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Collectif - Une école pour tous-tes, Contre les lois d’exclusion

Publie le lundi 2 février 2004 par Open-Publishing

Appel unitaire

Parce que nous luttons pour l’égalité

La loi en préparation visant à interdire à l’école les " signes religieux
ostensibles " est une loi d’exception, construite sur mesure pour exclure
les élèves portant le " foulard ". Même si elle est présentée comme une loi
générale, s’appliquant à toutes les religions, personne n’est dupe : c’est
du foulard dit islamique, et de lui seulement, qu’il est question depuis six
mois. Nous refusons cette hypocrisie, et nous nous opposons à ce projet
liberticide et discriminatoire, qui favorise les replis communautaires et
entretient toutes les suspicions et oppositions artificielles - entre " la
France " et " les immigrés ", entre " la République " et "l’Islam ", ou
encore entre les diverses confessions.

Parce que nous luttons pour le droit à l’éducation pour toutes et tous

Quoi qu’on puisse penser du port du foulard et du refus de l’enlever à
l’école, ce refus ne justifie pas une mesure aussi grave que l’exclusion de
l’école publique. Quelles que soient ses déficiences, le service public
d’éducation est un espace irremplaçable où les élèves peuvent acquérir des
savoirs, des savoirs-faire et des diplômes qui comptent parmi les principaux
instruments de leur émancipation. Le droit à l’éducation pour tous et toutes
est un acquis démocratique auquel nous ne sommes pas prêt-e-s à renoncer,
alors que l’école est elle-même traversée par des problèmes nombreux et
profonds, auxquels il est plus que temps de s’attaquer.

Parce que nous luttons pour la laïcité

La loi envisagée est présentée comme un " rappel " nécessaire des principes
laïques, qui auraient été " oubliés " ces dernières années. Or, la laïcité,
définie par les lois de 1881, 1882, 1886 et 1905 constitue une garantie pour
la liberté de conscience et l’émancipation des hommes et des femmes en
dehors du dogme religieux. C’est une obligation qui concerne les locaux, les
programmes scolaires et le personnel enseignant, et non les élèves. Aux
élèves s’imposent des règles comme l’assiduité à tous les cours ou le
respect d’autrui, mais il n’est pas légitime de multiplier les exigences
pour des jeunes en formation, qui viennent à l’école précisément pour
apprendre, se former et se construire.

Parce que nous nous inscrivons dans les grandes luttes du féminisme

Cette loi est présentée comme une mesure " féministe ", destinée à
promouvoir l’égalité entre hommes et femmes en s’attaquant à un symbole
d’oppression. Or, si nous refusons que des femmes soient tenues de porter le
foulard sous la contrainte, nous refusons aussi que d’autres femmes soient
tenues de le retirer sous la contrainte. On ne s’émancipe pas par la
répression mais par la conquête de droits ; et les grands combats féministes
n’ont jamais pris la forme d’une demande de répression contre des femmes :
c’est pour gagner des droits (celui de voter, de travailler, de disposer de
leur corps) que les femmes ont toujours lutté. Une loi qui pénaliserait des
fillettes et des jeunes filles seulement et seulement celles-ci (car, en
fait, ni aucun garçon, ni aucun homme ne seront frappés par cette loi !),
est un précédent qui, d’un point de vue féministe, n’augure rien de bon.

Parce que nous luttons pour la justice sociale

Ce que nous n’acceptons pas, c’est enfin que la jeune musulmane qui porte un
foulard joue le rôle d’un bouc émissaire, sur lequel on s’acharne pour mieux
oublier les logiques de domination et d’exclusion qui traversent notre
société : libéralisation de l’économie, chômage de masse, précarisation des
salarié-e-s, extension du contrôle social et des logiques sécuritaires,
permanence des discriminations racistes et de l’inégalité sociale entre
hommes et femmes.

Parce que nous sommes résolument opposés à la logique de la répression

Notre combat est un combat démocratique, laïque, et féministe. Nous refusons
qu’il soit assimilé à une démarche intégriste et réactionnaire, que nous
combattons sans ambiguïté. Cette loi est une opportunité inespérée offerte à
tous les réactionnaires de prendre dans le débat public une place que, dans
leur grande majorité, les citoyen-ne-s de France leur refusent.

+++

Le collectif unitaire rassemble des représentants d’associations, des
associations de défense des Droits de l’Homme, des féministes, des
associations de citoyens issus de l’immigration, des associations
musulmanes, laïques et cultuelles, des enseignants, des chercheurs, des
étudiants et lycéens, des gens de toutes professions.
Liste des organisations signataires de l’appel, au 28 janvier 2004 :

ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France)
CEDETIM
CMF (Collectif des Musulmans de France)
Collectif féministe pour l’égalité
Collectif LMSI (Les Mots Sont Importants)
CRLDHT (Comité pour le Respect et la Liberté des Droits de l’Homme en
Tunisie)
DAL (Droit Au Logement)
DIVERCITE
Droit des Femmes Musulmanes en France
Droits Devant !
Etudiants Musulmans de France (EMF)
Féministes pour l’égalité
Femmes Plurielles
Femmes Publiques
FTCR (Fédération des Tunisiens Citoyens des Deux Rives)
IMAN (Initiative Musulmane de l’Agglomération Nouvelle)
Jeunes Musulmans de France (JMF)
JCR (Jeunesses Communistes Révolutionnaires)
Ligue Française de la Femme Musulmane (LFFM)
MIB (Mouvement de l’Immigration et des Banlieues)
MRAP
Oxygène, association des étudiants de ParisVIII
PSM (Participation et Spiritualité Musulmane)
Les Sciences-Potiches Se Rebellent
UNIR

avec le soutien de :
Miguel Benasayag, François Burgat, universitaire, Christine Delphy,
fondatrice de Nouvelles Questions Féministes, Françoise Gaspard, Alima
Boumediene Tiery, députée européenne des Verts, Gilles Lemaire, secrétaire
général des Verts, Noël Mamère, député vert, Jérôme Gleizes, élu vert du 10e
arrondissement de Paris, Sergio Coronado, adjoint vert à la mairie du 14e de
Paris, Suzanne D’Hermies, élue verte du 20e arrondissement de Paris.

Contact : Collectif Unitaire Une école pour tous-tes - Contre les lois
d’exclusion
c/o CEDETIM - 21ter rue Voltaire - 75011 Paris tél. 01 43 71 62 12
cedetim@reseau-ipam.org

Echéances :

4 février 2004 à 20h : Grand Meeting du Collectif unitaire, au théâtre du
Trianon à Paris, en présence de responsables associatifs, politiques et de
nombreuses personnalités.

4 février 2004 à 17h : Rassemblement devant l’assemblée nationale, place
Edouard Herriot à Paris. En parallèle, de nombreux rassemblements seront
organisés en Province.

6 février 2004 à 19h : Réunion publique du Collectif unitaire, à la fac de
Paris VIII Saint-Denis.

14 février 2004 : manifestation nationale décentralisée, à l’appel du
Collectif unitaire et des groupes locaux.