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NON. NOUS NE SOMMES PAS TOUS DES "AMERICAINS"

Publie le mercredi 26 mars 2003 par Open-Publishing

NON. NOUS NE SOMMES PAS "TOUS DES AMERICAINS".
NOUS SOMMES, TOUTES ET TOUS DES ETRES HUMAINS.

Nous ne nous reconnaissons pas dans un modèle de société barbare qui,
depuis
son origine, repose sur la violence et la loi du plus fort.

Ce qui détermine notre solidarité, notre indignation et notre refus de
l’injustice face à la souffrance de victimes innocentes n’est pas leur
nationalité mais leur statut d’êtres humains.

La vie de chaque être humain est précieuse, unique, irremplaçable.
Physiologiquement nous sommes toutes et tous également sensibles face à
la
douleur, à la souffrance et à la violence.

Le degré de civilisation d’une société est inversement proportionnel à
la
violence qu’elle génère en son sein et à celle par elle imposée à tout
autre
société humaine.

Nous sommes inéluctablement condamné(e)s à vivre sur la même planète.
Ses
ressources limitées, son équilibre menacé par des processus de
destruction
environnementale sur le point de devenir irréversible, nous interdisent
de
nous dire "tous américains". Le "rêve américain" est pour l’écrasante
majorité de l’humanité synonyme de "cauchemar planétaire".

Nous sommes de plus en plus d’êtres humains à avoir définitivement
compris
que les milliards de dollars amassés par quelques vautours de la
finance
mondiale sont précisément ceux qui manquent à des milliards de nos
semblables pour avoir le droit de vivre parmi nous. Nous ne rêvons pas
de
ressembler à ces milliardaires arrogants et cyniques.

Nous n’acceptons plus que l’on continue à nous présenter l’économie
américaine comme un modèle à suivre et à vénérer sans réflexion, sans
discussion possible. Depuis de trop nombreuses années, mois après mois,
les
américains consomment, gaspillent et achètent plus qu’ils ne
produisent. Le
taux d’épargne des ménages américains est négatif, ce qui signifie tout
simplement que, pris dans leur ensemble, ils ne possèdent pas un cent
de
dollar d’économies. Vous avez peut-être en tête les innombrables
exemples
récents de dégraissages massifs, de déréglementations, de
restructurations,
de méga fusions, de délocalisations,...imposés par les fonds de pension
anglo-saxons. Ils exigeaient, nous disait-on alors, des taux de
bénéfice à
deux chiffres, dans un contexte où des millions de ménages américains
s’endettaient pour mieux spéculer. Il est vrai que le coût de l’argent,
décidé par le "gourou" de la FED et de la finance mondiale, Greenspan,
était
alors bien inférieur à la hausse moyenne des marchés boursiers. Nous ne
voulons pas leur ressembler, nous ne rêvons pas de nous enrichir à
crédit et
refusons de voir condamné(e)s au chômage et à l’exclusion toutes celles
et
ceux devenu(e)s inintéressants parce que leurs salaires seraient trop
élevés
lorsque comparés à ceux imposés aux salarié(e)s du Tiers-Monde. Nous
constatons les ravages de cette course effrénée à toujours plus de
profits
et savons qu’elle va de pair avec un nombre toujours croissant de
laissé(e)s
pour compte.

Nous refusons cette logique absurde d’une mondialisation qui aboutit à
la
circulation quotidienne de mille fois plus de capital spéculatif que de
biens et services effectivement échangés. Cette réalité est d’autant
plus
inadmissible qu’en même temps on interdit la libre circulation à des
milliards d’êtres humains. La possibilité de refuser des conditions de
vie
inacceptables et des salaires de misère est la condition sine qua non
pour
préserver la dignité humaine. Se battre pour la liberté de circuler de
tou(te)s c’est aussi empêcher la dégradation de nos conditions de vie
et de
celles de nos enfants où que nous nous trouvions. Sauf bien sûr, à se
ranger
du côté des nantis occidentaux qui bénéficient de cet état du monde
globalisé.

Ce qui vient de se passer aux USA démontre qu’aucune forteresse ne
saurait
résister au désespoir.
Prétendre éradiquer le terrorisme sans s’interroger sur ses causes
relève de
l’irresponsabilité criminelle. Les décideurs, les responsables
politiques,
les "faiseurs d’opinion", les intellectuels qui se reconnaissent dans
l’affirmation "nous sommes tous des américains" auront un jour des
comptes à
rendre face à la conscience et à la mémoire universelles.

Les victimes civiles et innocentes de l’arrogance, du cynisme et de
l’hégémonie guerrière américaine se comptent par millions à travers la
planète. Le concept même de "guerre zéro morts" est une monstruosité et
une
aberration de la société américaine. Les "frappes chirurgicales" et les
"dégâts collatéraux" sont des néologismes obscènes. Pour 57 000 soldats
américains tués au Vietnam combien de millions de vietnamien(ne)s sont
mort(e)s ? Nous ne le saurons jamais. Les américains avaient tous une
identité humaine, ils avaient des noms, des familles. Pas les
vietnamiens ?
Les bombardements en Irak étaient "légitimes" car l’Irak avait occupé
le
territoire du Koweit...comment et quand nous expliquera-t-on pourquoi
les
résolutions de l’ONU condamnant Israël à évacuer les territoires
palestiniens occupés sont, jusqu’à ce jour restées lettre morte ?

Fidèles à la logique manichéenne propagée par les sectes protestantes
omniprésentes aux Etats-Unis, en "sauveurs du monde" les américains
vont
mener la guerre du bien contre le mal incarné par "le nouveau Satan
islamiste" Ben Laden, et les Taliban. Ils pratiquaient déjà le bien
lorsqu’ils les ont formés, armés et aidés à prendre le pouvoir,
n’est-ce
pas ? Et nous étions tout aussi américains qu’aujourd’hui bien
entendu...

Contrairement aux "américains", nous ne sommes ni élu(e)s par Dieu, ni
parfait(e)s, et ne savons pas toujours où se trouve la frontière entre
le
bien et le mal. Cependant, contrairement aux "américains", nous :

-refusons la peine de mort et trouvons barbare qu’un enfant
mineur
handicapé mental puisse être exécuté au nom d’un peuple qui se dit
civilisé
-avons ratifié la Déclaration des Droits de l’Enfant
-voulons supprimer les mines antipersonnel
-ne devons pas 8 milliards de dollars à l’ONU
-ne voulons pas acheter (à crédit) le droit de polluer encore
davantage
-voulons que chaque être humain sur cette terre ait une vie digne
d’être
vécue
-refusons que de plus en plus d’êtres humains se voient
dépossédés de
tout, y compris d’espoir et de raisons de vivre, au point de devenir
les
proies
des fanatismes religieux et idéologiques et d’être prêts à mourir et à
semer
la mort et la terreur
-refusons le cynisme et le mépris générateurs de désespoir

Il reste beaucoup à dire et à dénoncer...
Parce qu’il devient urgent de réfléchir et de réagir, nous en
resterons là. En attendant, pour toutes ces raisons, et beaucoup
d’autres
qui restent à
analyser, à rendre visibles, perceptibles et compréhensibles :

NOUS NE SOMMES PAS "TOUS DES AMERICAINS"
NOUS AIMERIONS TOUTES ET TOUS DEVENIR CITOYEN(NE)S DU MONDE
NOUS RESTERONS A JAMAIS TOU(TE)S DES ETRES HUMAINS

Le 16 septembre 2001
Fernando Martins