honte ni ne suis fier de mes aïeux !

    et moi perso j’ai plus envie d’appeler tous les messaoud du monde à la desertion , que de glorifier le patriotisme !!!!!!

    • coucou je voulais rajouter à ce message un passage de l’internationale

      Les rois nous saoûlaient de fumées
      Paix entre nous, guerre aux tyrans
      Appliquons la grève aux armées
      Crosse en l’air, et rompons les rangs
      S’ils s’obstinent, ces cannibales
      A faire de nous des héros
      Ils sauront bientot que nos balles
      Sont pour nos propres généraux.

      klooodd

    • J’ai pas non plus vu le film.
      Mais il me semble que l’action se déroule pendant le 2eme guerre mondiale. On ne peut donc pas résumer la libération de la France à une affaire de patriotisme ; il s’agissait de combattre le nazisme non ? N’oublions pas par exemple que jusqu’à sa fin la RDA féter le 8 mai 45 comme une libération et non comme une défaite.
      Mais peut-etre que le film insiste davantage sur le patriotisme, je ne sais pas.

      Sur la stupidité du patriotisme et l’utilisation des peuples africains pour régler des conflits qui ne les concernait en rien, j’avais beaucoup aimé "LA victoire en chantant" de JJ. Anaud.

      Jips

  • COMMUNIQUE DE PRESSE
    "Les Indigènes" : le grand mensonge
    "Il fallait faire ce film, c’est un témoignage bouleversant sur une période méconnue de l’histoire commune entre l’Algérie et la France qu’il fallait montrer", a affirmé le comédien Mohamed Benaïssa. Tellement bouleversant que Jacques Chirac lui-même en a été ému.
    Faux et bouleversant ! Tellement faux qu’on y croirait… Emouvant, peut-être. Mais il s’agit là d’un film qui falsifie l’histoire ! Facile à falsifier, car, comme le reconnaît si bien Mohamed Benaïssa, il s’agit d’une période fort peu et fort mal connue !
    L’histoire vraie de la libération de l’Italie est effectivement (aussi) liée au corps expéditionnaire français composé d’Algériens, de Marocains, de Tunisiens et de Sénégalais.
    Cette vraie histoire débute en Sicile. C’est Mariangela Profeta Fiore, réfugiée à Montegrande (au sud de la route nationale Licata-Gela) qui rapporte des premiers kidnappings de jeunes femmes italiennes par des Marocains qui « les considéraient leur butin de guerre et les emmenaient en ricanant et en les traitant de tous les noms, comme des prostituées. » Le deuxième (lourd) épisode on le retrouve à Capizza, entre Nicosia et Troina : ici les Nord-africains se donnèrent à plusieurs viols collectifs.
    Mais ce fut pendant l’avancée vers la Ligne Gustav avant, et ensuite vers la Toscane que les Marocains se déchaînèrent. Ils violèrent par milliers des fillettes, des vieillardes, des femmes enceintes… sans oublier les hommes !
    Ils agissaient en bandes : ceux d’entre eux qui tâchaient de s’y opposer étaient invariablement abattus. Pour les victimes il n’y avait aucun salut : certaines, après pareil traumatisme, allèrent jusqu’à s’ôter la vie.
    Le journaliste Giovanni Minoli, grâce à des témoignages des victimes survécues, reconstituera un événement que, affirmera-t-il avec raison, « L’histoire officielle n’a jamais voulu raconter » C’est en effet rarissime de trouver dans les livres d’histoire ne fusse qu’une rapide allusion à ces crimes qui ont profondément marqué la libération de l’Italie dans le printemps de 1944. Où des milliers de femmes furent violées et tuées avec une fureur inhumaine !
    L’historien belge Pierre Moreau, pourtant est sur la même longueur d’onde de Minoli quand il affirme que : « Jamais ces tragiques évènements furent mentionnés par la littérature historique de la deuxième guerre mondiale : ni dans celle de langue française, ni dans celles de langue hollandaise ou anglaise »
    Il y a, au contraire, des preuves que ces violences ne se limitèrent pas à la population des Arunci, pendant les cinquante heures "de prime" offertes par le général Juin à ses troupes, méritoires d’avoir réussi à percer le barrage ennemi au Mont Cassino. Ce « phénomène » débuta en juillet 1943 en Sicile, traversa la région de Rome (le Latium) et la Toscane pour s’achever avec la mutation du CEF en Provence, dans l’octobre 1944.
    En mai 1944, en cette partie du Latium dénommée Ciociaria, les libérateurs alliés déchaînèrent les troupes marocaines du général Juin, les goumiers, sur la population locale : 3.500 filles entre 8 et 85 ans furent violées, 800 hommes sodomisés et tués. Parmi eux le père Alberto Terrilli, curé de Santa Maria di Esperia.
    C’est en ce moment qu’on dénomma « marocchinate » (maroquinages) les horribles sévices subis par ces victimes innocentes des libérateurs franco-nord-africains.
    Dans 40 communes des départements de Frosinone et Latina (Latium), entre le 11 et le 28 mai, le commandement militaire français laissa donc « quartier libre » à ses hommes pour fêter le succès sur l’armée allemande en retraite vers le Nord du Pays.
    Les réactions des cadres de l’armée française envers ces gendres de crimes (perpétrés par ses propres soldats) étaient empruntées à une très large tolérance.
    L’essai de Carloni « Le corps d’expédition français en Italie 1943/1944 – Criminels de guerre au service de la France libre » (titre traduit de l’italien) est très intéressant à ce sujet.
    Et dans le livre de Alberto Moravia « La Ciociara » on découvre le témoignage du capitaine d’artillerie Francesco Castelli qui nota scrupuleusement ce qui se passa à Esperia entre le 16 et le 18 mai 1944.
    Ce sont des affreuses réalités, des faits, témoignés et documentés, ceux dont on parle ! Et qui devraient nous émouvoir bien plus d’un film d’histoire-fiction ! Des faits qui, vous l’aurez compris, ne se limitèrent pas à la Ciociaria, loin de là ! A l’hôpital de Sienne, par exemple, furent accueillies entre autres 24 fillettes de 12 à 14 ans, toutes violées par la fureur criminelle marocaine. Ainsi à l’Elbe, Marina di Campo, Procchio, Capoliveri, Porto Longone et Portoferraio.
    Jamais le général Juin condamna ces violences commises par ses propres soldats. Ni d’ailleurs le fit le général Charles De Gaulle pendant sa pourtant longue vie politique !
    Au contraire, du 1er janvier 2007, nos braves soldats (quelque 84.000) toucheront enfin les mêmes pensions que leurs anciens collègues de nationalité française et cela à la suite d’une décision du président français Jacques Chirac, ému par ce film.

    Salvatore ALBELICE
    Président de la Délégation
    AZZURRI NEL MONDO - Belgium