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Grosse pagaille dans les cantines de Drancy

Publie le dimanche 21 janvier 2007 par Open-Publishing

École . La gratuité des repas, décidée sans concertation, a conduit à une nette dégradation du service, fustigent enseignants et parents d’élève.

Réfectoires bondés, files d’attente à rallonge, vaisselle insuffisante, personnels débordés... La mise en place, sans aucune concertation préalable ni mesures d’accompagnement dignes de ce nom, de la gratuité dans les cantines scolaires à Drancy (Seine-Saint-Denis), provoque depuis la dernière rentrée une sacrée pagaille dans les écoles de la ville. Car si le maire (UDF), Jean-Christophe Lagarde, peut se vanter d’avoir réussi son coup médiatique, il n’a semble-t-il guère anticipé l’afflux pourtant hautement prévisible de bambins dans les réfectoires. « Mardi, on comptait à peu près 1 000 enfants supplémentaires dans les cantines, a évalué Thierry Begasse, responsable FCPE. Or, rien n’a été prévu pour faire face à cet afflux. La plupart des écoles manquent de personnels, de places, de vaisselle aussi. Résultat : les files s’allongent et les reprises de cours, à 14 heures, sont souvent perturbées. »

Sur les dents, les agents de cantines ont donc décidé d’une grève, le 29 janvier prochain, qui prendra la forme d’un grand charivari, avec tambours et trompettes, sur la place de la mairie. « Depuis 2001 et l’arrivée du maire actuel, la ville a supprimé 250 postes de fonctionnaires, pointe Henri Tamar, secrétaire général CGT des agents territoriaux. Et les conditions de travail n’ont cessé de se dégrader. » Enseignant au groupe scolaire Salengro-Voltaire, François Chelers, responsable FSU-SNUipp, fustige lui aussi la dégradation du service de restauration. « C’est bien simple : j’ai décidé de ne plus y envoyer ma fille de huit ans », témoigne-t-il.

Sur le fond, enseignants et parents d’élèves se félicitent pourtant que certaines familles modestes puissent désormais envoyer leur(s) enfant(s) à la cantine. Mais regrettent le choix de la gratuité pour tous, qui profite plus encore aux ménages aisés. « Les trois quarts de la population à Drancy payaient le plein tarif, à savoir 3,80 euros par repas, et étaient prêts à continuer de le faire, assure François Chelers. On aurait préféré que cet argent soit réinvesti, par exemple pour améliorer la qualité des repas ou encore étoffer l’encadrement. » Dans un communiqué commun, enseignants et parents d’élèves appellent donc la mairie à mettre en oeuvre « de vraies décisions réfléchies et concertées (...) et non des effets d’annonce qui désorganisent les services publics mis à la disposition des enfants ».

Alexandre Fache

Article paru dans l’édition Huma du 18 janvier 2007.