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ANTICAPITALISTE ET/OU ANTILIBERAL

Publie le dimanche 4 février 2007 par Open-Publishing
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de Michel Peyret

Naturellement , il est évident pour moi que chacun a le droit d’avoir son opinion sur le
libéralisme , le capitalisme et sur tout autre mode d’organisation ou de fonctionnement de la
société , nous débattons .

Si je comprends bien , votre raisonnement peut se rapprocher de celui de Michel Onfray que je
lisais dernièrement . Il disait : "Par ailleurs , cette extrême-gauche plurielle confond capitalisme
et libéralisme . Or le capitalisme est un mode de production des richesses par la propriété
privée , et le libéralisme une modalité de leur répartition par le marché libre .

On peut donc être
, ce qui est mon cas , antilibéral et défenseur du capitalisme ."
C’est limpide . Sauf une chose : ce n’est pas la propriété privée qui produit des richesses , les
richesses sont produites par le travail .
Un jour quelqu’un me donnait cette image : " Ton capitaliste , il peut mettre un tas de billets ,
même un gros tas , sur un terrain . Le lendemain , le tas de billets sera toujours le tas de billets
, il ne se sera pas accru , et au bout d’un mois , d’une année...le tas de billets sera toujours le
même tas de billets .

Pour que le tas de billet prenne de la valeur , il faut une autre intervention
, il faut l’intervention d’un travailleur , Marx aurait dit d’un prolétaire . Donc pour que le tas de
billets prenne de la valeur , il faut du travail . Et le travail n’appartient pas au capitaliste . Alors ,
le capitaliste achète ce que Marx appelle la force de travail . Et cette force de travail a une
qualité , qui n’appartient pas non plus au capitaliste , qui est de produire une valeur qui est
supérieure à la force de travail .

Cette valeur supérieure , Marx l’appelle la plus-value ,
aujourd’hui on parle plus volontiers de valeur ajoutée . Et le capitaliste s’approprie , c’est là où
est le vol , cette plus-value ou valeur ajoutée qui ne lui appartient pas , c’est cela que l’on
appelle l’exploitation capitaliste . Et le capital n’est autre que l’accumulation des plus-values ou
valeurs ajoutées par des dizaines , des centaines , des milliers de salariés qui travaillent un
jour , un mois , une année , des dizaines d’années ... Mais cette accumulation de plus-values ,
aussi importante qu’elle soit , c’est toujours cette capacité du salarié de produire une valeur
plus importante que celle pour laquelle il est rémunéré.

C’est le capitaliste qui s’approprie ce
qui ne lui appartient pas , c’est l’exploitation de l’homme par l’homme , et d’autant plus que le
capitaliste a tendance à rémunérer le moins possible la force de travail , ce qui ajoute à la plusvalue
extorquée .
Voilà ce que la lecture de Marx m’a appris , entre autres , mais qui est capital , sans jeu de
mots .
Alors , je suis contre l’exploitation de l’homme par l’homme , je suis contre le capitalisme et je
milite pour sa disparition qui est le remplacement de l’appropriation privée de la plus-value par
l’appropriation sociale , c’est-à-dire pour le retour à l’ensemble des travailleurs , à la société de
ce qui lui appartient et qui , jusqu’alors , est confisqué par le capitalisme .

Est-ce que ce que je veux dire est maintenant plus clair pour vous ?
Mais , je me répète , clair ou pas clair , tout le monde a le droit de ne pas partager ceci qui est
la base économique du marxisme .
Après , bien évidemment , ce capitalisme évolue . A un moment donné , avec le développement
des marchés financiers , la possibilité apparaît de placer la plus-value que le capitaliste s’est
approprié sur ces marchés où , souvent , la rémunération est supérieure à celle qu’il pourrait
obtenir s’il réinvestissait cette plus-value dans le développement de la production .

Là , nous
sommes entrés dans l’étape du capitalisme financier , un capitalisme spéculatif , parasitaire ,
que d’aucuns appellent libéralisme , sans doute en regard de cette liberté qu’offrent les
marchés financiers de gagner encore plus d’argent aux dépens de la société et de ses besoins
, je ne reviens pas sur l’exemple que j’ai donné avec l’article du Temps .
Alors , et toujours bien évidemment , je suis aussi antilibéral . Donc anticapitaliste et
antilibéral, contrairement à Onfray qui est antilibéral mais partisan de l’exploitation de l’homme
par l’homme .

En tant qu’antilibéral , mais tout ceci est assez schématique , je propose trois taxations , sur
les mouvements financiers , sur les placements financiers et sur les revenus financiers . Cela
peut apporter des ressources déjà considérables aux gouvernements et aux peuples qui le
souhaitent pour répondre aux besoins de la société et ces besoins sont aujourd’hui très aïgus ,
et les attentes de la société sont également fortes , je pense qu’il y a urgence à les satisfaire .

Ce faisant , on ne va pas cependant au fond du problème , on va seulement limiter un peu le
montant des sommes qui vont sur les marchés financiers mais l’exploitation perdurera et la
société n’aura toujours pas la maîtrise totale sur les richesses produites par son travail . Les
membres de cette société demeureront exploités , aliénés , dominés ...

C’est pour cela que je pense qu’il faut aller jusqu’à l’appropriation sociale , c’est-à-dire la
restitution à la société de l’accumulation de décennies et de décennies de production de plusvalue
réalisée par son travail .
Et c’est quand la société a la maîtrise , la pleine maîtrise , des richesses qu’elle produit qu’elle
est véritablement libre et le peuple souverain .

Voilà . Cordialement , M.P.


LA QUESTION DE LA PROPRIETE

Svp , prenez votre temps , nous ne sommes pas obligés de poursuivre à un rythme aussi
soutenu , je suis retraité et j’ai aussi nombre d’occupations et je poursuis des
correspondances sur beaucoup de sujets , je rédige des notes , je fais des exposés , je
participe à des débats ...
Je précise à nouveau que je ne vous ai pas demandé de partager mon opinion en tous
domaines et je me réjouis quand vous me dites prendre plaisir à discourir avec moi , en
conséquence je suppose que vous vous sentez libre d’exposer la vôtre sans que je la partage
nécessairement .

Il convient en effet au départ de savoir ce que l’on met derrière chaque concept et , à l’évidence
, nous n’y mettons pas toujours la même chose . C’est pour cela que j’ai précisé que je me
réclame du marxisme et j’ai essayé de vous exposer ce que j’ai compris de la genèse du
capitalisme , puis de son passage au capitalisme financier...assez schématiquement je vous
l’accorde , mais le seul Capital dont je dispose comprend six tomes , et il y a les autres
oeuvres , plus toute la correspondance , plus Engels ...

Je vous ai dit aussi les taxations que j’envisageais , avec d’autres , concernant le capital
financier n’épuisaient pas la question du capitalisme qui est , de son origine à aujourd’hui ,
l’appropriation privée de la plus-value ou valeur ajoutée produite par la force de travail de
salariés .

La seule façon d’y mettre fin est pour moi l’appropriation sociale qui permet à la société d’avoir
la maîtrise de la richesse qu’elle produit . Je vous ai dit qu’à ma connaissance cette
appropriation sociale n’avait encore jamais existé , ni en France avec les nationalisations qui
n’ont jamais été que des étatisations , ni dans les pays dits " socialistes " où il s’agissait d’une
propriété d’Etat , certains parlent même de capitalisme d’Etat . J’ai également précisé que je
m’inscrivais aussi dans le concept marxiste de dépérissement de l’Etat et d’une 6eme
République qui dépasserait les limites de la monarchie élective que l’on connaît pour aller vers
une nouvelle démocratie , s’étendant aussi à l’entreprise , permettant au peuple d’être
véritablement souverain , y compris donc sur les richesses qu’il produit .

Ceci précisé , il me semble inutile de répéter que cela n’a , à ma connaissance , jamais existé
nulle part . Je souhaite faire du nouveau avec tous ceux qui voudront inventer ce nouveau , et
il faudra que ce soit la majorité du peuple . Son histoire n’est donc inscrite nulle part , et c’est
le peuple français , les autres peuples qui l’écriront chacun à leur rythme , à condition qu’ils
aient véritablement la possibilité d’en décider .

Ce sont d’ailleurs des notions qui viennent du plus lointain de notre histoire , avec des
approches diverses , une importante diversité de courants , le marxisme ayant réalisé pour sa
part le mariage de l’économie politique anglaise , de la philosophie allemande , du socialisme
ou communisme français .
J’ajouterai encore que personne n’a jamais inventé la lutte des classes , elle a seulement été
constatée , formulée pour la première fois en tant que concept en Angleterre , que Marx et
Engels n’ont fait que le reprendre , et que si le concept a voyagé jusqu’à nos jours c’est qu’il
devait correspondre à quelques réalités qui se sont également perpétuées . En tout cas , pour
ma part , j’en vérifie chaque jour les effets , par exemple le fait qu’il y ait 7,5 millions de
Français qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté , qu’il y a maintenant ce que l’on appelle
les travailleurs pauvres , que les couches moyennes se paupérisent mais que , du côté de ce
que l’on appelle les profits , cela va plutôt bien , merci .

Encore un mot concernant la propriété . Je distingue la propriété capitaliste dont j’ai expliqué
la génèse , celle des grands moyens de production , d’échanges , les établissements
financiers, de la propriété individuelle , fruit de l"épargne par exemple , la propriété rurale ou
exploitation agricole dont le nombre diminue sans cesse , il doit en rester 5 à 600000 en France
, et ce n’est pas le communisme qui les fait disparaître , ou encore la propriété de son
habitation , de son logement , commerce , entreprise artisanale , PME-PMI , ...

Alors , je peux très bien concevoir qu’il y ait encore d’autres formes de propriété , et qui
puissent perdurer . Vous me parlez du modèle SAPO , mais pourquoi pas , et il peut
certainement y avoir d’autres formes de mixité . C’est le capitalisme qui supprime toutes ces
formes de propriété comme je l’ai fait remarquer pour la propriété rurale , c’est le capitalisme
qui étend le salariat et qui fait que maintenant en France plus de 90% de la population active
est la population salariée .

Pour ma part , je ne veux rien imposer à quiconque , ou nous ne serions plus dans la société
démocratique dont j’ai parlé et qui établit le peuple souverain . Je suis pour que ce soit le
peuple , c’est-à-dire l’ensemble de la société , qui décide de tout , et ce n’est pas moi seul qui
en inventera les formes , les modalités . J’espère bien toutefois pouvoir , comme je le fais
maintenant , et comme tout un chacun devrait pouvoir le faire , continuer à donner mon
opinion dans des conditions où elle sera prise en compte à l’égal de celle de chaque citoyen .

Cordialement , M.P


DE L’APPROPRIATION PRIVEE A L’APPROPRIATION SOCIALE

Merci pour votre appréciation et , en conséquence , je poursuis .
Oui , aujourd’hui , je suis en opposition avec le capital mais je ne m’installe pas dans la durée .
Mon objectif est d’en finir avec la notion de capital et avec celle de capitalisme qui lui est
associée . Le capitalisme n’a pas toujours existé , d’autres sociétés l’ont précédé , pourquoi
d’autres sociétés ne lui succéderaient pas , faut-il s’inscrire dans la fin de l’histoire ?

Et donc , il ne s’agit pas non plus de refaire ce qui a échoué , ni les nationalisations étatiques ,
ni le capitalisme d’Etat , même si cela a pu porter un autre nom .
J’ai dit quelque part que je m’inscris dans le processus marxiste de dépérissement de L’Etat .
C’est la société qui tend à s’auto-administrer elle-même , y compris à l’entreprise/services . Ce
n’est plus le possesseur de capital qui dirige , le capital en tant que capital disparaît . Nous
sommes dans une autre réalité , il n’y a plus d’exploitation , ni d’exploiteurs .

Il y a toujours des
richesses qui sont produites mais ce n’est plus du capital puisque il n’y a plus de capitalisme
et de capitalistes , c’est tout le système qui est changé . Bien évidemment , c’est tout un
processus , pas un coup de baguette magique . Et un processus à l’échelle de l’humanité ,
chaque peuple avançant à son rythme . Pas un processus linéaire , il y aura des successions
de seuils qui seront franchis , des ruptures successives , des changements quantitatifs et
d’autres qualitatifs . Il faut un commencement , on peut commencer par faire pénétrer les
salariés , d’autres représentants de la société , dans les Conseils d’administration , donc
développer la démocratie dans l’entreprise . On peut accroître la fiscalité , notamment en
visant le capital spéculatif .

C’est la majorité qui décide , c’est la démocratie , encore et
toujours la démocratie . Et pourquoi la richesse produite par le travail de toute la société seraitelle
confisquée à perpétuité par l’appropriation privée ? Ce qui est produit par la société doit
appartenir à la société , l’appropriation sociale succède à l’appropriation privée . La propriété ,
c’est le vol , disait Proudhon . C’est cela qu’il devait vouloir dire , la société était , est toujours
spoliée . C’est à ce vol qu’il convient de mettre un terme . Pas par la force , par la démocratie .
C’est pourquoi il faut aussi une autre République qui étende considérablement la démocratie
afin qu’elle cesse d’être formelle et que le peuple soit enfin véritablement souverain , c’est-àdire
autrement que dans les mots .
Utopie que tout cela ? Oui , jusqu’à ce que le peuple souverain le veuille !

Cordialement , M.P.


ETENDRE LES GRATUITES

Merci pour votre long développement , j’apprécie et je ne sais trop par quoi commencer .
Je n’ai pas à vous donner de conseil mais je veux , je souhaite vous faire part de mon
expérience . Sur ces questions de gratuité , au commencement pour moi , il y a quelques
années déjà , il y a eu la lecture de Sagot-Duvauroux sur ce thème .

Dans le forum que je vous
ai adressé au début , il me semble qu’il y a les références de son ou ses ouvrages , il suffit de
cliquer sur le lien et vous obtenez gratuitement tout l’ouvrage . En fait , il ne s’est pas contenté
du discours , il est passé à l’acte , il a produit un livre et ce livre est accessible à tous sur le net
à condition d’avoir une imprimante . Si vous le lisiez , cela m’éviterait de longs
développements . Pour ma part , cette lecture m’a séduit , un vrai régal intellectuel mais tout à
fait en prise avec la réalité . Cela m’a permis d’appréhender cette question de façon nouvelle ,
avec le seul regret de n’avoir pas été en mesure de parvenir tout seul à cette réflexion créatrice
.

J’étais alors un peu comme M. Jourdain , je faisais de la gratuité sans le savoir . Parce que ce
n’est pas une élucubration , elle existe , nous la rencontrons tous les jours , le seul
questionnement en fait consistant à se demander s’il faut l’étendre ou non . Et , aujourd’hui ,
les gratuités qui existent doivent être protégées des marchands qui ne peuvent supporter que
tels ou tels domaines leur échappent . je pense à l’école , à la santé , par exemple , mais aussi
à l’éclairage public , aux routes avant que l’on invente les autoroutes payantes . Et puis il y a la
mer , l’air , le soleil , la nature , les paysages , aujourd’hui encore gratuits pour l’essentiel ,
mais avec de fortes tendances à la privatisation . Ainsi , par exemple , à Cauterets , c’est
toujours gratuit pour aller au Pont d’Espagne et au-delà . Mais si vous voulez vous rapprocher
et prenez votre voiture , il vous faudra la laisser au parking , payant bien évidemment , payant
aussi pour les cars de tourisme .

Voilà les édiles ne sont pas tous comme ceux de
Chateauroux , ils ont trouvé le biais pour marchandiser le site , même si les touristes
s’acquittent par ailleurs des taxes de séjour destinées à financer certains équipements que la
vocation touristique implique . Ainsi les touristes paient deux fois , il fallait y penser...et celà
fait école ,vous trouverez certainement d’autres exemples , plages payantes , d’autres sites
payants , l’accession à certains lacs naturels et publics , la Dune du Pyla ....

En dehors de ces gratuités naturelles , ou qui devraient l’être , les autres gratuités dont j’ai
parlé ont effectivement un coùt , école , santé ...
En ces domaines la gratuité a correspondu à des besoins du système capitaliste , une maind’oeuvre
instruite et en bonne santé étant nécessaire pour mettre en oeuvre les moyens de
production ou d’échanges . Mais il a quand-même fallu leur forcer la main , rien n’a été
spontané , notamment en ce qui concerne la santé , les conquêtes en ce domaine ayant pour
l’essentiel correspondu à une époque , la Libération , où les forces progressives étaient à
l’initiative . Et il faudra bien qu’elles retrouvent l’offensive et l’initiative si l’on veut que les
nombreux problèmes qui s’accumulent dans notre société , dans d’autres aussi , trouvent une
solution .

Aussi , si vous le voulez , je vais être clair , le développement de la gratuité est pour moi partie
intégrante d’un projet de changement de société , je ne pense pas que ce soit utopique , je me
répète , çà existe déjà , c’est seulement une question d’extension . bien évidemment , il ne
s’agit pas d’imposer quoi que ce soit aux citoyens , il convient que cela devienne pour eux une
exigence naturelle et ce que j’en dis s’inscrit dans cette perspective . Je pense que d’autres
que moi peuvent réagir comme moi à la lecture de Sagot-Duvauroux .

Alors , santé gratuite ,
école gratuite , cela a effectivement un coût pour la société , il faut bien que quelqu’un ou
quelque structure l’assume . Vous avez à ce sujet des réflexions très pertinentes qu’il convient
en conséquence de pousser .
Je lisais il y a quelques jours un article de " Le Temps " , un journal suisse dont je reçois la
newletters . Il était titré : "Le marché financier pèse déjà trois fois plus que le PIB mondial " .
Selon une étude de McKinsey , les actifs représentaient 140000 milliards de dollars en 2005 et
devraient monter à 214000 milliards de dollars d’ici à 2010 . Et l’article posait une question
pertinente :" Comment la valeur des actifs financiers peut-elle être le triple de celle de
l’économie ? ". C’est peut-être la question des questions puisque l’article précisait plus avant
que seulement le tiers de ces sommes considérables étaient investies en actions .

Les deux
tiers de ces 140000 milliards de dollars n’étaient donc pas investis , c’est un capital parasitaire
, mais qui demande sa rémunération en exigeant qu’elle soit supérieure à deux chiffres . Et en
même temps , c’est une belle bulle financière qui peut éclater d’un jour à l’autre et des milliers
de milliards de dollars disparaîtront parce qu’ils ne trouvent pas nécessairement leur
rétribution , ce que Marx appelait la dévalorisation du capital , qui peut se faire sous différentes
formes , qui est une destruction pure et simple de capital , le capital restant pouvant alors
reprendre son accumulation avec les rapports souhaités...jusqu’à la crise suivante ...

C’est pourquoi je préconise , et je n’en suis pas non plus l’inventeur , des taxations suffisantes
sur ce capital financier parasitaire et spéculateur pour qu’elles soient suffisamment
dissuasives , taxations qui pourraient porter à la fois sur les mouvements de capitaux , les
placements financiers et les revenus qui en découlent . Ces taxations peuvent représenter des
sommes considérables et donner aux gouvernements des moyens financiers complémentaires
conséquents , sans parler des autres utilisations possibles de l’argent des budgets . Cela est
possible sans changer de société , c’est ce que préconisent les anti-libéraux , les
altermondialistes qui cherchent à créer pour cela des rapports de forces suffisants sans aller
nécessairement vers la disparition du capitalisme ...

Pour ma part , je pense que si la société veut aller vers la maîtrise totale de la richesse produite
qui , avec le développement de la productivité , croît sans cesse , les services contribuant plus
ou moins directement à cette croissance , il faut en finir avec l’appropriation privée de ces
richesses . Je parle en conséquence d’appropriation sociale , un nouveau concept , qui
correspond à un contenu nouveau qui n’est ni la nationalisation étatique ,ni le capitalisme
d’Etat , mais la maîtrise par la société elle-même du résultat de la production , et peut-être
surtout la maîtrise de la fabrication du produit lui-même , ce à quoi l’écologiste que vous
voulez être ne peut être insensible .

Concept nouveau , là encore il faut d’abord en parler et peu
de monde le fait , ce qui est quand-même curieux quand l’on affirme vouloir changer la vie , ce
qui , à mon avis , n’est vraiment possible qu’en changeant de société , qu’en engageant un
processus de rupture avec le système capitaliste . Vous le voyez , pour ma part , je n’ai pas
renoncé à la révolution , aux différentes formes qu’elle peut prendre , et d’autant moins que
différentes études d’opinion montrent que 61% de Français considèrent le capitalisme comme
négatif , davantage encore chez les jeunes , ce qui est encore plus important si l’on considère
qu’ils sont l’avenir . Ces données sont sans précédent en France et c’est pourquoi je considère
qu’il serait opportun que des forces politiques en ces périodes d’élections mettent en débat
des propositions qui correspondent au contenu de ces études et au vote déjà intervenu en mai
2005 . Pourquoi cela n’est pas le cas , c’est une autre histoire et peut-être aurons-nous
l’occasion d’y revenir .

Cordialement , M.P.

Messages

  • Cette valeur supérieure , Marx l’appelle la plus-value , aujourd’hui on parle plus volontiers de valeur ajoutée . Et le capitaliste s’approprie , c’est là où est le vol , cette plus-value ou valeur ajoutée qui ne lui appartient pas , c’est cela que l’on appelle l’exploitation capitaliste . Et le capital n’est autre que l’accumulation des plus-values ou valeurs ajoutées par des dizaines , des centaines , des milliers de salariés qui travaillent un jour , un mois , une année , des dizaines d’années ... Mais cette accumulation de plus-values , aussi importante qu’elle soit , c’est toujours cette capacité du salarié de produire une valeur plus importante que celle pour laquelle il est rémunéré.

    Petite correction : La valeur ajoutée ne correspond pas à la survaleur ou plus-value.

    Valeur ajoutée : [salaires + cotisations sociales](valeur) + [profit ] (survaleur)

    Il n’y a pas de vol. L’exploitation est tout à fait légale (cf. Misère de la philosophie de Karl Marx). La production de survaleur n’est pas en soi un scandale cela permet un développement par un passage de la quantité à la qualité. L’accumulation capitaliste ne doit pas être considérée comme le seul mode de développement des capacités productives des sociétés. Quel niveau de survaleur et que faire de la survaleur ?
    C’est une question éthique et politique dans les conditions matérielles et spirituelles d’aujourd’hui.

    Claude (PCF Massy)