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Battre la droite,garantir une orientation progressiste vers une perspective alternative durable

Publie le samedi 20 janvier 2007 par Open-Publishing
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de Daniel Geneste

Peser pour battre la droite et garantir immédiatement une orientation progressiste inscrite dans l’ouverture d’une perspective alternative durable.

La campagne électorale entre dans sa phase décisive après plusieurs mois déjà de débats non négligeables. Insinuer d’emblée l’absence de contenu ne ferait qu’éloigner l’intérêt de nos concitoyens. Ne confondons pas absence et différence de perception de ce que nous souhaitons voir dominer dans les débats.

L’actualité guide les prises de positions et nous montre que de véritables contenus imprègnent dors et déjà fortement les débats :

 celui de l’étalage nauséabond et pléthorique des richesses en est un dont la vertu première est d’éclairer sur l’existence bien réelle de moyens ;

 l’exemple du droit au logement en est un autre qui met en lumière les fractures de solidarité intervenues et pour un temps banalisées.

Les conditions d’émergence de cet exemple-là dans la période confirment la place que doivent, sans la moindre pose, occuper les mobilisations et l’activité des forces sociales pour faire valoir les besoins et les exigences sociales. Il démontre combien la loi Gayssot/Besson SRU était visionnaire, socialement juste et utile et comme toute loi nécessitait actions et luttes pour imposer sa mise en œuvre, de surcroît avec un gouvernement de droite en récusant le fondement.

Après le rejet du CPE faisant valoir le droit à des garanties d’avenir dans le contrat de travail, avec la condamnation du CNE, comme sur bien d’autres sujets la mobilisation sur le logement dimensionne à point nommé une question essentielle de société.

C’est la question des droits individuels citoyens qui s’invite et doit s’imposer dans le débat électoral , à résoudre dans une dimension collective solidaire eu égard aux répartitions de richesses : droit à la santé, à l’éducation, au respect, à la dignité, à l’emploi, à l’intégration…à disposer de services publics…

C’est aussi celle du développement durable, non moins un droit, mise au devant de la scène par le réchauffement de la planète incontesté et dont il est avéré qu’il coûte une fortune en dépenses publiques. Faut-il d’ailleurs rappeler que le concept ne se limite pas au facteur environnemental et que toute prise en compte sur ce seul pilier, obérant ceux des choix économiques pour un développement équilibré et social (et réciproquement évidemment) laissera l’ambition bancale et fera perdurer le scepticisme sur les réelles intentions.

Le développement durable est donc bien un droit avec une dimension de solidarité intergénérationnelle, auquel le capitalisme et tout concept libéral de la société est incapable d’apporter réponse fondamentale. Il n’y a aucune différence entre négliger des femmes et des hommes, leur dignité et négliger des arbres, leur chlorophylle, au nom d’une recherche effrénée du profit rendue libre tout azimut par forfait politique dans ’organisation et le niveau de maîtrise de la société.

Et puis des inepties, des souffrances silencieuses souvent pleines de pudeur, ne demandent qu’à être mises dans le débat. La France est riche mais loin d’être sans pauvreté, misère et désarrois. Les contrastes y sont si flagrants qu’il n’est pas incongru de faire valoir le droit de s’alimenter.

Est-il concevable q’une masse considérable du peuple ne puisse accéder aux produits frais alimentaires de base, qui plus est dans un pays à fort historique agricole et soit réduite à se ruer uniquement vers les rayons de riz et pattes ? La réalité est celle là ! Des milliers de nos concitoyens ne peuvent s’offrir le luxe des fruits et légumes de saison ! C’est révoltant pour qui est humaniste, honteux pour qui surf sur les stocks-options et autres dividendes exorbitants !

Ces questions majeures pour le quotidien des gens appellent prise en compte, réponses urgentes et immédiates sans grandes théories et sans attendre que les conditions soient remplies pour rendre palpable une transformation plus radicale des bases de la société.

Ces réponses passent par le salaire et le pouvoir d’achat, mais à coup sûre pas seulement . La maîtrise des prix des produits de première nécessité est posée face à leur croissance exponentielle libre, accentuée par les arrondis et la perte de repères induite par l’euro. Ce n’est pas la monnaie qui est en cause mais la liberté de tous les prix qui fait les profits des trusts de la distribution. Des mesures programmatiques sont nécessaires dans ce domaine. A des droits fussent-ils opposables, il faut associer des garanties d’accessibilité financière, comme par exemple la proposition de plafonner à 20% du revenu le loyer du logement social.

Dans ces conditions non exhaustives, quels doivent être le sens et le contenu de la campagne que nous allons conduire autour de M G Buffet ?

L’ambition centrale : « être une gauche de responsabilité et de combat » est essentielle et je l’avoue n’arrive pas trop tôt.

Les quatre axes principaux annoncés par Marie Georges Buffet comme fils conducteurs de la campagne correspondent aux défis qu’il faut relever et aux enjeux à affronter avec courage et conviction. Ils permettent l’accroche cohérente et lisible avec les problèmes de l’immédiat pour lesquels les gens souhaitent solution.

A partir de là il nous faut encrer la campagne dans la société, dans la réalité vécue, au cœur des difficultés des citoyens ; non pas pour leur en parler, ils les connaissent, mais bien plus pour leur proposer des réponses politiques, des perspectives identifiables et dans lesquelles ils se reconnaissent.

Etre capables de porter des propositions de solutions immédiates, dans la circonstance de ce qu’est la société à ce jour, compatibles avec une visée transformatrice de la société propre à notre vocation mais dont on sait qu’elle implique un cheminement plus lointain : voilà le défi de campagne à relever pour rendre durable une réussite à gauche par adhésion du peuple à une visée devenue alors crédible.
N’oublions pas que le 29 mai le peuple a dit NON ça suffit ! mais qu’il n’a pas pour autant d’un coup adhéré à une alternative précise, tout au plus en a-t-il souhaité une.

Etre une gauche de responsabilité et de combat, une gauche constructive, utile et transformatrice , cela suppose d’inscrire toute la démarche dans une stratégie sur l’immédiat, le moyen et le long terme. Il faut parler à toutes celles et ceux qui ont un intérêt à faire cesser le règne de l’argent. Il faut parler au pays, lui parler des solutions pour ce faire. Sur cette base, nombreux sont ceux, désabusés, désespérés ou forts en convictions, qui ont de bonnes raisons de nous rejoindre.

Pour qui s’est attaché à le lire, le programme du parti socialiste, dont il n’est pas avéré que Ségolène Royal le fasse sien, n’est pas qualifiable de libéral. Encore moins coupé des aspirations exprimées par les différents mouvements sociaux ces dernières années. Il fait des sujets concernés les points phares de ses promesses et transpire dans ses annonces sociales du rapport de forces du 29 Mai 2005.

Mais pour le même lecteur, il est vite observé que ce programme ne permet pas d’enclencher une réelle remise en cause du concept libéral aujourd’hui incrusté dans la société et dominant dans son organisation politique, démocratique et institutionnelle marquées par le profond remodelage opéré par la droite depuis 2002.

Il n’apporte donc pas les garanties d’une alternative, fusse-t-elle chargée d’insuffisances. Et pour cause puisqu’il ne fait pas preuve du courage nécessaire aux financements à puiser dans les richesses par une réforme fiscale en conséquence. Il ne vise pas une politique de droite mais ne se donne pas les moyens d’en conduire une de gauche !

L’échéance incontournable du régime solidaire par répartition des retraites, dès 2008, et plus généralement la protection sociale risquent à ce titre d’être les premiers points universels de
désillusion malgré l’engagement de revenir sur les lois Fillons. Le projet socialiste, par refus de financement sur un nouveau rapport capital/travail, est basé sur une étatisation donc auto-financé par la fiscalité individuelle qui déjà écrase les ménages.

Gageons qu’il pourrait en être de même sur les annonces concernant les grands services publics engagés sur la privatisation ou privatisés par la droite.

Ces points de vue étant livrés, je pense que l’erreur serait de raccourcir le propos en « programme socialiste égal social libéral, rien à en attendre ». Ce propos là ne serait en rien mobilisateur et vecteur de rassemblement autour de la candidature de M G Buffet. A l’inverse il encrerait l’idée que nous ne voulons être que contestataires, attitude originale et naturelle de l’extrême gauche, aurait de forte chance de gonfler le vote utile et de nous marginaliser, à plus forte raison si nous en restions à des incantations.

En revanche, la question qui est posée est bien celle du rapport de force à gauche entre les composantes constructives, entre leurs conceptions et leurs choix politiques. Et là ; plus q’un espace, c’est un véritable levier qu’offre la candidature de M G Buffet à disposition de toutes et tous ceux qui veulent, depuis la sensibilité socialiste à celle radicale, changer la donne politique et amener le PS à se réorienter concrètement à gauche. Le poids d’une gauche de transformation sociale peut et doit s’affirmer. Il faut faire saisir sans préjugé ce levier.

La ralliement du PRG de Christine Toubira et du MDC de J P Chevènement, assurent à Ségolène Royal la présence au deuxième tour en lui conférant déjà des obligations. Le spectre du premier tour de 2002, électoralement parlant, s’est éloigné.
Se déplace alors le vote utile. Un grand rassemblement transformateur et constructif à gauche du PS devient à la fois l’élément d’un rapport de force utile au sens de la politique conduite en aval des élections et un élément incontournable et indispensable pour battre la droite au second tour.

Les conditions de ce rassemblement sont à présent créées. En toute lucidité, l’investissement militant dans la campagne doit s’évertuer à lui donner la force nécessaire, tant pour la présidentielle que pour les législatives. Pour notre part, nous communistes, dans le respect des autres composantes, à l’aulne de cette expérience nous devons ainsi, avec notre identité, poser les bases d’une reconstruction de la force politique communiste en mutation sur la manière de parvenir au changement de société, ce qui ne saurait être confondu avec le type de société que nous visons. Ce qui est décisif, c’est en permanence d’ouvrir au peuple les chemins de son implication dans le processus de transformation de la société. Toutes nos forces doivent s’y employer.

Cette ambition suppose une campagne qui investisse tout l’espace sociétal et se protège de l’écueil d’une approche et d’un rassemblement limité aux forces sociales, même si leur prédominance est naturelle. L’espace politique est bien plus large, le réduire à cette seule vue amenuiserait la perception et nombreux sont les électeurs potentiels qui ne s’y retrouveraient pas.

Un projet politique doit avancer et mettre en débat des solutions à tous les sujets auxquels est confronté la société. Il doit comporter l’engagement et les moyens de mise en œuvre quitte à graduer la progressivité pour peu qu’elle soit lisible.

Pour autant ce contexte n’est pas à lui seul garant que la droite, sa politique, seront battues dans quatre mois. Il faut y associer une dynamique d’expression forte des exigences sur fond de mobilisations sociales, du même coup aptes à demander des comptes à qui aura bien voulu accéder à une réponse politique en campagne.

Le rôle du syndicalisme se voit conférer l’expression d’exigences, en aucun cas l’acte de leur mise en œuvre, responsabilité politique. Il doit en toute circonstance garder ses mains et actes libres pour préserver sa capacité à faire valoir.

Il est plutôt de bonne augure que les organisations syndicales s’évertuent -et souhaitons qu’elles y parviennent- à activer des mobilisations aussi fortes que lucides autour des aspirations des salariés afin de peser sur le débat politique. Il faut que ces derniers s’imposent dans le débat et forcent les contenus ! Ceci leur permettra alors de se faire juge de l’offre politique, tout en se protégeant de déformations manipulées et en prenant date pour la suite. La droite ne s’y trompe pas, elle qui cherche à désamorcer toutes les inquiétudes.

S’il advenait que le syndicalisme se mette une parenthèse ou vienne à se considérer investi d’un programme politique, il y a fort à parier qu’il contribuerait, sans doute malgré lui, à faire ressurgir une délégation de pouvoir porteuse de désillusions massives dont il serait inévitablement un des premiers éclaboussé. Mais il contribuerait aussi à l’affaiblissement d’options politiques de nature à concrétiser le choix de société propre à ses aspirations.

Il n’est pas neutre mais doit rester lui-même, porteur à tout instant et en toute circonstance, de ses conceptions, comme ses militants à titre individuel, dans leur diversité, restent des citoyens à part entière. Leur engagement à ce titre dès lors qu’il n’engage pas l’organisation ne doit pas poser problème. Le politique a tout à gagner à le respecter comme tel.

Il serait vain pour le politique, à plus forte raison vu la regrettable faiblesse du syndicalisme en adhérents, de vouloir compenser ses difficultés par un infléchissement du rôle du syndicalisme. C’est cote à cote que l’un et l’autre sont efficaces y compris pour prospérer. Amalgamés le périmètre de rassemblement en est réduit pour chacun et la sclérose guette alors les deux.

Engageons nous, donnons du relief à cette campagne. Donnons lui l’image des composantes métissées et cosmopolites de la société. En conjuguant les visions progressistes sur l’immédiat tout en livrant de fortes conceptions alternatives à cette société , menons une campagne tournée vers l’avenir, une campagne qui éclaire ! Nous pouvons redonner du sens à l’espoir, peser efficacement et être utiles au pays, au peuple…Allons y tous, mettons y de cœur, la droite sera battue.

Daniel Geneste

Communiste, Corrèze

Tête de liste aux élections européennes de 2004 7/01/07

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