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Bordeaux : la maison de retraite qui expulse

Publie le lundi 23 octobre 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Transmis par Florent

Monique, Bordelaise de 72 ans à la rue

« Vous quitterez la résidence Billaudel, aujourd’hui même, sinon je mettrais vos affaires sur le trottoir pour que le balayeur les enlève ».

Ce vendredi 13 octobre 2006, le directeur du Centre communal d’Action sociale de Bordeaux (CCAS) Ben Amou, organisme dépendant de la mairie de Bordeaux, ne fait pas dans la dentelle.

Monique, 72 ans, vivant du minimum vieillesse soit 610 euros mensuels, non couverte par la Couverture maladie universelle (CMU) car ses revenus dépassent le plafond fixé à 587 euros par mois, allocation logement comprise, insiste pour obtenir un petit délai afin que ses affaires soient conservées. Monsieur le directeur veut bien faire preuve de mansuétude. Elle obtient que ses affaires soient conservées jusqu’au lundi matin au plus tard sinon il veillerait « personnellement à ce qu’elles soient jetées. »

Loin d’être une marginale, Monique était professeur de lettres, français et latin, dans l’enseignement public.
Mais ça c’est le passé.
Depuis quelques années, c’est la galère. Se retrouvant sans logement, elle avait réussi, avec beaucoup d’insistance, à être relogée momentanément en chambre d’hôte à la Résidence pour personnes âgées Chantecrit (RPA) par l’office de la Mairie de Bordeaux mais en quatre mois, elle a été déménagée trois fois d’une RPA à l’autre : Chantecrit, Alfred Smith, Billaudel. Peu importe son age, ses problèmes de santé, peu importe qu’il y ait des chambres d’hôtes qui restent vides, l’hospitalité des services municipaux a vocation à être temporaire.

Donc dehors !

Retour quelques jours en arrière.

Le 5 octobre, Monique avait écrit et signé dans le cahier de campagne de Alain Juppé alors candidat, ses plaintes envers InCité, la société d’économie mixte qui mène le projet de rénovation dans Bordeaux.
Apparemment, l’intervention de l’hôte des services municipaux n’est pas passé inaperçue.

Mardi 10 octobre, Monique a reçu la visite de Madame Dagneau, assistante sociale au Pôle senior du CCAS. L’assistant social de la CRAMA, M. Demasy lui a demandé si elle connaissait un Comité contre le projet dit de restructuration du Centre de Bordeaux.

Monique ne peut pas s’empêcher de faire le rapprochement des faits et de se poser la question s’il y a un lien entre ses remarques écrites sur InCité et l’attitude brusquée du directeur du CCAS, qui l’a expulsée.

A-t-elle tort ? En tout cas, on ne peut pas dire que la mairie ou les autres services sociaux se soient beaucoup préoccupé d’elle.

Si elle n’a pas dormi dans la rue les nuits glaciales du 13, le 14, le 15, le 16 octobre, elle le doit à un gardien d’un bâtiment public. Il a fermé les yeux par rapport à la conformité au règlement, en la laissant dormir sur une banquette dans un hall.

Monique est allée à la Maison des Femmes et leur a demandé un hébergement d’urgence. Celles-ci lui ont répondu qu’elles avaient quatre fois plus de demandes que d’offres, qu’il y avait beaucoup de femmes battues avec des enfants.

Il n’y avait donc aucune place pour Monique.

Diaconat de Bordeaux, Habitat et Humanisme, Prado 33, AIVS Prado Gironde Habitat, C.D.A.F.A.L 33, C.I.L.A.J, Sud Ouest Solidarité, Loge Toit... Monique s’est adressée à diverses adresses d’hébergement d’urgence, on lui a indiqué qu’on pourrait l’accompagner dans sa demande d’hébergement mais que l’accueil ne pourrait pas se faire au plus tôt avant trois semaines.

S’il ne s’était pas trouvée une personne habitant loin du centre-ville pour héberger Monique en attendant une solution, elle se serait retrouvée dans le hall d’un espace public et encore, en étant tolérée.

Hacktivismes
 http://hacktivismes.org

Messages

  • C’est complètement ignoble ce qui arrive à Monique. Je suis également choquée qu’en tant que retraitée de l’éduction nationale (professeur de français-latin !), elle ne touche que 610 euros par mois, et n’ait pas droit à la sécurité sociale (couverture maladie).
    Cette situation ressemble tellement à ce qui se passe aux USA ! Voilà pourquoi, entre autres, je ne rêve pas de libéralisme, qui est porteur d’injustice, de misère, de maltraitance ; mais je rêve plutôt d’une forme de socialisme, sorte de petit cocon douillet dans lequel chaque humain aura sa place, dans le respect et la dignité. Peu importe les profiteurs, il y en a sûrement moins, que dans l’autre système qui attire fossoyeurs, voyoux et voleurs à la pelle !

    • La ville de Bordeaux fait un mauvais usage du patronyme BILLAUDEL. L’expulsion racontée est scandaleuse et insulte les porteurs du nom BILLAUDEL. Une maison de retraite, une prison, ou le Q.G. d’un candidat idiot à l’élection présidentielle qui clamerait : "Il faut travailler plus pour gagner plus" ne doivent pas porter un nom de personne. M. JUPPE doit changer le nom de cette maison de retraite qui porte le nom d’un ancien député républicain (1848) et maire (éphémère) de Bordeaux.
      Vous avez raison de vous insurger contre une situation intolérable.
      Jacques BILLAUDEL - 3 Février 2007