Accueil > Italie : emigrés et budget de l’état

Italie : emigrés et budget de l’état

Publie le samedi 14 octobre 2006 par Open-Publishing

Parti de la Refondation Communiste
Département Etranger
Secteur Italiens dans le monde

de Carlo Cartocci traduit de l’italien par karl&rosa

Les citoyens italiens résidant à l’étranger qui ont voté pour l’Unione et qui, par leur vote, ont rendu un peu plus solide la majorité chancelante du Sénat regardent avec intérêt en direction de la prochaine loi de finances.

Ils ont quelques attentes justifiées par le programme sur la base duquel ils ont été invités à voter pour le centre gauche. Ils attendent un signe positif : non pas la solution immédiate des nombreux problèmes dont ils souffrent mais quelques mesures qui indiquent un changement de direction, la mise en route d’un nouveau parcours d’attention et de pleine reconnaissance des droits universels du citoyen et de la citoyenne, des femmes et des hommes.

Il faut rappeler, avant tout, que les maigres ressources réservées aux Italiens dans le monde n’ont jamais été diminuées par les gouvernements de centre droit et ce serait une erreur politique, et pas seulement une injustice, d’opérer cette année des diminutions.

Ces jours-ci, a circulé une foule d’informations, plus ou moins fondées, sur des diminutions et/ou des augmentations des sommes destinées aux Italiens à l’étranger. Le Vice-ministre Danieli a déclaré qu’il n’y aurait pas de diminution et que quatorze millions d’euros en plus à "tartiner" sur différentes urgences sont même disponibles. L’opposition parle en revanche de seize millions de diminution et de rationalisations qui concerneraient plus ou moins directement les émigrés. Pour une évaluation correcte, il est nécessaire d’attendre les chiffres définitifs, nous ne pouvons pour le moment que faire quelques réflexions.

Dans le programme de l’Unione pour l’étranger, on promettait le Chèque de solidarité pour les situations de plus grave pauvreté : ce serait une somme que l’on peut évaluer à environ cinquante, soixante millions d’euros et à laquelle il n’est pas possible de faire face cette année mais il faut donner un signe de l’assurance qu’il ne s’agit pas d’une promesse oubliée. Le signe pourrait consister à confirmer les affectations de 2006 avec la légère augmentation annoncée par Danieli.

Comment faudrait-il utiliser cette augmentation ? Avec deux millions environ, on pourrait passer des conventions d’assurances avec les hôpitaux pour l’assistance sanitaire directe qui couvrirait trois ou quatre cent mille citoyens en difficultés économiques, les ¾ desquels résident en Amérique du Sud. On pourrait ensuite intervenir pour rendre les Consulats plus efficaces : certains d’entre eux doivent aller jusqu’à économiser sur l’électricité pour l’éclairage et ont un tel déficit en personnel que l’aboutissement des démarches subit des dizaines d’années de retard ! A ce propos, il faut rappeler qu’il conviendrait, dans beaucoup de pays, plutôt que de faire recours au seul personnel venant d’Italie, d’utiliser du personnel local : avec le coût d’un employé en déplacement on pourrait embaucher trois ou quatre employés locaux. Il ne me semble pas, par contre, que l’institution d’un musée de l’émigration, constitue un choix urgent : c’est une idée qui circule et qui serait une charmante initiative mais qu’il est sûrement possible de différer pour le moment.

Les fonds destinés à la gestion des Comites (organismes de représentation démocratique des Italiens à l’étranger) sont maigres et sont débloqués avec de tels retards que cela oblige les Comites à s’endetter auprès des banques locales. Aujourd’hui, pour tous les Comites du monde, deux millions et deux cent mille euros sont attribués : une augmentation, même insignifiante pour le moment, serait un signe positif, et surtout un allègement des démarches d’attribution. On peut dire la même chose des services et des associations qui organisent des cours de langue et de culture italienne : fonds insuffisants et extrême lenteur de l’attribution. Dans ce cas aussi, un signe positif serait non seulement une augmentation mais un raccourcissement des temps et des procédures d’attribution qui prévoient aujourd’hui quelque chose comme cinq niveaux d’approbation.

Il y a enfin une série d’interventions de réforme et d’amélioration des Instituts de culture, de l’information à la radio et à la télévision, des accords bilatéraux en matière d’instruction, de santé et de coopération qui peuvent être rationalisés et améliorés sans frais et dans certains cas grâce à la récupération du gaspillage.

A ceux qui pensent que ces demandes, bien que minimes, sont de toute façon excessives face aux graves problèmes que la loi de finances doit résoudre, je voudrais rappeler que le véritable virage que voudraient voir les Italiens à l’étranger consiste justement en un retournement de paradigme : les fonds à destiner aux Italiens dans le monde (pour la couverture sociale, l’information, le réseau consulaire, les cours de langue, etc....) ne devraient plus être considérés dans le chapitre des dépenses mais dans celui des investissements.

Il suffit de penser que si l’on évalue la consommation de produits italiens, la relance du made in Italy et le tourisme, en excluant les chantiers navals, on obtient la somme considérable de soixante millions d’euros qui rentrent effectivement en Italie. Si l’on pense au peu de fonds attribués, l’avantage pour notre pays est évident.

Demeure enfin une réflexion nécessaire qui concerne l’éthique politique : nous avons une dette de reconnaissance envers ces citoyens italiens qui vivent à l’étranger et qui nous ont aidés à nous libérer du centre droit et les représentants au Parlement de ces citoyens sont indispensables au soutien de la majorité.