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Les départs en retraite, à eux seuls, ne sauveront pas la France du chômage

Publie le dimanche 31 décembre 2006 par Open-Publishing
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CF TAGEBLATT (quot lux) ... un dossier à paraître après les "fêtes"

Les départs en retraite, à eux seuls, ne sauveront pas la France du chômage

Les départs massifs à la retraite des papy-boomers ne feront pas baisser mécaniquement le chômage à long terme, si rien n’est fait pour amener les entreprises à changer leurs habitudes de recrutement, selon un rapport du Centre d’analyse stratégique et de la Dares (ministère de l’Emploi).

 »A court terme », l’arrivée en fin de carrière des générations du baby-boom »peut faciliter la baisse du chômage », mais »ces transformations ne seront peut-être pas aussi spectaculaires que ce que l’on pouvait croire il y a encore quelques années », constate ce rapport, intitulé »Les métiers en 2015 », à paraître mercredi.

 »Il n’y a pas de lien mécanique, à moyen ou long terme, entre le volume de la population active et le taux de chômage, et un scénario noir n’est pas à exclure », selon le CAS, avec la coexistence d’un chômage de masse, notamment parmi les hommes peu diplômés, et de difficultés de recrutement dans certains bassins d’emplois ou certains métiers, comme l’aide à domicile.

 »Si rien n’est fait, cela pourrait constituer un frein à la croissance », poursuit le rapport, qui considère »l’accompagnement renforcé des entreprises, notamment des PME », face aux futures difficultés de recrutement comme un axe majeur de la politique de l’emploi.

Dans les dix ans qui viennent, les équilibres du marché du travail vont en effet être profondément modifiés, le surplus de jeunes arrivant chaque année sur le marché du travail par rapport au nombre de départs en retraite »tendant dorénavant vers zéro », selon le CAS.

Le nombre de postes disponibles, créés (le CAS table sur 150.000 par an) ou libérés par les nouveaux retraités (635.000 en 2015, contre 410.000 par an en moyenne dans les années 1990) sera égal ou légèrement supérieur au nombre de jeunes débutant dans la vie active (730.000 en 2015, contre 760.000 dans les années 2000).

Les auteurs de l’étude craignent aussi que cette évolution ne s’accompagne de l’apparition de tensions dans certains métiers ou certaines zones géographiques.

Dans les très grandes agglomérations par exemple, »les emplois faiblement rémunérés et situés dans des zones peu accessibles aux ménages modestes pourraient être difficiles à pourvoir ».

Face à ce défi, le CAS évoque »un symptôme de myopie » des entreprises, »souvent prises dans des temporalités et des contraintes externes qui ne leur permettent pas d’anticiper à moyen terme leur avenir » et qui »peuvent conduire à des comportements routiniers en matière de recrutement et d’organisation du travail ».

Les tensions sur le marché du travail devraient en inciter certaines »à développer leurs propres politiques de formation et de fidélisation de la main d’oeuvre », notamment pour parer au manque attendu de débutants diplômés, estime le CAS.

Mais des effort devront être faits »pour éviter la fuite des salariés », en particulier pour »améliorer l’attractivité des métiers peu qualifiés », dit le rapport, en citant les saisonniers de l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, les caissières, employés de libre-service et téléopérateurs.

Les employeurs »devront être en capacité d’accueillir et former sur le tas des personnes moins diplômées et/ou moins immédiatement opérationnelles qu’auparavant ». Ce qui suppose que »les critères de sélection, aujourd’hui très centrés sur les niveaux de diplômes, fassent davantage référence à des compétences ».

Messages

  • La population active ne va pas diminuer au cours des prochaines années. On a trop souvent entendu que cette diminution à partir de 2006 (en réalité très faible dans les prévisions antérieures) serait une solution au chômage (bien illusoire en fait).
    La population active va encore augmenter, avec cependant un rythme plus faible (120.000, puis 60.000 par an au lieu de 150.000 au cours des dernières années.)

    La population active, occupée ou non (ayant un emploi ou au chômage) continue d’augmenter jusqu’en 2014 (+705 000 en 9 ans depuis 2005), puis diminue un peu jusqu’en 2023 (-157 000 en 9 ans) et augmente à nouveau jusqu’en 2050 (+357 000 en 27 ans).

    Cette hypothèse moyenne est celle de l’évolution la plus probable, mais peut être modifiée par la situation économique et les choix politiques.

    Population active 2005 - 2050 en France
    Un tableau simplifié et enrichi de cette évolution probable de la population active entre 2005 et 2050 se trouve ici :

    http://travail-chomage.site.voila.fr/popu/popu_activ2050.htm

    et ici pour les prévisions antérieures :

    http://travail-chomage.site.voila.fr/popu/popu_activ2040a.htm

    Voir aussi ici :
    http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=2002
    avec d’autres liens.

    La présentation de l’étude de l’Insee se trouve ici :
    http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1089/ip1089.html

    et l’étude dans Insee Première n° 1089 ici :

    http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1089/ip1089.pdf

    La seule façon de réduire le chômage est de réduire fortement la durée du travail (mais pas à la façon du sabotage socialo-libéral des 35 heures), car les gains de productivité détruisent les emplois.
    Voir : http://travail-chomage.site.voila.fr/produc/gain_productiv.htm

    En France, la productivité du travail a augmenté de 17,22 % en sept ans, pour l’ensemble de l’activité nationale. Sans rien changer à la production de richesses du pays, le nombre d’emplois aurait pu être augmenté de 17,22 % en réduisant de 14,69 % la durée réelle du travail. En moyenne, avec des transferts d’emplois entre secteurs d’activité, le nombre d’emplois aurait augmenté de 4 284 500. Le chômage réel aurait beaucoup baissé.

    Et ne pas oublier que dans tous les pays d’Europe cités en exemple, le taux de chômage réel est voisin de 15% de la population active (corrigée des faux inactifs, "invalides" ou autres) pour un taux officiel de 5 ou 6%.