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Ne décevons pas un formidable espoir qui est en train de naître

Publie le jeudi 7 décembre 2006 par Open-Publishing

J’ai eu l’occasion d’apporter mon point de vue ici quant à la désignation du candidat de la gauche anti-libérale. J’espère ardemment que chaque membre du collectif national fera preuve de responsabilité ce week-end en défendant non seulement sa propre opinion, mais en reflétant l’ensemble des opinions diverses et parfois contradictoires qui se sont manifestées et confrontées au sein des collectifs locaux.

Il va revenir à ces amis et camarades de démontrer qu’ils ont une grande capacité à tenir compte des avis des uns et des autres pour que la gauche antilibérale parvienne à démontrer que la diversité n’est pas antagonique à l’unité. Leur décison pèsera lourd : ou bien ils seront en capacité de prendre en compte cette diversité sans aucune exclusive d’aucune sorte, et ils parviendront très certainement à un accord ou bien chacun campera sur ses positions, en ne faisant valoir que son propre point de vue et nous irons sans doute à l’échec.

Ce que nous tentons de construire relève d’ une démarche inédite qui bouscule les habitudes et qui a davantage rapport à la dialectique qu’à des schémas politiques traditionnels. Oui la politique ce sont des rapports de forces, mais les rapports de force sont de nature différente selon que ce sont des rapports de classe ou pas. Or objectivement qui dans les collectifs et qui dans notre peuple a intérêt à ce que la gauche antilibérale échoue ? Personne !

Au contraire nous avons chacun intérêt à son unité dans sa diversité comme exemple même d’un nouveau rapport des citoyens à la politique. Je ne partage pas l’idée selon laquelle, il ne serait pas possible de faire bouger les partis politiques qui seraient figés sur leur position de façon inconditionnelle.

La démocratie, les luttes, l’intervention des citoyens et la place des individus dans les rapports sociaux sont des éléments consubstantiels des orientations et décisions des partis politiques. Plus l’intervention des citoyens revêt des contenus et inséparablement des formes démocratiques, plus les partis politiques censés représenter les intérêts de ces citoyens sont interpellés et conduits à adopter des positions, des orientations et des propositions démocratiques. Certes ce mouvement n’est pas linéaire, il y a des résistances au changement, et nous en vivons quelques épreuves aujourd’hui. Mais penser que rien ne puisse bouger à gauche, que le Parti socialiste et ses électeurs seraient rangés comme un seul homme derrière Ségolène Royal, que ce parti ne serait pas traversé par de réelles contradictions nous conduirait à tirer un trait définitif sur la possibilité de modifier la donne à gauche et sur l’idée essentielle que le mouvement anti-libéral devienne majoritaire dans les urnes.

Il ya une époque où l’on disait "que ce sont les masses qui font l’histoire", si aujourd’hui d’autres termes peuvent être employés, le concept est toujours pertinent. Et c’est justement la chance qu’offre la gauche anti-libérale si elle réussit à mettre en mouvement et en éveil les capacités de chaque citoyen qu’il soit membre ou pas d’une organisation.

Il s’agit de proposer à toutes les victimes du libéralisme, à la majorité de notre peuple, cette nouvelle démarche politique qui consiste à aller vers son collègue, vers son voisin pour débattre de l’urgence de mesures anti-libérales, de l’importance de l’engagement de chacun dans sa singularité, à cent lieues du suivisme et du marketing politicien prôné par Le Pen, Sarkozy ou Royal. Il s’agit de faire émerger une une expression massive des besoins populaires à travers le vécu de chaque personne et de les mettre en relation, voir en conjonction avec notre programme. . Tisser des millions de liens, susciter des centaines de milliers de rencontres, où les gens s’empareront des propositions antilibérales comme élément de réflexion pour leur propre vie et ainsi donner corps et enrichir la perspective de changement profond et durable que nous proposons.

C’est ce que j’appelle l’autogestion de la politique, dans laquelle , les partis ont leur rôle à jouer. Moins que jamais ils ne doivent être des "avant-gardes à suivre" mais ce qu’on attend d’eux c’est qu’ils vivifient le débat démocratique, l’enrichissent de leur apport spécifique, proposent au mouvement populaire des pistes sur lesquelles il pourrait décider de s’engager. Les partis politiques représentent aussi un vivier de citoyens, des centaines de milliers d’élus et de militants impliqués dans la vie sociale et démocratique animant souvent la réflexion et l’action politique dans la cité, et plus rarement dans l’entreprise.

Vu de façon dynamique, le rapport social-libéral / anti-libéral au sein de la gauche peut être modifié au profit de ce dernier, tout dépendra vraiment de notre capacité à faire vivre cette autogestion de la politique. Cette nouvelle démarche peut créer un enthousiame de lutte et d’espoir, basé sur une nouvelle conscience de classe dans laquelle les individus ne sont plus des "masses" mais des acteurs engagés et souverains de la transformation sociale.

Jean-Paul LEGRAND

http://creil-avenir.com