Accueil > Le peuple qui souffre n’interesse pas les bovéistes

Le peuple qui souffre n’interesse pas les bovéistes

Publie le jeudi 15 février 2007 par Open-Publishing
16 commentaires

Je soumets à votre réflexion cette pensée humaniste de Mme Claire Villiers, membre du groupe CACR et Vice-Présidente à la Démocratie participative de la Région Ile de France, qui fut tête de liste (en dépit des mises en garde de certains camarades) dans les Hauts de Seine, lors des précédentes Régionales, et animatrice aujourd’hui de la candidature de division de José Bové :

" Le peuple qui souffre, le créneau misérabiliste, laissons-le au Pcf."
( Libération 14 février)

Les allocataires du RMI, les chômeurs, les jeunes, les précaires, les sans-toit apprécieront.
Les électeurs trahis également...

On saisit mieux l’intérêt pour les couches populaires de se rassembler autour du vote pour Marie-George Buffet.

Jips

Messages

  • mme villiers a la memoire courte
    si elle est aujourd’hui élue au parlement europeens c’est grace a qui déja ?

    louis coconuts

    • Voilà, José Bové est devant les caméras. Un bien pour un mal. Il est crédité de 3%.

      Ok il va avoir une certaine audience médiatique pendant deux mois. Qu’il en profite bien car après, ce sera silence radio pour lui. Pour la majorité des citoyens, cette tactique est illisible et décevante. La seule manière d’avoir une influence dans le pays c’était de faire bloc et d’obtenir au moins 10%
      Il aurait mieux fait de laisser les coudées franches à MGB afin qu’elle obtienne un score conséquent et un groupe parlementaire à l’assemblée nationale.

      Sans les communistes et le monde associatif, le mouvement alter ne serait rien.
      Il n’a aucun programme crédible. Il va prendre des votes de protestation point.
      Il veut changer les choses ?
      Le vrai pouvoir c’est la bourgeoisie et le monde de la finance qui l’ont.

      Surtout qu’on ne parle pas de misérabilisme. Les communistes, les hommes et les femmes en armes ont toujours lutté contre cette oppression qui rend si misérable. On ne va pas donner des cours d’histoire non plus.

      Relire "Le capital" de Karl Marx

      Le célèbre auteur décrit la transformation de la société anglaise pendant la révolution industrielle. Des millions de gens qui vivaient jusque-là dignement perdent tout en quelques années seulement . Les campagnes se vident. Les artisans doivent abandonner leur métier. La concurrence des usines est trop rude. On se retrouve soit à la rue soit devant des machines.
      On vit salement. Les moeurs se dégradent. On se laisse aller. Pas de perspectives. Pas d’espoir. Les conditions de travail sont déplorables. Pauvreté, précarité, inculture arrivent au grand galop.

      mncds.

    • " Relire " le capital de Karl Marx ?

      Vous êtes bien optimiste. Même chez les communistes très peu de personnes l’ont lu. Beaucoup de gens parlent de Marx sans avoir lu le Capital. Parmi les gens qui disent l’avoir lu une énorme partie ne sait même pas comment il est structuré et la plupart ne connait de Marx que les écrits courts comme "le manifeste du parti communiste" ou "Salaires, prix et profits" .

      Pour vous en donner une petite illustration allez voir l’article de wikipédia sur lui. Pas une citation en bas de page ne provient du "Capital".

      Mais vous avez raison, le lire est essentiel, plus que jamais.

      Christophe Bord

  • Je n’ai pas beaucoup de sympathie pour Claire Villiers, ni pour José Bové, mais s’il vous plait, arrêtons de se balancer tout et n’importe quoi à la tronche. Avant d’être élue sur une liste PCF (en effet, il est bon de le lui rappeller !), Claire Villiers était responsable et animatrice de mouvement de chômeur (AC !), mouvement trés engagé et reconnu sur ces luttes.

    Ne prenons pas comme prétexte les insultes que ces gens peuvent nous balancer, ou le traitement qui nous est réservé sur leurs sites pour nous comporter de la même manière (même si moi aussi j’en ai souvent aussi... on est comme ça les cocos, on a de l’honneur, on accepte pas de se faire trainer dans la boue et foutre de notre gueule).

    Demain, nous aurons MALGRE TOUT besoin de nous retrouver, dans la rue ou ailleurs, pour mener des batailles ensemble.

    Ne l’oublions pas

    Cédric, PCF 93

    • Nous aurons besoin de nous retrouver avec ceux qui nous aurons agonis d’injures pendant des mois ?des clous !Je ne suis pas disposé à me laisser enc..... à sec et en plus d’en redemander !

      Les bovéistes ont franchis la ligne jaune depuis longtemps,Onfray en tête.Chacun ses alliés.

      Quant à la déclaration de Claire Villiers c’est confirmé.Et ses dénégations n’y changerons rien,cela a été dit en public,devant des micros d’une radio locale.Ce qui est dit est dit et si ça les génent nous n’y pouvons rien.

      Jean Claude des landes

    • bien dis JC... il vont venir à la veille des législatives pour nous dire unité unité faut présenter des candidats communs .... ils ne nous la mettront pas deux fois !!! qu’ils montent leur nouveau parti de bobos en mal de frison révolutionnaire si ça les amuse.... nous le frison ne nous a jamais quitté

  • C’est vraiment agréables ! C’est quoi ces vieux raccourcis ! Je poste quasi jamais de messages ( en tout cas jamais publié) mais la faut pas exagérer. Tu poste une info ( à vérifier), c est ton droit mais tu pourrais y rajouter le contexte quand meme ! Mais je respecte et si cette citation reflete le contenu de l intervention de claire villiers, t as bien raison dans faire un article. Par contre ton titre "Le peuple qui souffre n’interesse pas les bovéistes " est ridicule et gerbant. Si claire Villiers pensait cela (?), est ce que cela voudrait dire que tous ceux qui font la campagne bové se foutent de la gueule du peuple. Bel amalgame propagantaire (selon moi) !
    Ciao
    rémy

    • Je ne connais pas Madame Villiers de AC mais je connais Perreux et Braouezec et je te le confirme : les pauvres ils s’en tapent !
      Voir les bonnes (très) relations qu’entretient Braouzec avec le patronat pour la Plaine Saint Denis...C’est sans doute cela une nouvelle façon de faire de la politique...à la Royal !
      Vous noterez qu’un nombre important de syndicalistes de Saint Denis, de tous syndicats, ont constitué un collectif de soutien à MGB sans doute pour remercier Braouezec de sa présence dans les luttes misérabilistes comme la défense des Services Publics...
      Notons que c’est dans la ville de Saint Denis qui’augmentent le plus les violences et que 56% des électeurs inscrits n’ont pas voté à la dernière législative, là également la démocratie dite participative est bien sélective..

      Alain Girard

  • Il est bien évident que Claire Villiers (militante d’Action contre le chômage comme il est rappelé dans un autre commentaire) ne veut pas se démarquer du peuple qui souffre mais prend par là ses distances avec ceux qui n’évoquent la souffrance de notre peuple que pour en faire un effet de tribune (cf l’expression « le discours misérabiliste » qui vient aussitôt après). Ceci dit, elle y va là un peu fort avec MGB, que je ne soupçonne pas de vouloir jouer de ce type d’effets, même si je ne voterai pas pour elle, compte tenu de sa poarticipation à un gouvernement néo-libéral, qui la place très mal maintenant pour se poser en championne de l’antilibéralisme.

    Jean FRANVILLE

  • Je ne sais pas ce qu’a dit Villiers ni si on peut y intégrer les alters et Bové mais cela fait résonner en moi la campagne référendaire.

    Quel mal de chien nous avions à faire décider par ces militants d’aller dans les quartiers populaires !!

    Ils étaient clairement plus à l’aise sur les points de rencontre publics avec une préférence pour le marché où l’on trouve les producteurs bios. D’ailleurs il fallait y aller, ce n’est pas le problême. Je me rappelle très nettement telle ou telle remarque sur un quartier populaire de Limoges où certains proposaient de ne pas aller car le vote Le Pen y était trop important et que ses habitants étaient "irrécupérables".

    Je dois ajouter que les militants communistes autour de la table ont reçu le renfort argumentaire d’un responsable FSU adhérent de la LCR qui a dénoncé cette stigmatisation et d’autres citoyens..

    Jean-Philippe VEYTIZOUX

  • Ecoutez, c’est du pipi de chat les propos de Mme Villiers. On "joue" dans la même cour (PCF,JB,OB,Laguiller, la moitié du PS...), et seul compte le partage des bénéfices, fruit du travail, de la sueur des salariés et tout le respect que la société leur doit.

    Evitons de nourrir des rancunes stériles qui n’apportent rien au débat. Mon seul ennemi, je vais vous étonner, c’est la DROITE et son libéralisme à la con, qui veut qu’on fasse de l’argent avec l’argent, sans se soucier des salariés qui s’emmerdent à aller travailler, non pour le plaisir, mais pour manger.

    • Ecoutez, c’est du pipi de chat les propos de Mme Villiers.

      N’empêche que Bové joue le jeu de la Droite ! et que dire de Michel Onfray !

      Beaucoup de camarades ont joué franc jeu dans les collectifs et on a eu droit à une stigmatisation tout azimut !

      Ce que dit Mme Villiers debout, je peux le dire assis ! Bien des personnes avant elle se sont exprimées dans le même sens, à savoir : s’il n’existait pas de pauvres gens, le PCF n’existerait pas !
      rien que des conneries de ce genre !

      MGB ne tient pas des discours misérabilistes, c’est du concret ! il faut appeler un chat, un chat !

      Il y a de la misère en France ! et vouloir contrer cette misère, est une priorité et un devoir !

      IL FAUT TOUT FAIRE, METTRE TOUT EN OEUVRE POUR QUE SARKO OU BAYROU NE PASSE PAS !

      bien à vous,

      SAB

  • Je ne sais pas ce qu’a déclaré Claire Villiers, ni dans quel contexte... mais je crois incontestable son engagement passé auprès des précaires (cf. "l’invitée de la semaine" dans l’Huma en nov. 2004).

    Si ces propos sont avérés, cela signifierait que ses nouvelles fréquentations ne lui réussissent pas !

    Par contre, le titre de cet article me semble parfaitement s’appliquer à J. Bové lui même, à en juger par sa prestation hier soir sur A2 :

    Bové et de Villers (pas clair(e)) se sont invectivés comme deux vulgaires candidats aux cantonales et, alors que l’ex-leader syndical paysan avait discouru sur les OGM, c’est Marie-George Buffet qui, en fin d’émission, a parlé de la situation précaire que connaissent les petits agriculteurs de notre pays et affirmé que répondre aux urgences sociales, c’est aussi leur assurer un revenu décent.

    Francis G de Quincy

  • Tout d’abord, en tant que communiste, je ne supporte pas le qualificatif “élue grace aux communistes" voire "grace à Marie George Buffet”. Car on pourrait renverser la proposition. Claire a acceptée d’être candidate sur la liste soutenue par le pcf alors qu’elle n’en est pas membre. Elle a, en quelques sorte, apporté un “plus” à la liste compte tenu de son militantisme associatif et politique hors PC. Il n’en reste pas moins qu les voix qui se sont portées sur la liste qu’elle conduisait dans les Hauts-de-Seine sont portées au crédit du parti communiste. Dans ces conditions, comment départager ce qui appartient en propre au pcf et en propre à Claire Villiers. Si être candidat avec le pcf devait se traduire par une obéissance à tout ce que fait le pcf, il faudrait en informer ceux dont on sollicite le compagnonnage...

    Ensuite, je trouve surprenant l’absence de précaution sur la source de l’information. Si Libération écrit que MGB est en difficulté, ce torchon ment. Mais si le même journal écrit que Claire Villiers a dit dans une conversation : “le peuple qui souffre, le créneau miserabiliste, laissons le au PC. On doit faire réver sur une alternative “, alors Libération dit la stricte vérité. Et ce propos extrait d’une conversation à bâtons rompus - et non vérifié - ne mérite même pas un conditionnel (selon Libé, Claire Villiers aurait dit...).

    Sur le fond, maintenant.

    Je suis communiste depuis 33 ans. Je suis né et j’ai été élevé dans une famille pauvre. A titre d’exemples, chez mes parents, il y avait deux chambres pour 2 adultes et 5 enfants.En 1974, nous n’avions toujours pas la télévision. Le téléphone est arrivé en 1977 ; la salle de bain au milieu des années 80. Je crois donc savoir de quoi nous parlons.

    Je confirme donc que la pauvreté et la misère ne peuvent pas être un “fond de commerce” politique. Et que la misère ne se combat pas seulement par “vivre un peu mieux”. Ce qui m’a permis de sortir de cette misère, ce sont aussi des choix et des rencontres :
     la décision de ma mère de me faire étudier le latin qui m’a ouvert à la compréhension de la littérature,
     l’attention que m’ont porté deux professeurs de Lettres classiques, mon prof communiste d’histoire-géo, deux profs de maths ; parmi eux deux militaient au snes, les trois autres au snalc,
     la rencontre avec la bibliothécaire de mon comité d’entreprise qui fut mon mentor d’élu au CE et une véritable initiatrice aux arts et lettres.

    Je ne parle là qu’études et culture. mais elles ont permis que l’argent que j’ai pu gagner ne s’évanouisse pas dans la consommation réclamée par le marché. Et c’est bien en soustrayant ses goûts et ses choix à la logique du marché que l’on a une chance de sortir de la pauvreté.

    Alors, oui, le discours misérabiliste n’est pas un discours anti-libéral ! C’est celui des dames patronesses qui crevèrent les yeux des communards faits prisonniers en 1871 et dont les arrières-petites-filles marchent dans le sillage de la Panafieu en 2007.

  • Mais non Claire Villiers n’est pas comme cela pourtant....
    je viens de trouver cela qui date de janvier 2006, sur le site d’AC à la rubrique accueil.
    Il apparait, en dehors dece qui oppose des militants d’AC entre eux mais qui reste de leur ressort que la description du comportement de C Villiers et des ses amis aurait su nous inquiéter bien avant et si ce qui est décrit ici vous remet des choses en tête...

    La véritable scission dans AC !

    lundi 16 janvier 2006, par Christophe

    Alors que le gouvernement poursuit inlassablement sa politique de stigmatisation des chômeurs et de réduction de leurs droits, le mouvement AC ! (Agir ensemble contre le chômage) connaît sa première réelle scission, après un peu plus de dix ans d’existence pourtant déjà très tourmentée. Cela s’est passé à l’automne dernier (octobre 2005), lors des assises du mouvement, au Mont-Dore, dans le Puy-de-Dôme.

    Evidemment, la situation n’est toujours pas clarifiée et deux secrétariats différents s’affirment « secrétariat des collectifs ». Mais en regardant les choses d’un peu plus près, on se rend compte qu’il y a bien d’un côté un réseau de collectifs réellement existants qui produit des analyses, fait des actions, entretient le site Internet et continue à utiliser les outils historiques de liaison entre les collectifs comme les listes de diffusion tout en assurant une permanence nationale ; et de l’autre une poignée d’individus absents du terrain, communiquant avec la presse et ayant créé d’autres listes de diffusion dont l’accès est soumis à cooptation.

    Mais ce sont ces derniers qui, par leur maîtrise des mécanismes institutionnels, ont pu partir avec la caisse, laissant sans ressources celles et ceux qui continuent à entretenir le réseau.

    Entre ces deux pôles, il y a un ensemble de collectifs qui ne se sont pas positionnés et qui, de fait, se sont repliés sur leur terrain local. Ces assises ont mis fin à plusieurs mois d’échanges de mails au ton parfois blessant entre différentes conceptions de fonctionnement, notamment sur le rôle du secrétariat : fonction technique (rendre compte du courrier qui arrive, assurer le paiement des factures) ou fonction de « porte-parole », de représentation.

    La dernière charte de fonctionnement du réseau des collectifs AC ! avait clairement tranché pour le premier cas de figure, mais, dans les faits, le permanent du réseau se positionnait dans les médias comme porte-parole et prenait les décisions d’engager la signature d’AC ! tout seul, sans en référer au réseau, toujours au nom de l’efficacité et de l’urgence.

    Le trésorier, lui, ne prenait même plus la peine d’assister aux coordinations et conservait chez lui la comptabilité et de nombreux dossiers, entretenant ainsi un climat d’opacité et de suspicion.

    Mais derrière cet antagonisme à propos du fonctionnement d’une organisation, il y a deux conceptions radicalement différentes de l’organisation. L’une est horizontale ; elle tient compte de la multiplicité des points de vue ; les prises de décision, les positions communes y sont soumises à débat.

    L’autre est verticale ; elle appuie sa légitimité sur la représentation ; au nom de l’urgence et de l’efficacité, les décisions y sont prises par un petit cercle restreint (voire une personne) et ne sont pas soumises à débat. C’est sur cette question que s’est structuré l’antagonisme qui a abouti à la scission.

    « Un éloignement provisoire »

    En septembre dernier, les partisans du « centralisme démocratique » ont lancé l’offensive par un texte initié par l’un d’entre eux puis signé par quelques autres. On peut y voir se profiler le putsch. En effet, ce texte propose d’entrée de jeu un vote lors des assises. Or cette procédure est exceptionnelle puisque, historiquement, c’était le consensus qui avait cours dans le mouvement.

    Dans un deuxième temps, le texte propose d’exclure des militants, avec l’emploi d’une novlangue qui fait assez froid dans le dos : « un éloignement provisoire et nécessaire à la clarification, à la reprise d’activités politiques réellement constructives ». Il affirme ensuite la nécessité de nettoyer le local d’AC ! de celles et ceux qui l’occupent indûment, en l’occurrence le collectif AC ! Air libre, qu’il ne nomme pas explicitement mais tout le monde peut le reconnaître.

    L’auteur de ce texte exprime ensuite sa souffrance de ne plus pouvoir assumer de porter fièrement son badge AC ! à cause de la manière d’agir du même collectif (toujours pas nommé). Et c’est sans doute là qu’apparaissent vraiment les choses les plus importantes de ce texte pour situer des enjeux futurs : « Nos relations avec les partenaires et alliés politiques avec qui nous avions coutume d’agir - sur nos positions - sont devenues exécrables. A la fin d’une manifestation (victimes d’incendies dans les immeubles insalubres), un affrontement physique fut évité de justesse avec les membres d’un parti politique - par ailleurs fort critiquable... Ce type de comportement ajoute à notre discrédit déjà grand. » Le parti en question, ce sont les Verts, mouillés en tant qu’élus dans la gestion de l’urbanisme et de l’habitat parisien et attaqués en tant que tels par les militants d’AC ! Air libre, également investis dans un comité des mal-logés en colère.

    On peut poser l’hypothèse, à partir de ce morceau de texte, que la pratique autonome de certains collectifs AC ! gêne les recompositions en cours à la gauche de la gauche, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2007.

    Ensuite, ce texte propose un « retour aux fondamentaux » d’AC ! : la réduction du temps de travail à 32 heures et le droit au revenu, pensé comme réponse à l’urgence mais aussi comme redéfinition de la question du travail. Et celles et ceux n’entrant pas dans ce cadre revendicatif se voient traités de « handicapés sociaux », de « bras cassés radicaux » et de « lumpenproletariat ». Au moins, la conception autoritaire de l’organisation est explicite. Et d’ailleurs, le texte abat ses cartes dans ce sens-là : le secrétariat doit rester dans la capitale. Pourquoi ? « Pour des raisons évidentes ». L’équipe ainsi reconstituée doit pouvoir fonctionner avec efficacité.

    Premier acte à accomplir : assurer la réconciliation avec les associations, syndicats et partis politiques que toutes les pratiques irresponsables ont éloignés du mouvement.

    Ce texte a été signé ensuite par une quinzaine de personnes et a servi de base au putsch, ce qui était sans doute sa fonction réelle, puisque ça n’est pas sa qualité théorique qui en fait l’intérêt.

    L’autonomie des luttes

    Bien que très médiocre, ce texte a provoqué un débat intéressant qui aurait pu permettre de dépasser cette situation si la volonté de débattre avait été partagée.

    Ainsi, une militante d’AC ! 93-Est produit un texte où elle exprime sa conception du fonctionnement d’AC ! : « (...) AC ! doit continuer à être un réseau de collectifs qui grâce à ses luttes spécifiques, selon son lieu, ses moyens et sa réalité du terrain porte les paroles, les revendications des précaires. Plus les luttes se multiplieront, plus tôt nous entrerons dans un rapport de forces conséquent car l’autonomie des luttes n’est pas opposable à l’émergence d’une lutte de classe avec ses propres revendications. » Et elle ajoute : « Pour ceux qui souhaitent entamer un divorce ou une scission présentant certains militants comme les « méchants pauvres » qui ne comprennent rien à la politique, je pose la question suivante : pourquoi présenter les actions menées par « Air libre » comme des actions contreproductives, alors qu’elles ont initié des volontés chez des personnes désabusées et des créations de collectifs ? Les tracts, les discours d’ « Air libre » ont amené une nouvelle génération de militants qui ne croient pas aux orgas classiques et qui n’ont pas envie d’être récupérés. Qu’est-il proposé à l’inverse ? Des relations plus que douteuses avec certaines orgas (Copernic, syndicats, Verts), une signature commune sur un appel à manif, comme si lutter se résumait à faire des alliances de circonstance. A mon avis nos luttes sont ailleurs, là où les institutions travaillent à la radiation des chômeurs en les présentant comme les responsables d’un chômage endémique, partout où l’on fait de nous les coupables idéaux, que l’on soit salariés , RMIste, chômeur, français de souche ou immigré.

    J’ai puisé dans le réseau des collectifs (...) et dans « Air libre » un potentiel riche dans ses expériences de lutte mais aussi dans sa diversité, où des individus par affinité et pour des objectifs communs se regroupent, se solidarisent “pour ne plus courber l’échine sous les coups reçus”. Cette diversité qui est une puissance, une richesse, ne doit pas se transformer en organisation pyramidale avec des têtes pensantes qui sauraient mieux que d’autres ce qu’il faut faire ou ne pas faire. »

    Ces deux textes expriment bien les termes du débat. Or celui-ci n’a pu avoir lieu parce que les partisans du « centralisme démocratique » n’avaient pas l’intention de débattre mais d’imposer leur position.

    Les assises du réseau des collectifs AC ! ont donc eu lieu les 15 et 16 octobre dernier. Anne, qui était à ces assises, raconte : « Certaines personnes présentes étaient des « revenants » dans le sens où cela faisait plus de cinq ans qu’on ne les avait pas vues, ou alors elles étaient inconnues, pour certaines d’entre elles. »

    Le fond des discussions a porté essentiellement sur trois points : la question du secrétariat national (son rôle et qui fait quoi, la question de l’emploi aidé), le fonctionnement interne en réseau (notamment comment et dans quel temps les décisions sont prises), les relations (avec qui et comment on travaille) avec d’autres organisations, et en annexe la question du local national (qui sert de lieu de permanences à la fois pour le national et pour des collectifs locaux) rue Mathis, à Paris.

    Surenchère verbale

    Le soir vers 11 heure, rien n’était réglé. Déjà, depuis la fin de l’après-midi, certains faisaient pression pour qu’il soit procédé à un vote. Il n’était pas question pour eux qu’il y ait un débat sur le fait de voter, alors que cette pratique est quelque chose d’exceptionnel dans le fonctionnement d’AC !.

    Le lendemain, les débat ont repris en plénière sur la question du secrétariat. Certains ont proposé des positions de consensus. Tout de suite ça a été la surenchère verbale. « On arrête les tours de parole, ça suffit, on passe au vote. Ceux qui ne veulent pas voter n’ont qu’à rester dans cette salle, les autres vont dans celle d’à côté. » On s’est retrouvés dans une situation de coupure. Les collectifs qui voulaient voter, ceux qui voulaient le consensus, et d’autres, déboussolés et non mandatés pour voter qui restaient un peu pour écouter et finissaient par partir, écœurés.

    Parmi les « votants », on avait les « sincères » qui pensaient qu’il fallait en finir et trancher, et les autres qui ont magouillé clairement. La confiance a ainsi été votée au salarié, et la défiance au président des Amis d’AC ! (association « couverture » pour les finances du réseau). Un secrétariat a été élu sans que l’on sache quelles tâches il devait effectuer. Un nouveau bureau des Amis d’AC ! a été élu alors que son renouvellement ne figurait pas à l’ordre du jour des assises.

    Les collectifs qui n’ont pas voulu rentrer dans ce jeu ont continué, de leur côté, les assises en faisant le compte-rendu des ateliers du samedi matin et en discutant de ce qui venait de se passer, comment continuer, et avec qui. Un texte collectif a été écrit, « Ensemble », à valider sous huit jours par les collectifs le souhaitant. Une campagne d’action pour le mois de novembre a été alors décidée autour de deux points : le contrôle social et la question du revenu (Unedic). Les bases d’un quatre-pages ont été jetées. C’est un huit-pages qui sera réalisé quinze jours après.

    Il y a toujours eu des tensions très vives dans AC !. Alors, pourquoi ce coup-ci cette situation a-t-elle débouché sur une scission ? Peut- être en premier lieu parce que des personnes, des collectifs n’ont plus accepté qu’il y ait de fait une direction occulte.

    En effet, pendant longtemps, le fonctionnement au consensus a permis une situation assez trouble. Les collectifs étaient autonomes et très hétérogènes. Les assises prenaient très peu de décisions, laissant le champ libre à des « porte-parole » qui faisaient un peu ce qu’ils voulaient selon la règle du « Cause toujours ». C’est pour éviter cela aussi que la fonction de porte-parole avait finalement été supprimée. Mais comme il y avait des pratiques bien ancrées, cette fonction s’était reconstituée de fait à partir de certains permanents.

    Se sentir investi d’un pouvoir de décision

    Pourtant là aussi, avec la décision de recourir à des emplois aidés, il s’agissait de procurer du revenu à des camarades qui n’y avaient pas droit. Ces emplois devaient tourner. Mais le problème, c’est que toutes les personnes présentes aux assises qui ont décidé ces créations de poste n’ont pas compris la même chose.

    La question des permanents a commencé très vite à empoisonner les rapports au sein d’AC !. Le permanent recruté pour une tâche essentiellement technique, la gestion du site web, s’en est tenu à sa tâche, et son travail a fait consensus d’autant qu’il était visible à travers le site web. Il n’en a pas été de même avec les autres permanents. L’un d’entre eux, vivant à Paris, a de fait été identifié par les médias et les institutions comme le porte-parole d’AC !. A partir de là, il s’est senti investi du pouvoir de décision, tout en ne rendant plus compte de ce qu’il faisait. C’est un problème classique que rencontre toute association ayant recours à des permanents. Et quand d’autres militants ont mis leur nez dans ce qui était fait au nom d’AC !, ils sont allés de surprise en surprise.

    Ainsi, le 16 août dernier, des militants d’AC ! Air libre découvrent que le permanent parisien est membre du « comité d’animation du site web de la Lettre de l’insertion par l’activité économique » et qu’AC ! figure dans la liste des « acteurs et opérateurs nationaux de l’insertion ». Réactions immédiates de militantEs : « Nous ne comprenons pas ce que fait AC ! avec tous ces organismes, dont le but est le retour à l’emploi forcé des chômeurs et des RMIstes, le flicage, les petits boulots de merde... Plusieurs de ces organisations esclavagistes ont été occupées par AC ! Air libre, en réaction à la politique d’insertion au niveau national et à celle de la Ville de Paris en particulier. » Quand on sait en plus que les Verts sont mouillés dans tous ces systèmes qui relèvent de ce qu’on appelle l’économie solidaire...

    Autre pomme de discorde : le Forum des luttes sociales (FLS). « Le FLS, écrit une militante d’Alençon, est un état-major à la mexicaine (beaucoup de généraux, fort peu de troupes) censé représenter quelques organisations (SUD, Droits devant, DAL, Confédération paysanne, etc.) et lancer des mobilisations communes. Il n’a jamais rien lancé, mais il permet à quelques personnes de jouer aux chefs et de se donner l’illusion d’écrire l’Histoire. C’est aussi un des lieux du « mouvement social » d’où doit surgir une « gauche de la gauche recomposée » pour les élections de 2007. Le 9 avril, constatant que, sur le terrain, les militants des organisations censées appartenir au FLS ne sont pas informés de leur initiative, les deux marches (Montluçon et Sud-Ouest) estiment nécessaire de publier un communiqué de presse précisant que « Nos marches sont organisées en toute autonomie, par les précaires eux-mêmes » et qu’elles « ne sont nullement organisées ou chapeautées par le FLS ». Ce qui n’empêche pas le FLS d’organiser deux jours plus tard une conférence de presse pour revendiquer l’organisation de ces marches, ni M. (le permanent d’AC !, NDLR) de jeter à la presse cette pensée profonde : « Ça fait longtemps que les mouvements sociaux ont repéré ce qu’on appelle aujourd’hui le « malaise social », et nos marches sont aussi une manière d’agir et de se mobiliser ensemble à partir du local. » »

    La même militante pointe d’autres problèmes de démocratie : signature d’un appel de la fondation Copernic « pour un Grenelle de l’UNEDIC » ; signature avec les associations de chômeurs d’une lettre geignarde adressée aux confédérations syndicales siégeant à l’UNEDIC ; signature d’un texte au côté des Verts du 13e arrondissement dénonçant la politique du logement de la droite après l’incendie d’un troisième immeuble, le 30 août, alors que deux des immeubles déjà incendiés étaient gérés par les Verts par le biais de la SIEMP.

    Ce tract ne met à aucun moment en cause la politique immobilière de la Ville de Paris. D’où les incidents entre des militants d’AC ! à la manifestation qui a suivi.

    Mais ce qui a sans doute été inacceptable pour les putschistes, c’est le refus par les assises d’AC ! d’appeler à voter « non » au référendum, au printemps dernier. Là, ils ont senti qu’ils ne contrôlaient plus l’expression politique d’AC ! Or l’enjeu était de taille, à savoir la recomposition en cours d’une force politique à la gauche du PS, avec comme pilier important la Fondation Copernic et ce qui allait devenir les Comités du 29 mai.

    On retrouve dans cette opération des membres fondateurs d’AC ! comme Claire Villiers, Claude Debons ou Michel Husson. Alors que la décision des assises avaient été prises sans ambiguïté, on avait vu le permanent d’AC !, membre de la Fondation Copernic, revenir à la charge en proposant de signer un texte commun avec l’APEIS et appelant à voter « non » ! Et comme ces gens-là estiment être les représentants du « mouvement social », ils ont bien besoin d’avoir un mouvement de lutte contre le chômage à sortir de leur chapeau quand ils voudront propulser leur candidat sur la scène électorale pour la prochaine élection présidentielle.

    Christophe (Limoges)

    Janvier 2006

  • Mise au point de Claire Villiers

    Nombreux sont ceux et celles qui veulent en rajouter à la division que nous connaissons dans les forces de gauche antilibérales. Libération du 14 janvier puis l’Humanité du 15 février se font l’écho de déclarations que j’aurai soi-disant faites et que tous ceux et celles qui luttent pour éradiquer misère, souffrance, ont reçues comme blessantes. Des centaines de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants survivent dans ce pays dans des conditions intolérables. Cette « souffrance » ne tombe pas du ciel, elle est sciemment organisée par les tenants de la rémunération des actionnaires avant toute autre considération. Elle me met en rage. Toute la culture du mouvement ouvrier, mon expérience syndicale, mes luttes dans le mouvement des faucheurs me font refuser le misérabilisme, me font rejeter avec l’énergie farouche toute attitude qui considérerait les plus démunis comme incapables de se révolter, d’être debout, d’être acteurs de la transformation sociale et politique. Je souhaite que dans leur « diversité » tous les candidats et candidates qui se veulent la voix des sans-voix portent haut et fort cette volonté d’émancipation.

    Claire Villiers 19/02/07