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Lettre ouverte aux fossoyeurs de l’unité antilibérale

Publie le dimanche 14 janvier 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

 Candidature Buffet : halte au révisionnisme !

La nausée. Tant de textes, interventions, contributions, souvent des mêmes auteurs, repris complaisamment par les médias du OUI, qui martèlent depuis des semaines que la candidature de Marie-George Buffet a tué l’unité antilibérale et la possibilité d’aboutir à une candidature commune pour les présidentielles.

Alors que la réalité est toute autre, celle de la base, vécue sur le terrain, par des milliers de militants qui se sont prononcés après mûre réflexion. Il fallait pousser ce coup de gueule, écrire pour partager ces mots avec ceux qui se sentent trahis par cette nouvelle aristocratie antilibérale qui s’est fixée son propre agenda et se moque éperdument de l’avis des collectifs locaux qu’elle tente d’instrumentaliser sans vergogne.

Rappelons que la démarche des collectifs était d’élaborer un programme antilibéral constituant le socle d’un rassemblement de nombreux militants, citoyens et organisations, sans aucune exclusive, et de présenter sur cette base des candidatures communes lors des échéances électorales de 2007.

Même s’il continue à être complété et amélioré, le programme existe maintenant. Sur la candidature à la présidentielle, par deux fois les collectifs locaux ont été consultés sur la candidature, par deux fois ils se sont prononcés pour Marie-George Buffet à une très forte majorité. Rappelons également que Marie-George Buffet faisait bien partie des candidats à la candidature qui avaient été valablement retenus pour cette consultation.

Tordons tout de suite le cou au mythe du double consensus, méthode censée permettre la désignation du candidat : avec la diversité qui caractérise notre mouvement (si l’on tient à cette diversité...), il était illusoire d’imaginer parvenir à un double consensus sur une personne, encore moins quand certains suivaient en fait leur propre agenda. Ce qui s’est passé depuis nous le prouve amplement.

Mais revenons au cas Buffet. Les collectifs locaux se sont prononcés majoritairement pour elle, parce qu’elle a prouvé lors de la campagne pour le NON qu’elle savait jouer le jeu du rassemblement, parce qu’elle s’est impliquée avec le parti dans de nombreuses luttes et bénéficie ainsi d’une bonne image dans l’électorat populaire, parce qu’elle a proposé une campagne à plusieurs voix où chacun aurait sa place, mais aussi parce qu’elle est soutenue (et contrôlée !) par un parti politique qui est le seul à s’être engagé stratégiquement et massivement dans la démarche du rassemblement unitaire antilibéral. Et ce choix stratégique n’est pas celui d’un "appareil", mais bien de ses militants qui se sont clairement prononcés lors de son dernier congrès.

Mais que s’est-il passé ? Les autres candidats à la candidature et plusieurs membres du collectif national n’ont pas accepté ce choix des collectifs locaux. Tout simplement. Raison invoquée ? Un chef de parti ne pouvait pas être désigné. Pourtant Marie-George avait promis de se mettre en disponibilité de cette fonction pour se consacrer pleinement à la campagne (elle l’a fait depuis). Pourtant ce pré-requis n’avait pas été imposé lors de la désignation des candidats à la candidature. Pourtant, enfin, ça n’a pas gêné les collectifs locaux qui se sont prononcés en sa faveur.

Devant cette levée de boucliers, Marie-George Buffet a pensé nécessaire de prendre le risque de consulter à nouveau les militants du parti communiste pour savoir s’il fallait qu’elle maintienne sa candidature. Saluons au passage la démarche, dont les aristocrates antilibéraux feraient bien de s’inspirer, et relevons que leurs sarcasmes sur les "réflexes d’appareil" ou le "noyau dirigeant du PCF" ne manquent pas de sel et illustrent une fois de plus leur mépris pour la démocratie et l’avis des militants communistes qui se sont prononcés massivement pour le maintien de la candidature.

Déclarations et appels hallucinants se sont déchaînés, on n’y comprenait plus rien jusqu’à ce qu’enfin le loup sorte du bois.

 Recomposition de la gauche : l’agenda secret enfin révélé !

Si Marie-George Buffet ne peut être la candidate des collectifs, c’est parce que les aristocrates antilibéraux avaient un agenda secret incompatible avec cette candidature : la recomposition de la gauche antilibérale (à leur manière).

Désormais les aristocrates antilibéraux ne parlent plus que de ça : parti ou confédération ? LinksPartei à la française ? lancement cet automne ?

Les collectifs locaux rassemblent des citoyens et des militants d’origines très diverses, engagés qui dans un parti, qui dans une association, qui dans rien du tout, mais partageant la volonté de maintenir leur mobilisation après la campagne pour le NON pour constituer un programme et aborder ensemble les échéances de 2007.

Mais ce n’est plus la priorité du collectif national, qui a décidé de se consacrer à des choses bien plus importantes à ses yeux. Il fallait donc décider que la candidature unitaire était morte, mais surtout sabotée par le parti communiste. Ainsi, dès le lendemain du maintien de la candidature Buffet à la candidature antilibérale décidé par les militants communistes, les figures médiatiques en question claironnaient dans tous les micros qui leur étaient complaisamment tendus (on y reviendra) que la candidature unitaire était morte (voire les collectifs eux-mêmes). Sans même attendre les résultats de la deuxième consultation des collectifs locaux sur ce sujet, la base militante s’étant déjà "trompée" une fois, mieux valait en effet ne pas prendre ce risque. Décidément le respect de la démocratie ne les étouffe pas, eux qui sont si prompts à dénoncer les "noyaux dirigeants" !

Puisque les aristocrates antilibéraux ont décidé que le nouvel ordre du jour était la recomposition de la gauche antilibérale, parlons-en un peu. Plusieurs scénarios peuvent être envisagés et débattus. Le problème, c’est que là aussi, les aristocrates antilibéraux ont une conception bien particulière de la discussion et du débat démocratique : ils ont exclu d’emblée tout scénario dans lequel le parti communiste jouerait un quelconque rôle significatif. On ne sait pas ce qu’ils ont avec le PC, mais ça tourne vraiment à l’obsession.

Comment s’étonner que le PC se montre un peu réticent à aborder ce débat pourtant important dans un tel contexte ? Sans compter que nous avons d’autres priorités... une campagne à mener, par exemple !

 Bienveillance et connivence des médias du OUI

Nausée également du côté des médias, qui ont avalé goulument la thèse du PC pourfendeur de l’unité, et nous la revomissent à l’envie depuis. A tel point que même dans certains collectifs ayant sincèrement choisi Marie-George Buffet, on en vient à douter, voire à épouser cette thèse.

Pourquoi les médias jouent-ils ce jeu ? Parce qu’ils adorent les petites guéguerres et les petites phrases (ils ont été servis !). Parce que ce serait bien la première fois qu’ils chercheraient à décrypter réellement une réalité toujours plus complexe qu’au premier abord (pas que les journalistes soient tous des incapables, loin s’en faut, mais simplement parce qu’ils ne disposent pas du temps suffisant pour aller au-delà des apparences, ce n’est pas "rentable" pour les entreprises qui les emploient).

Mais aussi et surtout parce que tous les grands médias nationaux étaient pour le OUI, ne l’oublions jamais ! (Enfin, à quelques exceptions notoires telles que l’Humanité...) Ainsi, ayant un intérêt partisan et objectif à ce que le mouvement antilibéral s’autodétruise, c’est toujours avec le plus grand empressement qu’ils tendront leurs micros et braqueront leurs caméras vers tous les fossoyeurs de l’unité.

 Holdup sur les outils de communication des antilibéraux

Nausée toujours sur les différents sites Internet nationaux du mouvement antilibéral, contrôlés par les aristocrates qui les ont utilisés pour imposer leur analyse partisane de l’évolution du mouvement. Ce problème a été soulevé au sein même du collectif national, comme l’attestent certains comptes-rendus.

Alors que le déchaînement délirant contre la candidature Buffet était amplement relayé, les points de vue différents ne restaient pas longtemps en ligne, et des PV de collectifs locaux favorables à sa candidature étaient parfois ignorés ou même remplacés par des pseudo-PV agressifs, non validés et émis par des minorités vindicatives.

L’une des leçons à tirer de cet épisode est que le "double consensus" et le flou généralisé sur les méthodes de décision, d’organisation et de représentation ne peuvent constituer une option viable que pour un mouvement relativement homogène, même s’il est multiforme, et surtout si tout le monde est sincère et de bonne foi. Sinon, c’est la double-porte grande ouverte aux délires autocratiques, en particulier quand certains poursuivent des objectifs qu’ils se gardent bien de dévoiler au départ.

 Et maintenant ?

Il y a cette fameuse réunion nationale des collectifs des 20 et 21 janvier. L’ordre du jour a le mérite d’être clair : cette fois il est vraiment question de la recomposition à gauche. Il serait préférable que le PC y aille, car ce sujet est important, mais le moins que l’on puisse dire est que le terrain est passablement miné. Les aristocrates antilibéraux qui mènent la danse ont d’ores et déjà décidé les scénarios de recomposition à retenir, et exclu ceux où le PC pouvait jouer un rôle significatif. De plus, on connaît maintenant la façon dont ils respectent la base militante, surtout quand elle vote "mal". Alors peut-être y aller en observateur ?

Reste à savoir pourquoi certains se donnent tant de mal pour rejeter le parti communiste, mais ça c’est une autre histoire. Ca prouve en tous cas que le parti n’est pas aussi moribond que certains le prétendent ! Quand on parle avec les gens, quand on distribue des tracts, quand on colle des affiches, on constate d’ailleurs que le PC a une excellente image dans les milieux populaires. Les gens savent de quel côté on est.

Reste la question de l’avenir des collectifs antilibéraux. S’ils veulent devenir autre chose qu’une galaxie de groupuscules poussiéreux au service d’aristocrates antilibéraux fantasmant sur la mort du parti communiste, ils vont devoir se doter de règles saines de fonctionnement et de représentation. Et surtout d’une structure nationale qui soit au service des collectifs locaux, et pas l’inverse ! En clair, au lieu de délirer sur le "noyau dirigeant du PCF" ils devraient commencer à appliquer un peu le "commander en obéissant" des zapatistes, ça devrait plaire aux alters !

Nous au PC c’est ce que l’on fait de plus en plus, comme l’a montré l’épisode de la candidature.

Nous sommes toute une nouvelle génération d’adhérents, profondément attachés au rassemblement antilibéral et contribuant au renouvellement des pratiques du parti. En matière de recomposition de la gauche, cette démarche semble déjà beaucoup plus féconde...

Enfin et surtout, pendant que d’autres se recomposeront ou se décomposeront, nous on a une campagne à mener, avec Marie-George Buffet. Une campagne offensive, rassembleuse, enthousiaste et surtout ouverte à tous ceux qui veulent changer la vie et mettre un coup d’arrêt au néolibéralisme, aujourd’hui, en 2007 !

Philippe Lelong - Adhérent PCF Paris 20ème - Militant collectif Paris 20ème
http://alter-politique.blogs.com

Messages

  • L’expression de révisionnisme semble aujourd’hui bien dépassée.C’est un terme,qui dans l’histoire du socialisme,a d’ailleurs toujours fait problème.Dans les débats marxistes,la notion de révisionnisme est souvent confondue avec celle réformisme ou d’opportunisme.A la fin du XIX ème,le terme prend son sens dans un contexte précis:il s’agit de la révision du marxisme par les tenants d’une solution réformiste qui permet de faire l’économie de la violence révolutionnaire.Le révisionnisme fut très vite associé au réformisme social-démocrate,puis après octobre 1917 à l’idéologie officielle de la IIème Internationale.Pour les"bolchéviks orthodoxes",il s’agit donc d’un courant"ouvertement hostile au marxisme",puis il y eut le révisionnisme interne jusqu’en 1956 et avec le conflit sino-soviétique la querelle culmine au moment où Krouchtchev lui-même devient un révisionniste aux yeux du PC chinois,revenant aux thèses de Bernstein ou Kautsky ?Bref,depuis le début du XX ème au dedans et au dehors des milieux marxistes la guerre idéologique n’a cessé de déborder la querelle théorique et l’expression de révisionnisme a aussi beaucoup servi d’injure.En sommes nous encore là aujourd’hui ?J’espère que non.

    vieil anar

  • Bien sûr, comme moi, vous ne compterez pas le nombre de fois où l’expression "aritocrates antilibéraux" a été réitérée... comme une incantation autopersuasive.

    De là où je suis, je ne reconnais, masqués par ce néologisme-leurre, que des personnes qui ont travaillé, oui, travaillé, travaillent, oui, et travailleront à la construction d’un autre monde, débarassé du libéralisme marchand et des valeurs qu’il met au monde.

    léo

  • Le 20me c’est pas l’arrondissement oules intégristes anti Buffet déçus que les habitants et militants du quartier aient choisi de soutenir Marie george et qui du coup ont fondé un collectif rien qu’à eux ?

    En tout cas, j’aprouve totalement cette analyse, mais je me permettrai d’y ajouter un petit grain de sel : crois tu cher camarade que d’aucuns en fait roulent tout simplemet non pas pour l’antilibéralisme mais plutôt pour Ségolène et le PS ?

    Exemple : les signatures pourBové, énormément de socialistes l’ont signée...L’épisode tragicomique de Mihel Onfray etc....

    L’objectif sincère des uns est surement une recomposition, dont le moment n’est pas le bon, de totue évidence ...Pour d’autres, je crois que l’objectif est tout simplemet de tout faire pour que le mouvement antilibéral éclate....au profit de la gauche dite "moderne" seconde etc....

    IlRosso...

    • Le 20me c’est pas l’arrondissement oules intégristes anti Buffet déçus que les habitants et militants du quartier aient choisi de soutenir Marie george et qui du coup ont fondé un collectif rien qu’à eux ?

      Tout à fait ! Déçus et de supportant pas d’être ultra minoritaires ils ont créé un deuxième collectif et bien sûr le leur est, d’après eux, le seul représentatif ....

      Jips

    • Bien d’accord Ilrosso,

      Leurs signatures : même des pays francophones(canada,belgique) se vantent-ils !

      Mais je vois comme toi que des unitaires sincères se font pièger par ceux qui tirent les ficelles à des fins bien précises

      j-c coualan

    • Philippe, ne sachant quoi répondre je vais faire un gros caprice :
      j’ouvre un blog et lance une pétition démocratie-internet. Objectif 10 000 signatures pour une candidature antilibérale Salesse.
      Un militant-internet pourra en faire autant la candidature de Clémentine.
      Et la mule sera bien chargée, ainsi vogue la galère.... ;))
      Heureusement, le ridicule n’a jamais tué personne, et nombreux sont ceux qui le savent........
      Paco83

  • Bravo pour ce texte, je suis tout a fait daccord avec toi.
    Depuis le debut dans mon collectif nous sommes derrière un programme et pas derrière un nom. Nous avons votés pour le candidat a la presidentielle (fin novembre) pour ma part j’avais mis Salesse en tête, c’est MGB qui est arrivée en tête (70 %) . La majorité des votants n’étaient pas encartés politiquement. Respecter la démocratie c’est respecter la candidature de MGB. Nous faisons donc campagne avec MGB (ou MGB avec nous )pour une gauche populaire antilibérale, et préparons les législatives en partant des 125 propositions des collectifs adaptés aux problèmes locaux.
    Concernant l’attitude de Bové : sans commentaire (apres être sorti par la porte il essaie de renter par la fenêtre (nul et diviseur).
    Olivier non encarté membre actif du collectif dignois (04) present au Zenith le 23 janvier.