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Travail, un sur dix en meurt. Le massacre silencieux des migrants

Publie le jeudi 22 janvier 2004 par Open-Publishing

Travail, un sur dix en meurt. Le massacre silencieux des migrants

Au cours de l’année 2002, les accidents du travail ont été au nombre de 65.800,
les accidents mortels sont passés de 111 à 118

Le projet de recherche présenté hier à Rome, préparé par l’Institut Italien de
Médecine Sociale et par "Dossier statistique immigration" de la Caritas, photographie,
même si c’est d’une façon encore floue, le phénomène du risque d’accident dans
les lieux de travail des citoyens migrants.

Les auteurs ont souligné dans la préface du rapport, concernant 2001, ainsi que
dans sa présentation, quelques éléments de manque d’information qui ont amené à collecter
par défaut les données utilisées. Très, trop nombreux sont les travailleurs étrangers
qui - parce qu’embauchés au noir ou en tout cas par crainte de perdre leur emploi - évitent
de déclarer les accidents ou font passer les incidents arrivés comme de simples
maladies. Si on se base sur les données fournies par l’INAIL (Institut national
pour l’assurance contre les accidents du travail : NdT), il y manque toute référence
aux travailleurs intérimaires - au moins 100.000 à l’époque - ainsi qu’aux collaborations
coordonnées et continues (Co.co.co.) (contrats de travail semi-subordonné : NdT).

Et pourtant plus de 641.000 accidents du travail indemnisés en 2001 confirment
deux faits non équivoques : les travailleurs nés à l’étranger sont chargés des
travaux les plus dangereux et, dans le cadre de ces travaux, il sont sujets à un
taux d’accidents plus élevé. En pratique, tandis que parmi les travailleurs italiens
il arrive un accident toutes les 25 personnes au travail, parmi ceux qui sont
nés à l’étranger le rapport monte à 1 sur 10, plus que le double. Le rapport
privilégie une analyse quantitative des données désagrégées sur le territoire,
par pays de provenance et par secteurs d’emploi différents dans le tissu productif.
Il en sort un tableau en partie prévisible : les déclarations d’accidents du travail
sont plus fréquentes dans les zones géographiques où à un marché du travail offrant
des opportunités dans des activités dangereuses s’oppose un système minimum de
protection syndicale effective. Les déclarations diminuent vertigineusement dans
les zones, surtout du Sud du pays, où une grande partie des travailleurs sont
dépourvus de protection réelle.

Un autre élément que la recherche ne manque pas de saisir est l’augmentation,
en valeur absolue ainsi qu’en pourcentage, qui a caractérisé dans les cinq années
1997/2001 les accidents du travail. Une analyse significative par zones ou par
pays de provenance est plus complexe : cela parce qu’au fil des années les niches économiques
occupées en majorité par quelques communautés tendent à changer, de même que
change sans arrêt la composition quantitative des citoyens et des citoyennes
migrants et migrantes sur la base des pays de provenance. Les secteurs où le
taux d’accidents est le plus haut et la différence entre les travailleurs nés à l’étranger
et les travailleurs italiens est la plus nette sont ceux du bâtiment et du travail
des métaux , qu’il suffise de penser que pour ce dernier secteur, tandis que
le taux d’incidence est pour les étrangers de 14,3%, il descend pour les autochtones à 6,4%.

Mais au-delà des froides données statistiques il y a des élément encore plus
dramatiques sur lesquels il est nécessaire de poursuivre la recherche. On manque
de données définissant d’une façon plus précise la typologie des accidents pour
lesquels on demande l’indemnisation. L’incidence très haute du taux de mortalité (un
tous les 500 accidents indemnisés) parle d’elle même. La pénurie d’informations
concernant les droits sur le travail est alarmante : s’y oppose un processus de
syndicalisation en constante augmentation.

Un grand nombre des personnes interviewées pour une recherche réalisée dans le
territoire romain se plaignent de carences qui devraient faire réfléchir. La
complexité des systèmes d’accès à l’assistance sanitaire et les temps d’attente - des
questions qui frappent tous travailleur - s’ajoute à la précarité du droit à la
régularité du séjour, aux problèmes de communication et de culture dans la relation
avec le personnel médical, à une inadéquation structurelle de l’information .

Stefano Galieni

publié par le quotidien Liberazione du 21 janvier 2001

traduit de l’italien par Mc et G.R.

22.01.2004
Collectif Bellaciao