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Ce que je crois

Publie le samedi 24 février 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Le 1er mars,, à 19h, Marie George Buffet investit le Cabaret Sauvage, avec des créateurs.(NDLR)

de DANIELLE STÉPHANE

Ici et là on annonce la mort de l’art. La mort de l’art d’hier et d’aujourd’hui, sûrement. L’art évolue avec son temps, comme les sciences, les pensées, les technologies…

Artiste, on ne l’est pas, on le devient. Et ce n’est pas parce qu’un enfant révèle des aptitudes - des « dons » - à chanter, écrire, peindre, sculpter… que l’on doit le qualifier d’artiste.

Devenir artiste, comme devenir homme, cela relève du choix, de l’engagement. La vie nous est donnée, mais qu’en faisons-nous ?

Aujourd’hui, l’art est devenu spectacle où l’on doit être vu, briller plus que les autres. A n’importe quel prix, même celui de son âme. L’âme ? Le mot lui-même n’est-il pas devenu obsolète, scandaleux ?

Au risque de paraître scandaleuse : si créer c’est résister, je fais partie de l’armée de l’ombre, des résistants de l’art, de ceux qui croient à l’homme de chair et d’esprit, et que l’art est affaire de technique mais aussi de spirituel. Cosa mentale, disait Vinci.

Savoir vivre, c’est savoir créer. Etre artiste, c’est suivre le chemin de la connaissance, expérimenter, apprendre à devenir humain, vivant.

Etre artiste, comme être homme, c’est aussi entendre les anciens, accepter sa propre mémoire, ses racines, et construire, au présent, le futur.

Etre artiste, comme être homme, pour moi, c’est avancer en conscience.

Visitez le site de Danielle Stéphane

Photo de Danielle Stéphane, prise par Bernard Laurent.

http://www.sistoeurs.net/ss/article.php3?id_article=268

Messages

  • Connaissez vous le texte "Sortir de l’impasse par la création". d’A. Camus ? ... très actuel !

    Ce texte a été écrit par Albert Camus et reste étonnement d’actualité.
    Prenez le temps de lire . Ce message est là, pour nous, depuis 50 ans : il parle de notre société , il parle de nous, il s’adresse à ce monde du début du 21° siècle.

    Lisez le texte et comparez avec les discours actuels : qui parle "culture" aujourd’hui est traité de "gauchiste" ou d’"élitiste", selon le cas sauf lorsqu’il y a le mot "industrie" avec : (industrie culturelle), alors, on parle commerce ... Les projets électoraux qui nous sont présentés oublient totalement d’en faire un projet , juste parce que les artistes existent depuis 50 000 ans !.


    En voici des extraits :

    En art, la révolte s’achève et se perpétue dans la vraie création, non dans la critique ou le commentaire.

    La révolution, de son côté, ne peut s’affirmer que dans une civilisation, non dans la terreur ou la tyrannie.

    Les deux questions que pose désormais notre temps à une société dans l’impasse : la création est-elle possible, la révolution est-elle possible, n’en font qu’une, qui concerne la renaissance d’une civilisation.

    La révolution et l’art du 20° siècle sont tributaires du même nihilisme et vivent dans la même contradiction. . ... La société de la production est seulement productrice, non créatrice.

    … l’art et la société, la création et la révolution doivent, pour cela, retrouver la source de la révolte où refus et consentement, singularité et universel, individu et histoire s’équilibrent dans la tension la plus dure.

    La révolte n’est pas en elle-même un élément de civilisation. Mais elle est préalable à toute civilisation.

    Elle seule, dans l’impasse où nous vivons, permet d’espérer l’avenir dont rêvait Nietzsche : « Au lieu du juge et du répresseur, le créateur. » ...

    La société industrielle n’ouvrira les chemins d’une civilisation qu’en redonnant au travailleur la dignité du créateur, c’est-à-dire en appliquant son intérêt et sa réflexion autant au travail lui-même qu’à son produit.

    La civilisation désormais nécessaire ne pourra pas séparer, dans les classes comme dans l’individu, le travailleur et le créateur... C’est ainsi qu’elle reconnaitra à tous (et toutes) la dignité affirmée par la révolte. … Toute création nie, en elle-même, le monde du maitre et de l’esclave. La hideuse société de tyrans et d’esclaves où nous nous survivons ne trouvera sa mort et sa transfiguration qu’au niveau de la création.

    ... Un des sens de l’histoire d’aujourd’hui, et plus encore de demain, est la lutte entre les artistes et les nouveaux conquérants, entre les témoins de la révolution créatrice et les bâtisseurs de la révolution nihiliste. Sur l’issue de la lutte, on ne peut se faire que des illusions raisonnables. Du moins, nous savons désormais qu’elle doit être menée.

    Les conquérants modernes peuvent tuer, mais semblent ne pouvoir créer. Les artistes savent créer, mais ne peuvent réellement tuer. … Si, enfin, les conquérants pliaient le monde à leur loi, ils ne prouveraient pas que la quantité est reine, mais que ce monde est enfer.

    Dans cet enfer même, la place de l’art coïnciderait encore avec celle de la révolte vaincue, espoir aveugle et vide au creux des jours désespérés.

    Ernst Dwinger, dans son Journal de Sibérie, parle de ce lieutenant allemand qui, prisonnier depuis des années dans un camp où régnaient le froid et la faim, s’était construit, avec des touches de bois, un piano silencieux. Là, dans l’entassement de la misère, au milieu d’une cohue en haillons, il composait une étrange musique qu’il était seul à entendre. Ainsi, jetés dans l’enfer, de mystérieuses mélodies et les images cruelles de la beauté enfuie nous apporteraient toujours, au milieu du crime et de la folie, l’écho de cette insurrection harmonieuse qui témoigne au long des siècles pour la grandeur humaine. … La beauté, sans doute, ne fait pas les révolutions. Mais un jour vient où les révolutions ont besoin d’elle. ...

    En maintenant la beauté, nous préparons ce jour de renaissance où la civilisation mettra au centre de sa réflexion, loin des principes formels et des valeurs dégradées de l’histoire, cette vertu vivante qui fonde la commune dignité du monde et de l’homme, et que nous avons maintenant à définir en face d’un monde qui l’insulte.

    Albert Camus Extrait de "L’homme révolté", chapitre : Révolte et Art,Création et révolution

    Pour d’autres textes visitez le site http://www.zideesdemars.com/ dans sa rubrique "Art équitable" (Parce que nous avons tous et toutes 50 000 ans de mémoire !) et pour agir , par exemple : http://dracenie.gauchepopulaire.fr/

  • J’ai un peu de rèticence à voir les choses en opposition.

    l’artiste n’est pas un choix de personne, à mon avis, mais il est dèfini tel par son oeuvre. Aujourd’hui ce qui rend l’artiste obsolète c’est que l’on dèfini la personne comme artiste, avant de considerer l’oeuvre. et du coup il y a plein d’artisans, de bons artisans, mais hèlas aussi de mauvais artisans, qui sont donc dèfinis artistes.

    Disons qu pour moi il y a du bon et bel artisanat, qui amène beaucoup de plaisir en musique, en peinture, en sculpture... Et de l’art de temps à autre, art qui se dèfini par "l’objet" avant de se dèfinir par la personne.

    Mais dans la sociètè qui doit monnayer le plus de choses possibles et avec un maximisation du gain, il n’y a plus d’artisans, il n’y a que des artistes. On nivelle donc l’art par le bas.

    Hirondelle